De la «démocrature» au repli tribal, François Boko met à nu le système Faure Gnassingbé

«…Ce que l’on voit aujourd’hui dans le comportement du régime togolais, c’est qu’il est prêt à sacrifier la vie des Togolais pour se maintenir. Ce n’est que la suite logique de ses convictions politiques fondées sur le refus de l’altérité, de la démocratie et de l’état de droit. Pour lui, seul l’outil militaire domestiqué à sa volonté est son instrument de gouvernance, le reste n’est que folklore et habillage pour donner un semblant de vernis à cet instrument de gouvernance que constitue une soldatesque de clientèle d’enfance triés sur le volet pour constituer une milice armée capable de tuer pour le maintenir au pouvoir.» (François Akila-Esso Boko, en avril 2025, dans lesnouvellesdafrique.info.)


Quand François Akila-Esso Boko parle du Togo, quand il parle surtout de sa situation politique plus que catastrophique, on doit l´écouter et le croire. Tout simplement parce que, comme on dit chez nous, il est un fils du terroir. Ou plutôt, il fut un enfant du système à un certain moment de sa carrière jusqu´à la mort de Gnassingbé Éyadéma en 2005. Il aurait pu, comme tant d´autres, profiter de sa proximité tribale d´avec le régime du père, pour aide à consolider celui du fils pour ses intérêts personnels. Mais il choisit le côté du peuple et refusa de cautionner la prise du pouvoir par Faure Gnassingbé dans le sang. Il choisit l´exil, donc le risque de se faire éliminer par les tueurs du camp Gnassingbé, qui le considère désormais comme un traître. Il met justement en relief dans son interview ce volet tribal qui est aujourd´hui le noeud du problème togolais. Faure Gnassingbé est un assoifé du pouvoir, certes, mais sans ces zélateurs radicaux qui considèrent le pouvoir politique comme un bien tribal qu´il faut défendre à tout prix, la situation politique togolaise, dans son ensemble, serait une autre.


Heureusement que les radicaux ne font pas l´unanimité au sein des dignes fils Kabyè qui se considèrent comme des frères et des soeurs des Togolais de tous horizons, qui ont le droit de vivre, non pas comme des esclaves, dans leur propre pays. François Boko, Olivier Amah et tant d´autres constituent l´ossature de ce bloc de citoyens qui savent que compter sur une quelconque appartenance ethnique pour assouvir ses intérêts personnels, est irresponsable et suicidaire pour l´unité du pays. Faure Gnassingbé, qui se savait sans aucune légitimité en arrivant au pouvoir en 2005, surtout après tant de Togolais tués pour lui frayer le chemin du fauteuil présidentiel, est conscient que le Togo constitue aujourd´hui une triste particularité dans la sous-région, pour ne pas dire en Afrique. Et si, comme le rappelle François Boko, «le prince-héritier» togolais, en 2005 déjà, n´était pas très chaud pour une démocratie comme principe de fonctionnement de nos sociétés, rien ne surprend aujoud´hui dans la manière dont Faure Gnassingbé méprise ses concitoyens, en fonçant droit dans le mur, sans égards pour les critiques, les dénonciations de sa politique, et surtout, sans égards pour les désastreuses conséquences pour le pays, qui pourraient en découler. Et le volet tribal, doublé de la violente dimension militaire, dont parle le Saint-Cyrien dans son interview, et qui constitue la branche sur laquelle Faure Gnassingbé est assis, est encouragé, entretenu et financé par ses soins, espérant ainsi conserver le pouvoir ad viternam: «…le reste n’est que folklore et habillage pour donner un semblant de vernis à cet instrument de gouvernance que constitue une soldatesque de clientèle d’enfance triée sur le volet pour constituer une milice armée capable de tuer pour le maintenir au pouvoir.»

Et comme si cette interview-attaque de François Boko, qui n´a fait que dénuder le système Faure Gnassingbé de bout en bout, ne suffisait pas, une autre ancienne cacique d´UNIR, en rupture de ban, Mme Essossimna Marguerite GNAKADE, naguère ministre des Armées du Togo, vient enfoncer le clou en dénonçant la corruption, les violations des droits de l´homme, l´impunité, pour enfin réclamer, ni plus ni moins, un Togo sans Faure Gnassingbé: «…Dans ce contexte d’échec des politiques publiques, de projets avortés, de chantiers inachevés, de détournements de deniers publics, la responsabilité personnelle de Faure Gnassingbé est totale…Le Togo a besoin d’un nouveau départ sans Faure Gnassingbé pour enfin reconstruire une république au service de nous tous.» Nous ne pouvons que saluer le courage, le sens patriotique et surtout la clarvoyance de Madame GNAKADE, une proche, sinon une très proche de la famille Gnassingbé, pour ce verdict sans appel sur la gestion catastrophique du pays sur tous les plans, depuis surtout le début de l´ère Faure Gnassingbé jusqu´à nos jours. Une véritable leçon de morale et de patriotisme à tous ces aventuriers tribalistes, autour du pouvoir, qui considèrent le Togo, ou plutôt le pouvoir politique, comme un bien communautaire qu´il faudrait défendre par tous les moyens, même en allant au génocide.

S´agissant de la résistance contre la dictature de Faure Gnassingbé et surtout contre sa volonté de ne jamais laisser le Togo se démocratiser, en voulant imposer une république sans républicains, des voix, pas des moindres, comme celle de l´ancienne ministre de la défense Madame Essossimna Marguerite GNAKADE, et de François Akila-Esso Boko, s´élèvent, et semblent de plus en plus courageuses. La balle est désormais du côté de l´opposition togolaise, une opposition devenue l´ombre d´elle-même à cause de la terreur, des répressions de toutes sortes de la part du régime, mais à cause surtout de ses divisions. Les leaders de l´opposition devraient mettre fin à leurs différents pour parler enfin d´une voix et mobiliser le peuple. Les jours du régime de Faure Gnassingbé sont comptés. Mais attention, il n´y aura pas de miracle. C´est pourquoi Madame Essossimna Marguerite GNAKADE, avant de conclure sa tribune, on ne peut plus pertinente, avait tenu à avertir: «…face à l’arbitraire, le réveil du peuple est plus que jamais nécessaire. Cet asservissement et cette misère planifiée ne sont pas une fatalité. Ils sont le produit de la résignation collective…La libération d’un peuple est toujours le fruit de son propre courage et de sa lucidité. En tant que mère et membre de la grande famille Gnassingbé, j’ai une responsabilité morale de tirer la sonnette d’alarme, assumant ainsi ma part de vérité…»


Samari Tchadjobo
Allemagne

One thought on “De la «démocrature» au repli tribal, François Boko met à nu le système Faure Gnassingbé

  1. Et papati et patata! … Qu’est ce qui vous reste à dénoncer encore?!… C’est insultant pour tous les valeureux cadres de la nation membres du parti UNIR, quand vous ne parler que d’une seule personne… Si vous avez la population avec vous, nous le verrons dans les résultats des élections locales programmées… Ne venez pas nous dire que les élections sont truquées !

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