Et si le désormais «président» du Togo Jean-Lucien Savi de Tové était plus victime qu’acteur du système Gnassingbé?

«…le fauteuil dans lequel ce vétéran de la politique togolaise a été installé devant les députés et sénateurs en dit long. Faure Gnassingbé Président va-t-il être mis dans ce décor? Pour certains, tout cela est fait exprès pour dévaloriser davantage la fonction présidentielle. En plus, lorsque le Président de l’Assemblée Nationale Kodjo Adedze dit que des médecins assermentés ont vérifié l’état de santé du candidat Savi de Tove, on aura finalement tout compris. On a vu toutes les difficultés du Président pour se tenir debout et les médecins assermentés trouvent que tout va bien. Où ont-ils laissé le serment d’Hippocrate? Triste Togo, où le Président de la République prête serment sans solennité devant les députés et sénateurs (Pouvoir législatif), pendant que le Président du Conseil le fait devant la Cour Constitutionnelle (Pouvoir judiciaire).» (Le Correcteur N°1209 du 05 mai 2025)

Avant d´aborder notre sujet du jour ayant trait au charcutage de la constitution togolaise avec pour conséquence une supposée 5e république, synonyme d´un prétendu régime parlementaire, nous avons cherché à savoir et à comprendre comment les choses marchent, par exemple, en Allemagne, pays également à système parlementaire où il existe un chancelier, chef de l´exécutif, et un président de la république qui n´a qu´ un rôle honorifique. Puisque le nouveau système politique voulu par Faure Gnassingbé pour le Togo, devrait être le même qu´en Italie, en Grande Bretagne et en Allemagne, où on parle du président ou de la présidente du conseil, du premier ministre et du chancelier comme chef du gouvernement. Nous avons surtout voulu insister sur le rôle que devrait désormais incarner le nouveau président de la république togolaise, Monsieur Jean-Lucien Savi de Tové, qui ne devrait, comme en Allemagne, avoir qu´un rôle symbolique.

«Le président de la République fédérale allemande a un rôle essentiellement honorifique, mais n’en demeure pas moins une importante figure morale dans le système politique de l’Allemagne. Tenu à la neutralité politique, il est le garant des institutions de son pays…Contrairement au système français, par exemple, le président n’est pas élu au suffrage universel direct, mais par une Assemblée fédérale (Bundesversammlung). Elle est composée de l’ensemble des députés de la chambre basse du Parlement, le Bundestag, et du même nombre de représentants des Länder élus au Bundesrat par les parlements régionaux… Son mandat dure cinq ans et il ne peut être réélu consécutivement qu’une fois. Frank-Walter Steinmeier, président depuis 2017 effectue son second mandat et devra donc céder sa place en 2027…»


«Comparaison n´est pas raison», dit-on. Certes, la mascarade qui s´est tramée et qui se trame encore au Togo est le fruit de l´initiative d´un homme qui ne peut, qui ne veut s´imaginer une autre vie, en dehors du pouvoir politique. Oui, Faure Gnassingbé était à la fin de son latin, au bout du rouleau, à court d´imagination, quant à comment faire, quant aux subterfuges qui lui permettraient de rester au pouvoir dans l´illégalité, alimentant en même temps l´illusion que son maintien est légal, grâce à un vernis démocratique mal appliqué. Pour ce faire, il fallait procéder à cette acrobatie constitutionnelle qui fait de lui le nouveau chef de l´exécutif, non pas en tant que président de la république, mais en qualité de président du conseil d´un régime parlementaire. Une contorsion constitutionnelle au détriment des intérêts de son peuple, jamais vécue sur le continent. Une procédure unique en son genre, «à la Faure Gnassingbé», qui avait besoin d´une personnalité assez fragile, comme Jean-Lucien Kwassi Lanyo Savi de Tové, pour que le manipulateur en chef soit vraiment le seul maître à bord d´une 5e république factice. Malgré le fait que «ce vétéran de la politique togolaise», qui a connu des hauts et des bas en tant qu´opposant, avant de flirter avec le parti des malheurs RPT-UNIR, soit d´une grande expérience, son âge, 86 ans, devrait être un handicap qui permettrait qu´il puisse être livré, sans aucune résistance, aux caprices et autres manipulations du maître de céans.

À 86 ans, l´être humain, qu´il soit un homme ou une femme politique, qu´il ait travaillé dans une profession libérale ou autre, qu´il vive dans un pays de dictature ou de démocratie, n´est plus forcément le plus jeune. À cet âge, les facultés physiques ou mentales ne répondent plus toujours présentes et on parle de vieillesse; une étape par laquelle tout humain devrait obligatoirement passer, avant de quitter ce monde. Un âge respectable qui est souvent synonyme de perte fréquente de mémoire, qu´on désigne aussi par démence. C´est pourquoi notre question: le président de la prétendue 5e république togolaise, «élu» pour inaugurer les chrysanthèmes, Monsieur Jean-Lucien Savi de Tové, sait-il vraiment ce qu´il fait? Les Togolais ont-ils le droit de le considérer comme un obstacle sur le chemin de la vraie alternance, qui aide Faure Gnassingbé à installer sa 5e république, ou devraient-ils le plaindre? Est-il une victime consentante du système Gnassingbé? En dehors des avantages financiers qui sont, la plupart du temps, mis en avant, pour expliquer le choix du vieil homme, n´y a-t-il pas une certaine humiliation ou un certain manque de considération pour le rang de «président de la république» qu´on veut lui prêter? Voilà des interrogations qui viennent conforter le fait que tout s´est passé dans la précipitation. Après la prestation de serment du nouvel «élu», on le revoit regagner son domicile habituel dans un quartier populaire. Rien n´a été prévu comme nouveaux locaux du président de la république. Et la question que les Togolais se posent aujourd´hui est celle de savoir où travaillera désormais Faure Gnassingbé, le président du conseil à la Togolaise, et où résidera et travaillera Monsieur Savi de Tové.

C´est au vu de toutes ces questions, pour le moment sans réponses, que beaucoup d´observateurs de la dramatique vie togolaise pensent que Faure Gnassingbé s´est servi de lui pour finaliser son coup d´état constitutionnel et concrétiser son rêve d´un pouvoir à vie. De toutes les façons si Monsieur Savi de Tové avait refusé de jouer le jeu ou n´avait pas été disponible, pour une raison ou pour une autre, ils auraient trouvé un autre ou une autre, à la personnalité fragile, un homme ou une femme de paille, au sein de ce gotha de faux opposants et d´ennemis du peuple togolais, engendrés par le régime de dictature, de père en fils, depuis plusieurs décennies. Monsieur Barry Moussa Barqué, président d´un sénat inutilement budgétivore, cité dans plusieurs malversations financières depuis Éyadéma, et ayant joui d´une totale impunité jusqu´à ce jour, n´est-il pas un exemple vivant de ces barons véreux, indéracinables, qui ont juré la perte de leur peuple pour leurs intérêts personnels? Que vivement un mouvement populaire, libérateur, dans un avenir très proche, vienne mettre fin à l´humiliante exception togolaise!

Samari Tchadjobo
Allemagne

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