LE SUFFRAGE UNIVERSEL REFUSÉ AU PEUPLE TOGOLAIS : Stopper l’endettement et préparer la transition de l’après-Gnassingbé

LE SUFFRAGE UNIVERSEL REFUSÉ AU PEUPLE TOGOLAIS : Stopper l’endettement et préparer la transition de l’après-Gnassingbé

14 mai 2025 par Réseau de coordination de la Diaspora Togolaise indépendante

COMMUNIQUÉ DE PRESSE CONJOINT DU 14 MAI 2025 (DOSSIER SUR LE TOGO)

RÉSEAU DE LA COORDINATION DE LA DIASPORA TOGOLAISE INDEPENDANTE (RCDTI) ET

COLLECTIF POUR LA VÉRITÉ DES URNES – TOGO – DIASPORA (CVU-TOGO-DIASPORA)

Contact : [email protected] qui transmettra.

1. INTRODUCTION : UN PUTSCHISTE AD AETERNAM AU POUVOIR AU TOGO ?

Faure Gnassingbé, celui qui unilatéralement s’est imposé en 2005 grâce à un Coup d’Etat militaire à la tête du Togo, avec son système de soutien, expulse le Peuple togolais du jeu politique.

Au-delà d’un bilan, il faut bien faire quelques constats, rappeler des faits, et comprendre comment un tel système se perpétue afin de pouvoir proposer une alternative politique à un système dictatorial et autocratique qui dénie tous droits à ceux qui veulent un futur du Togo sans Faure Gnassingbé. Ce futur est un futur pour un Togo libre, indépendant, économiquement autosuffisant et souverain.

2. LES CONTRADICTIONS INTERNES DU SYSTÈME GNASSINGBÉ : NE PAS CÉDER À L’IMPROVISATION

Comme dans toute dictature apparaissent des contradictions internes qui finissent souvent par des dissensions, voire même des dissidences, portées par un ou plusieurs apparatchiks du système, le Togo n’en est pas exempté. En effet, sous la sanglante et féroce dictature militaro-civile, clanique, héréditaire et néocoloniale des Gnassingbé depuis plus de 58 ans, de multiples dissensions ont fragilisé le système en place, pourtant bien huilé.

Nous n’en citerons ici que deux des plus importantes venant directement de la famille présidentielle.

  1. La première fut celle d’Agbéyomé Messan Kodjo, gendre, dauphin et premier ministre du Président Etienne Eyadéma Gnassingbé, président fondateur du régime dictatorial, ayant régné 38 ans d’une main de fer sur le pays.

Premier ministre du 31 août 2000 au 29 juin 2002, Agbéyomé Kodjo fut démis de ses fonctions le 27 juin par Eyadéma apparemment en raison de divergences au sein du RPT mais, en réalité, il entra progressivement en conflit avec le Chef de l’Etat. Dans un article publié dans le journal Le Scorpion, il critiqua sévèrement Eyadéma et prit aussitôt le chemin de l’exil[1]. Il revint dans le pays après la mort d’Eyadéma et garda de bonnes relations avec le système qu’il avait fidèlement servi. Finalement, il se présenta contre Faure Gnassingbé lors de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Mais, la vérité des urnes ne figure pas dans le dictionnaire du système Gnassingbé. Il prit une nouvelle fois le chemin de l’exil, tout en réclamant sa victoire que lui a volé Faure Gnassingbé. Il mourut à Tema au Ghana le 3 mars 2024, officiellement d’une « crise cardiaque », deux mois après son « mentor » Mgr Phillipe Fanoko Kpodzro, sans avoir lui aussi pu regagner vivant sa terre natale, le Togo.

  1. La deuxième est celle que Mme Essossimna Marguerite Gnassingbé Gnakadè, veuve d’Ernest Gnassingbé depuis 2009 et belle-sœur de Faure Gnassingbé, ancienne ministre des armées, qui a adressé au Peuple togolais une déclaration écrite[2] le 2 mai 2025 à la veille du moment crucial de la naissance de la funeste 5e République.

Sa déclaration soudaine et « courageuse » sur la scandaleuse gouvernance de Faure Gnassingbé depuis son accession au « trône » de son feu père Eyadéma en 2005 à nos jours semble avoir émerveillé le microcosme politique et la majorité du peuple togolais, puisque dès le lendemain, de nombreuses organisations de la société civile y compris dans la Diaspora[3], lui ont apporté, dans un communiqué de presse, « leur plein soutien pour sa sortie demandant le départ de Faure Gnassingbé ». Cette demande, venant d’un membre de la famille présidentielle même, est un séisme politique, un « brûlot » placé dans le contexte politique national sous haute surveillance. Évidemment, personne ne veut ni de cette funeste 5e République[4], ni de la soi-disant nouvelle Constitution résultant d’un double coup d’état parlementaire et constitutionnel instaurant un régime parlementaire atypique frisant la dystopie, dans lequel on entend la voix d’outre-tombe de feu Eyadéma recommandant à son fiston de ne « jamais abandonner le pouvoir » !

La « courageuse » déclaration de l’ancienne ministre des Armées a permis de faire l’état des lieux en usant d’une sémantique bien à elle, en tant que citoyenne, femme, mère de famille, membre de la famille des Gnassingbé, mais aussi comme militaire et fille de militaire. Nous aimerions compléter et actualiser cet état des lieux, car, en réalité, il est encore plus sombre, plus dramatique et exige une solution urgente visant à reconstruire le Togo pour tous, sans Faure Gnassingbé. RCDTI et CVU-Togo-Diaspora ont toujours préconisé de ne pas céder à l’improvisation quant à la préparation de la période post-Faure Gnassingbé en offrant de travailler sur un projet de Transition sans Faure Gnassingbé fondé sur des valeurs et une éthique, très élevées ! Les objectifs recherchés qui doivent prévaloir, outre la libération du Togo du joug d’un système de prédation aux dépens du Peuple togolais, c’est l’amélioration des conditions de bien-être de chaque citoyenne et citoyen togolais y compris dans la Diaspora.

3. CONDITIONS DE VIE AU TOGO : AGGRAVATION AU QUOTIDIEN DE LA PRIVATION MATÉRIELLE ET SOCIALE

La raison première de l’expulsion du Peuple togolais dans le choix de ses propres dirigeants se résume à la conservation du pouvoir ad aeternam par le système Gnassingbé.

Mais, la seconde raison est que le bilan politique, économique, social et environnemental de Faure Gnassingbé, après 20 ans au pouvoir sans partage, est marqué par des résistances et des constats de mal-gouvernance générant de l’exclusion et la marginalisation de la très grande majorité du Peuple togolais dans ce qui tient lieu d’espace politique.

Pour ne pas se faire sanctionner par la vérité des urnes, Faure Essozimna Gnassingbé et son système militaro-ésotérique appuyé par des forces étrangères ont choisi de dénaturer le système électoral et de contrôler unilatéralement ce qui tient lieu de jeu et de participation démocratiques. Le peuple togolais dans sa grande majorité y compris les membres de la Diaspora font face :

  • d’une part, à une soumission unilatérale de l’espace politique ; et
  • d’autre part, à des manœuvres institutionnelles et constitutionnelles qui excluent le libre-arbitre de chaque citoyen dans le choix des dirigeants et des politiques d’avenir du Togo. Pour ce faire, le système Gnassingbé divise l’opposition politique, bride la mobilisation citoyenne, contrôle la justice qui refuse de dire le droit, et organise ses propres informations pour mystifier une communauté internationale, coupable d’un soutien tacite, sinon prémédité, grâce à des validations d’élections frauduleuses ou dont les résultats sont organisés par avance. Les dites réformes politiques unilatérales n’ont servi :
  • d’une part, qu’au renforcement du système Gnassingbé et plus particulièrement de Faure Gnassingbé au centre d’un système militaro-exécutif ; et
  • d’autre part, à structurer méthodiquement la limitation, voire l’annulation, de l’influence des contre-pouvoirs citoyens ou politiques. Depuis 2005, le système pervers utilisé, assorti de nombreuses actions de désinformation, se caractérise par Is des intimidations des partis politiques et des organisations de la société civile, des kidnappings et emprisonnements non respectueux de la Constitution et des droits et libertés des citoyens défendant la démocratie que celle-ci est censée garantir, la vérité des comptes publics. La justice, le parlement et bien sûr, l’armée, sont aux ordres du « maître » qui s’assure par des lois liberticides du musèlement des médias indépendants du pouvoir.

Pour vivre au Togo, il faut accepter d’appuyer et de soutenir le système Gnassingbé sinon ce sont des multitudes de brimades et d’ingérences qui polluent le vivre ensemble. Soutien international : La gouvernance de Faure Gnassingbé a bénéficié d’un regain d’intérêt de la communauté internationale, notamment avec la reprise de la coopération bilatérale et multilatérale.

La consolidation du pouvoir s’est accélérée avec une partie importante des recettes des entreprises publiques qui ne sont plus nécessairement enregistrées dans les comptes publics. L’insuffisante transparence des comptes publics et plus particulièrement du budget est manifeste dès lors qu’il s’agit de tenter de faire la lumière sur les recettes tirées du pétrole et des ressources minières et naturelles du Togo. Une immense majorité de citoyennes et citoyens togolais n’a vu aucun impact réel significatif sur l’amélioration de ses conditions de vie au quotidien.

Il suffit de rappeler quelques indicateurs pour mesurer l’amélioration des conditions de vie au Togo. Il suffit de rappeler qu’il y a au Togo une aggravation de la privation matérielle et sociale par habitant. Cela correspond à un indicateur qui se situe généralement en dessous des minimums monétaires établis par l’Etat, et inférieur au seuil de pauvreté. Il s’agit de la pauvreté non monétaire[5], qui analyse les privations matérielles affectant la qualité de vie. Ce concept de « pauvreté non monétaire » permet d’avoir une vision plus complète de la pauvreté en intégrant :

  • d’une part, des aspects qualitatifs qui ne sont pas toujours visibles dans les statistiques économiques ; et
  • d’autre part, des aspects prenant en compte les activités du secteur informel non enregistrées par les statistiques officielles.

4. PAUVRETE MONÉTAIRE ET NON MONÉTAIRE : PLUS DE 20 % DU PEUPLE TOGOLAIS SURVIT AVEC MOINS DE 820 FCFA (SOIT 1,25 EURO) PAR JOUR

En guise d’exemple, un citoyen togolais peut avoir les moyens ou un revenu pour payer ses factures d’eau et d’électricité et pour autant, ne pas bénéficier ni de l’eau de qualité, ni de l’électricité en continu.

Selon les données disponibles de la Banque mondiale, l’indicateur « pauvreté non monétaire » a chuté de 8,2 points en 3 ans, passant de 37,1 % en 2018 à 28,9 % en 2021 et s’est considérablement détérioré, à en croire les réseaux sociaux. Au cours de cette période, le régime Gnassingbé affiche un bilan négatif qui a fait passer la proportion des ménages vivant dans une pauvreté monétaire et non monétaire de 25,3 % à 20 % entre 2018 et 2021. Il convient de rappeler que l’accès à l’assainissement est un droit universel.

Or, au Togo, malgré des efforts budgétaires de l’Etat, et non perceptibles pour les populations, moins de 6 % de la population utilise des services d’assainissement sûrs, ce qui, a contrario, tend à indiquer que 94 % de la population ne dispose pas d’un accès à un système d’assainissement aux normes, d’où les conséquences et effets collatéraux sur la santé et l’hygiène. En effet, selon le Ministère de la santé et de l’hygiène publique[6], le seuil de pauvreté prenant en compte les conditions de vie des ménages était de 295 182,1 FCFA par individu et par an en 2021-2022, soit 450,05 Euro par individu et par an avec une augmentation de 7,9 % du seuil de pauvreté entre 2019 et 2022[7].

Le seuil de pauvreté au Togo se situerait autour de 24 598,51 FCFA par mois, soit 37,50 Euros par mois. Le citoyen lambda togolais pauvre, selon les indicateurs du gouvernement togolais, doit se contenter de 820 FCFA (soit 1,25 Euros) par jour pour survivre. Cette pauvreté non monétaire proposée par l’Etat n’est pas corroborée dans les faits. Cette pauvreté est d’autant plus abjecte qu’il est impossible d’imaginer comment on peut vivre en dessous de ce seuil de pauvreté. La réalité est que le système Gnassingbé se contente de transformer ces citoyens en : « quémandeurs », surtout en période électorale, alors que ce sont les droits les plus élémentaires de cette catégorie de la population qui sont bafoués.

En matière d’égalité et d’accès aux soins, plus de 78 % parmi les 20 % de la population classés comme pauvres au Togo rencontrent des difficultés pour accéder aux services de santé, quand ceux-ci sont disponibles. Paradoxalement, plus de 48 % de la population classés comme les « en-haut d’en-haut », autrement dit le « quintile le plus riche » disposant de richesses supérieures à la moyenne, soit 20 % des ménages ou individus ayant les revenus ou patrimoines les plus élevés, rencontrent aussi des difficultés pour accéder aux services de santé[8]. Autrement dit, au cours des 20 ans de Faure Gnassingbé, les services de prévention, de traitement, et surtout d’accès de manière plus équitable aux soins pour tous, ont été organisés de manière à générer une forme « apartheid » social en matière d’accès aux services d’assainissement et aux soins, ce en dépit des incantations des laudateurs traditionnels et affidés du régime dans les médias politiquement corrects et travaillant pour le pouvoir en place.

Au total, ce petit bilan du système Gnassingbé, père et fils, au pouvoir depuis 1967 pose un vrai problème de gouvernance et de mépris du Peuple togolais. Avec le système du fils depuis 2005, la situation s’est aggravée. Il suffit de procéder à un sondage indépendant pour s’en convaincre. Or, dans l’autocratie-présidentielle de la 4e République, et maintenant l’autocratie-parlementaire de la 5e République, il est toujours difficile, sinon impossible d’exprimer la vérité sur le bilan réel du système Gnassingbé en dehors du bilan que ce système fait de lui-même, ce de manière unilatérale. Dans ces conditions il était devenu impératif de changer de République pour que « tout change » alors que « rien ne change » et surtout pour que « tout puisse continuer comme avant ».

5. CINQUIÈME (5e) RÉPUBLIQUE AU TOGO : ATTESTATION DU COUP D’ÉTAT CONSTITUTIONNEL ET INSTITUTIONNEL PERMANENT

En avril et mai 2024, Faure Gnassingbé a imposé un changement constitutionnel unilatéral, ce en tout non-respect de la Constitution de 1992 dans toutes ses trois révisions. Il a fait passer le Togo de la 4e à la 5e République, avec une année de transition. Ce subterfuge anticonstitutionnel et illégal a permis unilatéralement, sans référendum et sans un seul vote du Peuple togolais, de créer un nouveau poste de « Président du Conseil des Ministres » doté de la totalité des pouvoirs régaliens sans limitation de durée. RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA et ses sympathisants ont déposé une plainte en bonne et due forme auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO pour vice de forme, vice de procédure et vice quant au fond avec un non-respect manifeste et flagrant de la Constitution de 1992 dans sa révision de mai 2019.

Autrement dit, il s’agit d’une plainte contre un coup d’Etat constitutionnel et institutionnel orchestré par le système Gnassingbé en utilisant le Parlement godillot, – d’ailleurs sans mandat du peuple lors de la réécriture de la constitution -, comme un instrument de contournement du Peuple togolais pour faire passer le Togo d’un système d’autocratie-présidentielle à un système d’autocratie-parlementaire. Ce système prive le Président de la République de toute initiative et exclut le Peuple togolais du suffrage universel et son droit le plus absolu de choisir ses dirigeants sur une base démocratique reflétant la vérité des urnes.

En aucun cas, le nouveau système parlementaire mis en place au Togo ne saurait être confondu avec les postes de « Chancelier » (en Allemagne) ou de « Premier Ministre » dans les systèmes parlementaires dont le jeu politique est ouvert et non balisé par les militaires. Ainsi, le « Président du Conseil, Chef du Gouvernement » au Togo est une forme nouvelle d’autocratie à vie pour le titulaire. En effet, Faure Gnassingbé a été choisi en catimini par un parlement choisi par lui au sein de son parti UNIR (Union pour la République). Or, quelques semaines avant ce tour de passe-passe juridico-constitutionnel, des élections législatives et régionales sans vérité des urnes ayant fait l’objet de fraudes massives à une échelle jusqu’à présent inconnue étayées par de nombreuses preuves, notamment des vidéos prises sur le fait, élections par ailleurs largement boycottées par l’opposition en rangs dispersés, a permis d’imposer des affidés du système Gnassingbé au cours de succédané d’élections parlementaires et régionales au Togo.

Tout récemment, l’opération a été renouvelée pour choisir un Président de la République du Togo sans réel pouvoir, en la personne de Jean Lucien Savi de Tové, âgé de 86 ans, « élu » comme le nouveau Président du Togo après la nomination de Faure Gnassingbé au poste de Président du Conseil des ministres samedi 03 mai 2025. En matière de renouvellement des cadres le Togo ne brille pas par l’innovation !

Le nom de M. Savi de Tové, candidat unique du parti de Faure Gnassingbé, Union pour la République (UNIR), n’a été révélé que quelques minutes avant le vote par les parlementaires surpris. Le détail du comptage n’a pas été révélé sauf que ce dernier a été « élu » avec 100 % des suffrages, soit à l’unanimité par les 150 membres du Congrès togolais qui réunit les députés et les sénateurs en session spéciale. Les récalcitrants du parti au pouvoir UNIR, ont été priés de s’aligner sur le choix du « Président du Conseil des Ministres ». Par ailleurs, la pseudo-opposition politique déjà réduite à l’état de peau de chagrin lors des élections législatives, a carrément disparu lors de ce vote. Le système Gnassingbé a choisi de les humilier en « offrant » un siège à chacun des dirigeants d’au moins cinq partis de l’ opposition… Au moins deux ont décliné l’offre en ne siégeant pas comme député. D’autres ont accepté pour au moins savoir ce qui « se passe ». La mascarade est donc totale.

Rappelons tout de même que M. Jean Lucien Savi de Tové est considéré comme un homme politique togolais qui a été un ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat dans les gouvernements des Premiers ministres M. Edem Kodjo et de Me Yawovi Agboyibo entre 2005 et 2007. Il a aussi occupé le poste de secrétaire général du ministère des affaires étrangères après le coup d’Etat qui a porté au pouvoir Gnassingbé Eyadéma en 1967. De ce fait, il fait partie de ceux des opposants politiques qui considèrent que l’on peut travailler avec un régime autocrate et dictatorial, avec de nombreux morts et blessés sur la conscience. M. Savi de Tové a pourtant été « condamné » sans de véritables preuves vérifiables par des juristes indépendants. Cette condamnation par la justice togolaise sans séparation de pouvoir entre l’exécutif et le judiciaire a aussi condamné en août 1979, l’ex-opposant historique Gilchrist Olympio, ainsi que quatre autres personnalités à dix ans de prison[9].

Toutefois, au Togo, le fait de faire allégeance ou d’accepter de travailler pour le système Gnassingbé, facilite l’obtention de la « grâce présidentielle » à condition de ne plus gêner le pouvoir en place, ou mieux de travailler officieusement ou officiellement avec le système Gnassingbé et servir faussement de justification de l’existence d’une « opposition politique » au Togo. Cette catégorie d’opposants togolais a été classée par les tenants du parti UNIR comme des « opposants modérés ou constructifs ».

Ce qu’il y a de sûr, aucun n’a modifié la trajectoire du pouvoir autocrate et dictatorial, au contraire, cela a contribué à des scissions profondes au sein des différentes branches de l’opposition effective au système Gnassingbé. Le système du « diviser » ou « acheter pour régner » s’est accompagné d’une multitude d’interdépendances liées à des appartenances fondées sur des liens avec ou entre les familles au pouvoir. Par exemple, des soutiens obtenus grâce des mariages ou des concubinages, des alignements suite à des injonctions au sein des clans, des ethnies ou encore des réseaux ésotériques ou « faussement religieux », ou enfin, grâce à des intimidations des militaires qui offrent la protection et la sécurité rapprochée ou alors la « non-garantie de la sécurité » tout court. Alors, entre la vie et la mort, les choix sont vite faits ! L’opportunisme politique bat le plein au Togo où il est presque devenu un sport national.

6. LE SYSTÈME GNASSINGBÉ BÉTONNE LE POUVOIR : LE PEUPLE TOGOLAIS PRIS EN OTAGE

Le Peuple togolais est pris en otage par un système autocratique et dictatorial qui détourne certains -« femmes » comme « hommes » politiques- des valeurs africaines qui reposent sur le principe de « servir d’abord ses concitoyens » et le remplace par le principe qui s’épanouit dans l’opacité et la loi du silence à savoir : « servir ses intérêts d’abord », quitte à servir d’abord les intérêts du système Gnassingbé. Choisir « d’être » respecté pour la mise en pratique des valeurs ancestrales africaines a été remplacé sous le système Gnassingbé par « choisir d’avoir » et pour certains, « choisir de « paraître » …, souvent à leurs propres dépens, si l’on doit se référer au nombre de morts et disparus qui ont collaboré avec le système Gnassingbé entre 1967 et 2025.

Au-delà de l’indignation et de la honte pour ce pays, le système Gnassingbé a institué le coup d’Etat constitutionnel et institutionnel permanent au Togo. Le passage d’un régime autocratique-présidentiel à celui d’un régime autocratique-parlementaire est une hérésie car aucun régime parlementaire dans le monde ne consacre une « présidence à vie ». Or, le régime autocratique-parlementaire togolais du système Gnassingbé consacre la présidence du Conseil des Ministres comme une présidence à vie. Autrement dit, le système Gnassingbé annonce implicitement que pour changer le Président du Conseil des Ministres, il faudra pour ceux qui souhaitent un changement au Togo, procéder :

  • soit à l’abrogation unilatérale du poste ;
  • soit à la condamnation par la Cour de Justice de la CEDEAO pour vice de forme, vice de procédure et usurpation du pouvoir par un coup d’Etat institutionnel et constitutionnel ;
  • soit à l’élimination sans ou avec effusion de sang de celui qui occupe le poste.

Les tenants du parti UNIR de Faure Gnassingbé sont-ils réellement conscients de l’impact stratégique de l’annulation du choix direct du Président du Togo par le Peuple togolais, même si chacun sait qu’au Togo, aucune proclamation des résultats de vote au suffrage universel n’a reflété la vérité des urnes.

Faut-il alors considérer l’analyse de Mme Essossimna Marguerite Gnakadè, ancienne Ministre des Armées du Togo sur le bilan négatif, voire toxique, du système Gnassingbé à laquelle elle a largement contribué en tant que partie prenante comme membre du gouvernement, comme une des nombreuses initiatives pour « un nouveau départ sans Faure Gnassingbé pour enfin reconstruire une République au service de nous tous[10] » ? A l’épreuve des faits concrets les citoyennes et citoyens togolais seront vite fixés.

Il leur reste à espérer qu’il ne s’agit pas d’une énième forme de « diversion » et de « déstabilisation » ou d’une entrave à la lutte et à la résistance au long cours du Peuple togolais. Il faudra donner des gages au Peuple togolais, et cela ne peut se limiter à une indignation écrite sur le bilan de Faure Gnassingbé et son système avec en filigrane des conflits familiaux et internes au sein du partir UNIR. Les personnalités et citoyens qui se battent pour des alternatives au système Gnassingbé continueront leur travail de fond et ne pourront pas tomber dans la diversion, encore moins à l’hypocrisie des premiers actes posés par la 5e République :

  • nommer un ancien « opposant modéré reconverti en Président sans pouvoir » ; et
  • convertir un Président de la République autocrate ou dictateur (-c’est selon-) en Président du Conseil des Ministres alors que ce sont des groupes de militaires qui ont choisi, par un coup d’Etat sanglant en 2005, d’imposer Faure Gnassingbé au Peuple togolais, en tout non-respect de la Constitution de 1992.

Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’une très grande majorité du Peuple togolais a toujours dit « non » à la manipulation constitutionnelle, et n’a jamais changé d’avis. Le silence des cimetières imposé par les sévices et exactions des services de renseignements de Faure Gnassingbé, les bastonnades et les embastillements n’y changeront rien. Les actions de résistance continueront sous toutes les formes pacifiques malgré les intimidations et les lois liberticides. Au regard du bilan négatif de Faure Gnassingbé et de la violente charge portée contre le principal responsable de ce désastre national le 2 mai par l’ex-ministre des armées, Mme Marguerite Gnakadè, le Peuple togolais, dont le « cœur soupire vers la liberté » serait curieux et intéressé de connaître la réaction actuelle des militaires qui ont porté au pouvoir ce fils à papa, ex-ministre de l’Équipement, des Mines et des Postes et Télécommunications ! Laisseraient-ils une très grande majorité du Peuple togolais au bord de la route de la prospérité partagée ? Ne sommes-nous pas tous des enfants de la Mère Patrie ?

7. MONARCHISATION DE CASTE AU TOGO : CONCENTRATION EXTRÊME ET UNILATÉRALE DU POUVOIR EXÉCUTIF

RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA ont toujours considéré qu’il fallait de toutes les façons se préparer à l’échéance de l’après Faure Gnassingbé et son système. La proposition adressée à tous ceux qui épousent l’urgence de faire évoluer le Togo vers un nouveau chapitre fondé sur des valeurs fonde l’unité d’action. Pour ce faire, il importe d’organiser des conférences inclusives afin de proposer un « projet de transition politique[11] », une véritable troisième voie qui ne pourra pas se faire dans l’improvisation, au risque de « casser beaucoup d’œufs » sans pouvoir faire d’omelettes. Cette approche permet d’ouvrir le débat sur la préparation d’un « Projet de société commun » au Peuple togolais, ce avec les apports constructifs de toutes bonnes volontés et une acceptation d’un principe de décision démocratique basé sur une majorité qualifiée. RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA ainsi que d’autres entités de la société civile togolaise sont dans cette démarche. C’est ainsi que nous pourrons toutes et tous, sans exclusion, contribuer à bâtir la Cité commune, l’avenir du Togo, sans Faure Gnassingbé.

Le temps long de justice finira par faire jaillir la vérité, surtout si le Peuple togolais ne se détourne pas de la lutte permanente pour la liberté, l’indépendance, la justice et le respect des droits humains. Tous les partisans d’une alternance politique au Togo doivent se joindre à la marche de protestation du 17 mai 2025 initiée et organisée par la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), une des coalitions de l’opposition togolaise, pour contester les conditions d’arrimage de la 5e République du Togo qui exclut le Peuple togolais de son droit à choisir librement ses dirigeants et son système de gouvernance.

Mme Brigitte Kafui Adjamagbo, Présidente de cette coalition[12], appelle à la résistance avec une mobilisation populaire massive afin que chaque parcelle citoyenne du Peuple togolais y compris dans la Diaspora, puisse indiquer sa désapprobation de l’usurpation de la souveraineté nationale par le système Gnassingbé, avec en filigrane l’exigence d’un retour à l’ordre démocratique, grâce à la promotion et au strict respect de la vérité des urnes. Pourtant, le Togo sous le système Gnassingbé n’a démontré que sa capacité à faire vivre une « démocrature[13] ».

Le 3 mai 2025 est devenu la date de négation de la volonté du Peuple togolais avec l’instauration de la 5e République en remplacement de la 4e République promulguée par la Constitution de 1992 votée à plus de 98 % par le vote du Peuple togolais lors du référendum d’adoption. Le problème du Togo est toutes les institutions du pays, notamment l’armée, le parlement (députés et sénateurs) ainsi que la justice, sont instrumentalisés au service exclusif du système Gnassingbé que représente Faure Gnassingbé et dont il constitue la clef de voûte.

Il est donc question d’établir un nouveau poste de « Président du conseil » sans avoir recours au suffrage universel direct, ce qui est dénoncé ici comme une insulte au Peuple africain. Avec des institutions au service du système Gnassingbé et une nouvelle constitution taillée pour permettre à un Président du Conseil, Chef du Gouvernement, d’être renouvelable à vie, le Togo vient d’inaugurer un régime fondé sur le pouvoir d’une minorité oligarchique excluant la majorité du Peuple togolais du jeu politique inhérent à toute véritable démocratie. En effet, le Président de la République est dénué de tous pouvoirs dans la nouvelle Constitution du 6 mai 2025[14] dite « Loi n° 2024-005 du 6 mai 2024 ». Tous ses pouvoirs sont transférés au Président du Conseil, Chef du gouvernement selon l’article 50 de la nouvelle Constitution togolaise.

La nouvelle Constitution du Togo instaure une concentration extrême et unilatérale du pouvoir exécutif en supprimant le rôle décisionnel du Président de la République, désormais honorifique, au profit du Président du Conseil des ministres, qui détient l’essentiel des prérogatives militaires, gouvernementales, législatives. Bref, le peuple togolais se voit imposer un Président du Conseil qui dispose de la totalité des pouvoirs régaliens sans possibilité de contrôle par des contre-pouvoirs.

Il s’agit clairement :

  • d’une monarchisation de caste travestie par le biais d’un coup d’État constitutionnel avec comme objectif affiché de centraliser à l’extrême le pouvoir en neutralisant toutes formes de contre-pouvoirs, institutionnels, militaires, d’opposants politiques, de citoyens de la société civile… ; et
  • une dictature-parlementaire ou une autocratie-parlementaire avec des mécanismes travestis d’élections et de contrôle faussement démocratiques, avec en filigrane, la neutralisation de la capacité des institutions à garantir un équilibre des pouvoirs ou même une séparation des pouvoirs.

Toute mobilisation pacifique du Peuple togolais devra se faire dans le cadre d’un marathon démocratique avec l’une des prochaines séquences prévues comme une marche de protestation le 17 mai 2025 à l’initiative de la dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP[15]), si le système Gnassingbé ne s’organise pas à nouveau pour empêcher sa tenue et l’expression de la volonté populaire. L’autre problème est que les années du système Gnassingbé au Togo se sont soldées par une expansion exponentielle de la dette togolaise sans création de valeurs ajoutées et de richesses partagées avec le Peuple togolais. Avec la monarchisation de caste du système Gnassingbé, la concentration extrême et unilatérale du pouvoir exécutif signifie que la mauvaise gouvernance togolaise et la dette structurelle risquent de continuer.

8. MAL GOUVERNANCE AFRICAINE : DETTE STRUCTURELLE COMME BILAN

Le système Gnassingbé, qu’il faut distinguer de ce que le Peuple togolais aurait réellement souhaité comme représentant l’Etat togolais, a choisi d’accueillir du 12 au 14 mai 2025[16], une Conférence de l’Union africaine sur la dette publique africaine en croissance exagérée. Il s’agit de rappeler aux dirigeants africains leur pleine et entière responsabilité dans l’absence de gestion responsable de la dette publique en Afrique.

En effet, la dette africaine n’est que rarement maîtrisée, très souvent orientée vers des investissements de prestige ou improductifs. De fait, elle ne peut servir de levier de croissance économique, d’autant que les fruits de cette croissance sont accaparés par un système militaro-ésotérique avec ou sans un dirigeant civil allergique à l’alternance politique et usurpant les droits des peuples.

Il y a bien sûr des exceptions en Afrique comme Maurice, Cap Vert, Botswana, le Ghana et récemment le Sénégal, suite à une volonté du Peuple sénégalais qui l’a payé au prix fort, avec plus d’une centaine de morts et plusieurs blessés. La dette africaine se résume à la question de l’usurpation du pouvoir par une oligarchie soutenue par des forces publiques et privées extérieures à l’Afrique. Ce pouvoir usurpé ne rend de comptes à personne, encore moins à son propre peuple, souvent martyrisé.

C’est donc bien cette mal gouvernance qui façonne une dette structurelle africaine en croissance régulière. Plus qu’un piège pour les générations futures africaines, il s’agit d’un véritable hold-up des richesses générant des inégalités, des sociétés africaines à plusieurs vitesses fracturées entre l’opulence et l’extrême pauvreté, le tout assorti d’un accroissement des inégalités que l’absence d’une presse libre empêche de mettre en exergue comme cela se doit. Les générations actuelles et futures sont de plus en plus soumises à des diktats d’autocrates irrécupérables s’auto-éternisant au pouvoir sous le faux vernis de processus électoraux falsifiés et opaques, justifiés par des entorses régulières à la Loi fondamentale ou la Constitution du pays et un asservissement de la justice, des militaires et du parlement.

Aussi, pour se maintenir, il faut absolument organiser et assoir la peur, la violence, l’achat des consciences, l’abrutissement des peuples en les occupant avec tout ce qui permet de ne pas mettre en cause les véritables responsables des malheurs du Peuple africain. Même la désobéissance civile, les multiples formes de contestation et de manifestations n’arrivent pas à soustraire du pouvoir des individus et leurs systèmes interdépendants de maillage décisionnels. La dette africaine n’est plus un piège.

C’est non seulement une dépendance néocoloniale orchestrée par un aréopage de colons africains, marionnettes de néo-colons étrangers qui ne sont pas que des Occidentaux. Il suffit donc pour certains dirigeants politiques africains de maltraiter leurs propres peuples pour obtenir le qualificatif d’« hommes forts », le tout en neutralisant toutes les institutions indépendantes de contre-pouvoirs ou d’équilibre des pouvoirs. Les institutions sont priées de se soumettre au pouvoir central.

Les individus téméraires ou courageux font l’objet de délation, souvent par une partie du peuple qui ne comprend rien aux enjeux stratégiques tant la faim, l’ignorance, certaines traditions et l’arrivisme le conduit à rejeter les valeurs de vérité, justice et solidarité qui fonde la société africaine ancestrale. Or, il n’y a pas de société résiliente sans le respect des valeurs du vivre ensemble en paix.

Or, les inégalités qu’engendre la gestion calamiteuse de la grande majorité des dirigeants africains, la langue de bois d’ébène qui les caractérise, les empêchent de comprendre que la dette publique qui ne génère pas de la valeur ajoutée, de l’emploi et du pouvoir d’achat, est un vol qui demeure impuni pour le moment. Pour que tout change et que rien ne change, il faut nécessairement éloigner du pouvoir les Africains de la Diaspora, sauf s’ils acceptent de servir de soutien inconditionnel au régime en place.

9. LE SYSTÈME GNASSINGBÉ ENDETTE LE TOGO : AUDITER L’ENRICHISSEMENT PERSONNEL AVEC LES AFFIDÉS

Le Togo est un cas d’école qui demeure une énigme en Afrique. Voici un pays qui a connu le premier coup d’Etat africain et qui depuis s’est enfoncé dans la dette. La dictature du père Etienne Eyadéma Gnassingbé entre 1967 et 2005, suivie de l’autocratie-militarisée du fils Faure Essozimna Gnassingbé de 2005 à nos jours se sont perpétuées grâce à une dette exponentielle qui a conduit le Togo à perdre son statut de pays s’orientant vers des politiques de non-alignement et de neutralité entre 1960 et 1963, pour adopter un statut de pays aligné sur le système Françafrique fondé sur le règne de militaires dissimulés derrière des personnalités civiles faisant office de « véhicule marketing ».

Or, tout ce système Gnassingbé fonctionne comme une courroie de transmission de la défense des intérêts étrangers, non sans accrochages réguliers où une partie du Peuple togolais qui manifeste son indignation et sa soif de la vérité des urnes et des comptes publics, sert de faire valoir mais reste délibérément écarté de la redistribution des forces et des richesses du Togo. La redistribution des richesses s’opère aux dépens du Peuple togolais qui s’appauvrit, perd en pouvoir d’achat et surtout ne dispose plus de marge et d’espace de liberté pour exprimer sa soif de la vérité des urnes pour retrouver sa liberté.

Pour s’en convaincre, il faut rappeler que La population du Togo est estimée à 9 721 608 habitants en 2025 avec une croissance démographique annuelle d’environ 2,17 %, avec une densité de 179 habitants par km² et avec près de 66 % de la population vivant en zone rurale[17].

Selon la prudence qu’impose toute analyse sérieuse, il importe d’abord d’éviter de ne se fier qu’aux rapports d’autosatisfaction du Gouvernement Gnassingbé sur la dette sans possibilité de vérification indépendante contradictoire. Sur la base de plusieurs recoupages d’informations et des chiffres du Fonds monétaire international[18], la dette publique totale du Togo en 2025 est estimée à 2 397 FCFA, soit 3,654 milliards d’Euro. Avec une population estimée sans la grande majorité de la Diaspora togolaise à environ 9,7 millions d’habitants, la dette par habitant serait donc d’environ 247 113 FCFA par habitant, soit environ 376,75 Euro par habitant. Le ratio de la dette publique en 2025 est estimé à 66,9 % du PIB[19].

Le problème est qu’en 2005 à l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir dans le sang, cette dette publique totale, représentait 82,3 % de la richesse enregistrée du Togo[20] (Produit intérieur brut (PIB), soit environ 1,736 milliards de dollars américains ($EU), soit 1 139 milliards de FCFA[21].

Le ratio de la dette en 2005 était de 63,08 % du PIB alors que la dette par habitant s’élevait à 273 EUR, soit 340 $EU, soit 179 088 FCFA. Pour mémoire, cette dette était en augmentation accélérée déjà car elle n’était que de 266 $EU en 2001[22], soit une accélération déjà sous la fin de règne du Père Eyadéma Gnassingbé. Autrement dit, Faure Gnassingbé n’a rien fait pour faire baisser la pression de la dette sur le Peuple togolais. Au contraire, il l’a augmentée sans que les résultats tangibles apparaissent en termes d’amélioration du bien-être pour une grande majorité du Peuple togolais. C’est le bilan de la prévarication restée impunie du fait de l’omerta, la peur, les violences, les dénis de droit et de justice, et surtout la non-transparence !

Le bilan de Faure Gnassingbé se résume à une gouvernance d’accaparement des richesses et de dissimulation des recettes publiques dont celles du Pétrole entre autres. Il s’agit d’une gouvernance de l’endettement du Peuple togolais en toute impunité. Au lieu d’avoir augmenté le pouvoir d’achat des citoyennes et citoyens togolais en réduisant les inégalités et augmentant les emplois décents, Faure Gnassingbé et son système d’usurpation des richesses du Peuple togolais ont réussi le tour de force de faire passer la dette de chaque togolais de 179 088 FCFA à son arrivée au pouvoir en 2005 à 247 113 FCFA par habitant en 2025.

Face à un tel bilan, tout démocrate démissionne et sort par la grande porte en organisant des élections transparentes et sécurisées fondées sur la vérité des urnes, sans oublier de faire son propre bilan en mettant à disposition les comptes publics qui peuvent être vérifiés par des sources et experts indépendants. Or, Faure Gnassingbé est tout sauf un démocrate. Il n’a jamais vu de « rapport », encore moins de corrélation, entre la vérité des urnes et le poste qu’il occupe de manière anti-constitutionnelle et illégale comme Président, que ce soit à la tête de la République ou à la tête d’un Conseil.

Son régime, comme celui de son père avant lui, est un régime d’autocratie et de dictature enrobées dans un brouillard évanescent de processus électoraux excluant systématiquement la vérité des urnes, donc tous entachés d’illégalité et anticonstitutionnels, mais paradoxalement soutenus par des forces privées et publiques étrangères qui y trouvent leur intérêt au point de le soutenir dans son « cinquième » mandat présidentiel illégal et anticonstitutionnel. C’est ce 5e mandat qui est présenté comme un premier mandat sans élection du peuple togolais avec le poste de « Président du conseil des ministres », non sans avoir préalablement éradiqué toutes les possibilités de « capacité de nuisance » du Président de la République dans la 5e République, qui auraient pu lui porter ombrage ou le remplacer. Or, les accords secrets de défense entre la France et le Togo, toujours en vigueur, protègent le Président de la République et non le Président du Conseil des Ministres.

Dans ce jeu trouble et opaque, il n’est pas impossible que celui qui croyait rouler le Peuple togolais dans la farine de manioc, se retrouve lui-même transformé en un plat togolais d’excellence qu’est le « Djékoumé sans « Crabes »» que le Peuple togolais ne manquerait pas de consommer sans modération. Faure Gnassingbé, qui ne se prive pas de recourir régulièrement aux services d’augures, marabouts et autres prédicteurs, ne sous-estime probablement pas les informations des « réseaux sociaux » qui affirment qu’une prophétie aurait été annoncée que le Président du Togo se retrouverait avec sa « tête coupée » suite à un grand trouble.

Or, le Togo dispose aujourd’hui de deux présidents. Le ou les « marabouts » ou « voyants » des réseaux sociaux devraient approfondir leurs « prophéties » pour confirmer ou infirmer ses prédictions et surtout départager les deux Présidents… sur leur « sort » respectif.

10. INÉGALITES CROISSANTES AU TOGO : BILAN DU SYSTÈME GNASSINGBÉ

En économie, l’indice de Gini permet de mesurer l’inégalité de la répartition des revenus ou des richesses au sein d’une population. Il varie entre 0 pour indiquer une égalité parfaite et 100 pour une inégalité absolue.

Le Togo de Faure Gnassingbé a réussi la prouesse d’augmenter les inégalités afin de pouvoir justifier, à partir des informations disponibles de 2021, qu’il a laissé le Togo dans l’état d’inégalité qu’il l’a trouvé en 2005/2006 (voir le graphique ci-après).

Selon les données de la Banque mondiale, il faut croire que l’indice de Gini, – mesurant l’inégalité de la répartition des richesses au Togo avec une inégalité absolue à 100 et une égalité parfait à 0-, est passé de 37,9 en 2006 à 37,9 en 2021[23] (voir Graphique ci-dessus). Autrement dit, Faure Gnassingbé et son système n’ont rien fait pour réduire les inégalités au Togo, au contraire ! Les estimations fournies par Atlasocio pour 2022, tendent à montrer une détérioration avec une chute de 4,6 points, soit 42,5 en 2022[24]. Toutes les informations de terrain estiment qu’en 2024/2025, la situation des inégalités s’est encore détériorée au Togo, avec un rapprochement précipité vers l’inégalité absolue. Les données pour 2023, 2024 et 2025 sont attendues et ne sont pas encore disponibles.

Les données disponibles montrent une répartition inégale des richesses au Togo. Selon la Banque mondiale, la part des revenus détenue par les 20 % les plus riches est estimée à 45,2 % en 2021 contre 6,8 % pour celle détenue par les 20 % les plus pauvres pour la même année[25].

La concentration des richesses, sans ruissellement, ni partage, risque de conduire à des réactions de révoltes imprévisibles d’autant plus que l’accès aux services est limité pour les plus pauvres et la corruption de proximité quasiment institutionnalisée augmente les coûts de transactions au Togo. Cette disparité reflète les inégalités économiques persistantes avec la concentration des richesses chez ceux qui bénéficient ou profitent du système Gnassingbé, avec comme contrepartie, une pauvreté parfois abjecte un accès limité aux opportunités économiques pour les populations défavorisées, laissées pour compte.

En guise d’exemples, en 2024 au Togo, la pauvreté touche 58,8 % des habitants en zone rurale contre 26,5 % en zone urbaine. L’indice de capital humain (ICH) du Togo est de 0,43. L’interprétation de la Banque mondiale est la suivante : « les enfants nés aujourd’hui au Togo ne seront productifs qu’à 43 % de leur potentiel à l’âge adulte, en l’absence d’accès à une bonne santé, à une nutrition adéquate, à une éducation et à une alimentation adéquate… De plus, Les femmes demeurent plus vulnérables, avec un accès plus limité aux opportunités économiques, à l’éducation, à la santé, ainsi qu’à d’autres infrastructures socioéconomiques de base[26] ».

En 2021, le taux de pauvreté est estimé par la Banque mondiale à 124 FCFA, soit 1,91 Euro ou 2,15 $EU par jour (parité de pouvoir d’achat de 2017) et concerne 26,59 % de la population togolaise[27]. Or, l’indicateur « pauvreté non monétaire » en chute libre était de 28,9 % en 2021. Si donc plus de 26,59 % de la population togolaise vivent avec 124 FCFA par jour en 2021, il faut croire que le montant de 820 FCFA par jour en 2021 qui devrait concerner plus de 20 % de la population togolaise est simplement un « vœux pieux ». La réalité est encore plus affligeante pour le pouvoir Gnassingbé qui gagnerait à faire dans la transparence sur ce sujet crucial en actualisant les données avec des expertises indépendantes et fiables. Les données actualisées de la Banque mondiale ne permettent pas de prédire si une partie du Peuple togolais pourrait se révolter avec un taux de pauvreté effectif de moins de 100 FCFA par jour.

Les inégalités au Togo se manifestent surtout dans le secteur de la santé et dans les infrastructures routières. Si l’accès à la santé et aux services essentiels reste limité pour une grande partie de la population, il existe des disparités très importantes qui accentuent le sentiment de marginalisation et d’exclusion d’une partie de la population[28]. Sans aller dans les détails, le secteur de la santé est caractérisé par le manque de personnel médical, le sous-équipement des centres de santé et des hôpitaux, l’exclusion d’une grande partie de la population des soins réservés aux plus nantis qui peuvent se payer des soins dans des cliniques, les inégalités géographiques avec des concentrations dans les grandes villes aux dépens des zones rurales avec un accès limité aux services médicaux et aux médicaments. Il convient de rappeler la réalité de la situation de 55 % de la population[29] qui vit sous le seuil de la pauvreté effective qui est dans l’incapacité se payer des soins médicaux en cas de besoin.

Les inégalités sont encore plus difficiles à accepter en matière d’utilisation des infrastructures routières[30]. Le mauvais état des routes, la floraison de péages sur de nombreuses routes défoncées, de nombreuses routes non goudronnées et sans système d’évacuation et d’égouts. Les conséquences sont désastreuses quand les routes deviennent impraticables pendant la saison des pluies, contribuant ainsi à une perte de performance logistique, des retards pour toute l’économie, et l’isolement des citoyens vivant en zones rurales et zones inondées, ce d’autant que les zones rurales demeurent sous-équipées. La faute souvent à des appels d’offres opaques, aux ravages de la corruption et à un système judiciaire où la séparation des pouvoirs n’existe pas. Pour les agriculteurs et producteurs en zone rurale, c’est une catastrophe car le coût de transport élevé et la perte de temps ne font que réduire leur pouvoir d’achat, sans compter l’augmentation des pertes après récoltes et l’accès difficile aux marchés pour les agriculteurs. La faible performance logistique à l’intérieur du Togo et l’absence d’un système ferroviaire digne de ce nom, freine considérablement le développement économique et accentue les effets sur l’environnement, du fait d’une surutilisation des camions utilisant un diesel polluant. La corruption d’agents assermentés ou non assermentés, pour ne pas dire « informels » rackettant les camions comme les bus de passagers ici et là ne font qu’empirer la situation. Ce sont donc des opportunités économiques qui sont perdues du fait de la gouvernance des tenants du système Gnassingbé.

11. L’UNION AFRICAINE : COMPARER LE SERVICE DE LA DETTE ET LES RECETTES ENGRANGÉES ?

Alors convoquer une conférence de l’Union africaine au Togo, le pays où la dette n’a fait que s’accroître exponentiellement, ce aux dépens des populations togolaises, est une injure au Peuple togolais. De quelle « gestion responsable » de la dette publique parle-t-on au Togo ? A moins que le cas du Togo ne serve d’exemple de ce qu’il convient de ne pas faire ?

L’Union africaine se garderait bien d’avancer vers des positions communes des Etats africains vers une gestion plus équitable et durable de l’endettement en prenant exemple sur un pays comme le Togo. Au contraire, l’Union africaine, si ses responsables ont du courage et de l’audace, ferait mieux d’éviter d’avoir une position commune, mais des positions différenciées par groupes de responsables de pays disposés à promouvoir la vérité des comptes publics. Où sont passés au Togo l’essentiel des recettes des grandes entreprises publiques et du pétrole ? Existe-t-il des « comptes de transferts provisoires » qui finissent par ne jamais apparaître dans le budget de l’Etat togolais et servent à consolider l’enrichissement personnel de nombreux affidés du système Gnassingbé ?

C’est en répondant à ces questions et en rendant compte publiquement au Peuple africain et en l’espèce le Peuple togolais, que l’Union africaine pourrait améliorer le niveau de sa crédibilité, aujourd’hui au plus bas. Alors, face aux crises économiques, sanitaires, monétaires, énergétiques et climatiques, les solutions pour une restructuration sérieuse de la dette, une facilitation de l’accès aux financements, une volonté politique de transparence et de justice fiscale ne pourront pas voir le jour sans sortir du Franc CFA pour les pays de la zone franc. Et plus généralement, retrouver et accepter les institutions de contre-pouvoirs pour assoir une souveraineté monétaire, économique et financière qui ne peut s’accommoder de l’omerta sur une grande partie des comptes publics au Togo, comme dans de nombreux pays africains.

L’Union africaine devrait recadrer le débat en exigeant la transparence sur les recettes engrangées par les Etats africains. Car, c’est l’information fournie sur cette partie du sujet qui expliquerait en grande partie les dettes en croissance exponentielle au Togo, et ailleurs en Afrique. Au moins, l’UA pourra aider à renouer avec la transparence des comptes publics au Togo.

Il est suggéré de demander des comptes sur le service de la dette publique extérieure du Togo qui est passée de 6,9 % des exportations en 2020 à 15,5 % des exportations en 2025 selon le Fonds monétaire international[31]. Les projections entre 2026 et 2029 restent à confirmer (Voir le graphique ci-après).

L’Union africaine gagnerait en crédibilité en comparant le service de la dette des pays et les recettes engrangées par le pays suite à l’endettement. Le cas du Togo est un cas d’école.

12. L’ÉTAT TOGOLAIS PRIVILÉGIE LA DETTE EXTÉRIEURE AUX DÉPENS DE LA DETTE INTÉRIEURE

On pourrait croire que Faure Gnassingbé favorise ceux qu’il a nommé à la tête des entreprises publiques. S’il est vrai que la dette publique totale est passée de 62,2 % des exportations de biens et services en 2000, elle atteint 68,2 % en 2025, la dette publique intérieure demeure très élevée et sert d’instrument de soumission de tous les intervenants publics ou privés à qui l’Etat doit de l’argent. Une plainte contre l’Etat togolais pour non-paiement ou simplement un retard important de paiement est une gageure au Togo qui peut coûter la vie, la prison ou l’exclusion du processus d’attribution des contrats d’Etat.

Aussi, tout est une histoire d’arrangements entre des individus ayant des intérêts bien compris. La comparaison entre la dette publique extérieure (voir le graphique ci-après) soumis principalement aux conditionnalités des institutions de financement de Bretton-Woods se décline autrement avec la dette publique intérieure. C’est l’Etat togolais qui fixe les conditionnalités alors qu’il est reconnu comme un « mauvais payeur » et un payeur qui paye avec beaucoup de retard.

Face à la pression budgétaire de plus en plus importante en Afrique, ce qui limite les marges de manœuvre économique et compromet la souveraineté des Etats, l’Union africaine (UA) devra s’assurer que dans la « Déclaration de Lomé » à la fin de conférence de haut niveau sur la dette africaine à Lomé du 12 au 14 mai 2025, une attention particulière soit consacrée au paiement en temps et en heure, aux impacts sur la dette intérieure, notamment celles des entreprises qui offrent des services à l’Etat. En effet, il importe que l’impact du déficit public du Togo avec 68 % de la richesse nationale ou Produit intérieur brut[32] soit mis en exergue et comparé avec les recettes engrangées par l’Etat togolais, et la réalité de leur affectation dans le budget général. Ce n’est qu’à cette condition que la réduction du déficit budgétaire et un retour à la transparence des comptes publics pourraient servir de point de départ pour une meilleure gouvernance et une stabilisation de la dette togolaise.

Les retards ou les refus de paiement de l’Etat affectent les entreprises locales qui dépendent des contrats publics. Outre la baisse de liquidités et les freins aux nouveaux investissements, avec en filigrane, un ralentissement de la croissance de l’entreprise locale, c’est toute la dépendance du système Gnassingbé sur l’ensemble des entreprises togolaises qui pose problème. Il n’y a manifestement plus d’autonomie financière, avec un crise de confiance, une augmentation du chômage et des recettes fiscales futures en berne. Mais qui peut engager sans risques des fonds sans garantie de paiement de l’Etat togolais, ou en réalité, des renégociations des termes des contrats, ce qui peut être considéré comme des zones grises où sévissent la corruption ? Il importe donc utilement de réduire la dépendance de ceux qui créent la valeur ajoutée, les emplois et la richesse au Togo de sortir de la dépendance envers l’Etat en organisant un plaidoyer :

  • pour une gouvernance responsable de l’Etat togolais avec de la transparence et un processus pour rendre des comptes aux contribuables togolais ; et
  • pour l’indépendance des tribunaux commerciaux et administratifs afin de pouvoir porter plainte contre l’Etat et l’amener à accorder la même priorité aux créances envers les entreprises locales que celles envers les bailleurs de fonds étrangers.

13. LE SYSTÈME GNASSINGBÉ : PRÉSIDENT DU CONSEIL « À VIE » ET ENDETTEMENT « À VIE »

Entre 1970 et 1990, la dette publique du Togo atteignait à peine 40 % du PIB pour atteindre 102,7 % du PIB en 2001, avant de redescendre à 63,08 % du PIB en 2005. Mais depuis la prise de pouvoir par un coup d’Etat de Faure Gnassingbé et les militaires, cette dette publique du Togo est remontée en flèche avec un pic à 81,4 % en 2016 avant d’être estimée autour de 68,6 % du PIB en 2025[33]. La dette par habitant n’a fait qu’augmenter, avec un système Gnassingbé fils qui l’a plus que doublée (2,3 fois) entre 2025 et 2023 (Voir le graphique ci-après).

Le système Gnassingbé se caractérise par une forte expansion budgétaire qui donne l’illusion d’une croissance économique annuelle estimée par le FMI à 5,3 % pour 2024 et 2025 sauf imprévus. L’inflation ou l’augmentation annuelle du prix à la consommation estimée à 3,3 % en 2024 et 2,3 % reste contenue[34] mais ne reflète pas la réalité des transactions locales notamment avec une mauvaise prise en compte des coûts de transactions et de logistiques et la corruption.

La réalité est que l’Etat Gnassingbé a creusé la dette publique du Togo et alimenté les vulnérabilités socio-économiques à l’intérieur du pays. Les objectifs de développement durable (ODD) ne pourront plus être atteints et les ingérences permanentes dans plusieurs banques liées à l’Etat Gnassingbé peuvent déclencher une crise de stabilité du secteur financier[35].

La limitation du déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2025 risque de se faire aux dépens des populations avec des augmentations des recettes fiscales, et donc des impôts sur les populations. Pourtant, une réduction de la corruption pourrait améliorer l’efficience de la fiscalité à partir d’un rendement plus efficace des dépenses publiques assorti d’une gouvernance où la protection sociale des populations n’est pas sacrifiée pour couvrir les erreurs de gestion et de gouvernance.

Il ne sera pas possible d’avancer vers plus de transparence sans une clarification et une publication officielle des entreprises bénéficiaires de marchés publics. Enfin, la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ne peuvent continuer à s’opérer dans l’opacité, ce qui rend souvent caduque cette lutte, annoncée juste pour améliorer l’image de l’Etat Gnassingbé. La corrélation entre un président du Conseil à vie et un endettement du Peuple togolais à vie ne peut passer inaperçue.

14. CONCLUSION : OUVRIR LA PAGE DE LA TRANSITION DE L’APRÈS SYSTÈME GNASSINGBÉ

Le Peuple togolais, dans sa grande majorité, y compris au sein du système Gnassingbé, reste attaché la Constitution de la 4e République. L’Article 150 de celle-ci rappelle que tout citoyen peut opter pour la désobéissance et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime, car il s’agit alors du plus sacré des devoirs et le plus impératif des devoirs. Ce même Article 150 aussi indiquait que « Tout renversement anticonstitutionnel est considéré comme un crime imprescriptible contre la nation et sanctionné conformément aux lois de la République ». Cet Article 150 a disparu dans la nouvelle Constitution du 6 mai 2025 instituant la 5e République pour un pouvoir à vie pour Faure Gnassingbé et ses complices.

Faure Gnassingbé expulse le Peuple togolais du jeu politique. Faut-il laisser faire ? That is the question !!! Chaque togolaise et togolais doit identifier clairement ce qui est possible de faire à son niveau pour répondre à cette question. Rejoindre le système Gnassingbé, s’apparente plus à faire partie du problème que de trouver une solution au problème.

Si l’alternance devient de plus en plus difficile du fait du déni de Suffrage Universel au Togo, nul ne peut accepter de porter la dette perpétuelle, au sens propre et au sens figuré, que le système Gnassingbé laisse et laissera au Peuple togolais. Ce d’autant plus que le président du Conseil actuel n’est en fait qu’un simple citoyen sans aucun mandat électoral au suffrage universel du Peuple ! Le Peuple togolais n’acceptera plus que le Togo soit continuellement endetté par un citoyen n’ayant reçu aucun mandat du Peuple pour le faire !!! Le système Gnassingbé, une « illégalité républicaine » est clairement le problème et non la solution pour avancer vers la libération du Togo !

En conclusion, si Faure Gnassingbé et son système ne parviennent pas à répondre aux attentes du Peuple togolais, il n’y a que trois possibilités dont deux pacifiques qui permettront d’ouvrir la page de la transition vers une période de transition de l’après Système Gnassingbé :

  1. la démission volontaire de Faure Gnassingbé et les militaires togolais qui le soutiennent doivent se mettre à la retraite volontaire puisqu’ensemble et depuis 1967 et pire depuis 2005, ces dirigeants illégaux et anticonstitutionnels ont usurpé la vérité des urnes et violé la volonté du Peuple togolais. Ils doivent choisir de se retirer pacifiquement pour faciliter la transition de l’après-Gnassingbé. Ils doivent en profiter pour faire et accepter leur bilan négatif et toxique pour le Peuple togolais. En réalité, ils ne peuvent plus garantir la stabilité sans abuser du pouvoir et du droit. Ils ne peuvent plus répondre aux aspirations des citoyennes et citoyens togolais y compris ceux de la Diaspora sans tenter de les intimider ou acheter leurs consciences.
  2. le coup d’Etat par des militaires, des terroristes ou des groupes armés qui ne peuvent résulter en une continuation du même système dictatorial sous un autre nom, surtout si la pression de la communauté internationale notamment la France et les Etats-Unis finissent par « lâcher » les tenants du système Gnassingbé ;
  3. la mobilisation populaire avec des mouvements populaires décentralisés mettant en exergue la volonté des citoyens pour un après-Système Gnassingbé. Celle-ci n’est possible que si la situation devient insupportable pour une très grande majorité de la population qui refuse la corruption de proximité, l’achat des consciences et surtout la délation pour « manger ». Cela pourra prendre des formes diverses telles que des plaidoyers, des influences, des manifestations pacifiques ou pas, des actions de désobéissance civile, etc. Il faudra opter pour une organisation décentralisée, si tout ceci n’est pas déjà en mouvement. Il faudra demeurer vigilant quant aux infiltrations et autres noyautages de la lutte de liberté et de souveraineté.

15. RECOMMANDATIONS DE RCDTI ET CVU-TOGO-DIASPORA : LA SAGESSE ET LA RÉVOLTE DE LA MAÂT

Il n’y a pas de fatalité du non-droit au Togo et en Afrique en général. La réponse de la sagesse, fondée sur les valeurs de la Maât – vérité, justice, solidarité, paix, harmonie –, conduit naturellement, ce tôt ou tard, à la révolte contre la loi du plus fort faisant abusivement usage du « droit » usurpé.

Le droit sans séparation des pouvoirs ne peut contribuer à une construction saine de l’Etat de droit au Togo. Or, l’Etat de droit usurpé par la bande organisée au sein de l’actuel système Gnassingbé, n’est utilisé que contre la démocratie et pour assurer la promotion personnelle de ceux-là même qui tordent le cou au droit par la pratique de la violence, de l’abus de droit, de l’arbitraire, de la ruse, destinés à entretenir une culture de la peur, de la délation et de l’omerta au Togo.

Il faudra s’attendre à un durcissement du régime Gnassingbé qui s’aperçoit du niveau de « ridicule » de la démarche du passage de la 4e République à la 5e République. En effet, régime présidentiel ou parlementaire, il est surtout question de la continuité de la dictature et de l’autocratie sous le vernis de « régime » dit présidentiel ou parlementaire. Contrôler les institutions notamment la justice et neutraliser l’opposition ne changeront rien à la détermination d’un Peuple humilié, appauvri et endetté. Faure Gnassingbé et son système de domination sans partage de la société togolaise sont la cause profonde du problème. Il faut donc trouver des solutions pour organiser l’après-Gnassingbé afin de faciliter le « changement » vers un Togo qui ne pourra jamais être « l’or de l’humanité » sous la mauvaise gouvernance de Faure Gnassingbé et ses militaires.

La grande majorité du Peuple togolais demeure fidèle à la Constitution de la 4e République notamment l’article 150 de la Constitution togolaise de 1992 qui mentionne même le droit à la résistance en cas de coup de force. La nouvelle Constitution togolaise de 2025 a pris soin de faire disparaître ce droit ancestral, inscrit dans la seule Constitution togolaise adoptée par le Peuple togolais par référendum en 1992 à plus de 98 %. Sans recours, Faure Gnassingbé a ouvert la voie à des alternatives de changement en dehors des valeurs et du droit. Si seul l’aréopage oligarchique restreint autour de Faure Gnassingbé a pu imposer unilatéralement le passage à la 5e République, il est impensable que la force de l’immense majorité du Peuple togolais qui rejette le système, en se montrant insistante, unie et déterminée, ne puisse imposer que sa Constitution de 1992 soit d’abord intégralement respectée et rétablie dans le droit fondamental du Togo.

Le 14 mai 2025.

La Direction du :

Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) en partenariat avec toutes personnalités ou structures de la société civile indépendantes et aux citoyennes et citoyens indépendants.

SIGNATAIRES : RCDTI, CVU-TOGO-DIASPORA, PARTENAIRES ET SYMPATHISANTS :

  1. Yves Ekoué AMAÏZO, Dr.
  2. Ernesto D’ALMEIDA, Dr.
  3. Mathieu D’ALMEIDA
  4. Koffi DEKU, Ing.
  5. François FABREGAT
  6. Kue FORSON
  7. Antoine RANDOLPH, Dr.
  8. De nombreux CITOYENS (ENNES) ont souhaité ne pas voir leur nom figurer en qualité de signataires, par peur de représailles du système Gnassingbé.

Contact et Coordination : [email protected] et [email protected]

Note : Toutes les personnalités ou associations qui souhaitent être signataires des textes de RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA peuvent le faire en écrivant par courrier électronique à l’adresse ci-dessous. Ils ou elles auront l’occasion de participer à l’une ou l’autre des téléconférences fondant notre démocratie participative et proposer des solutions dans le cadre du projet de transition politique et du projet de société commun pour l’avenir du Togo.


© RCDTI & CVU-TOGO-DIASPORA

Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) ——————————

Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) —————————–


Notes bibliographiques :

  1. Dogbé, P. S. (2024). « L’opposant togolais en exil Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo est mort ». In www.rfi.fr/fr. Radio France internationale. 4 mars 2024. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240304-l-opposant-togolais-en-exil-gabriel-messan-agb%C3%A9yom%C3%A9-kodjo-est-mort
  2. Gnakadè, E. M. (2025). « vingt ans d’espoirs déçus sous Faure Gnassingbé : l’heure du bilan ». Lomé, 2 mai 2025. In www.africa-press.net. Accédé le 8 mars 2025. Voir https://www.africa-press.net/togo/politique/20-ans-de-faure-gnassingbe-par-gnakade-marguerite
  3. CODITOGO (2025). « Appel ultime de CODITOGO. Les Togolais doivent s’unir contre Faure Gnassingbé ou périr ». Paris, le 05 mai 2025. In Liberté Togo. In Liberté n°4008. Lundi 12 Mai 2025, p. 7.
  4. Tchadjobo, S. (2025). « Critiquée, boudée et isolée, la « 5è République » de Faure Gnassingbé est mal partie ». In Liberté Togo. In Liberté n°4008. Lundi 12 Mai 2025, pp. 1, 3, 4.
  5. Il s’agit d’un revenu (souvent non monétaire en Afrique) inférieur au seuil de pauvreté, calculé par rapport aux revenus de la population. Cela signifie qu’il y a manifestement une « impossibilité d’acheter ou de consommer certains produits de subsistance (comme de la viande), d’honorer des dépenses obligatoires (logement, chauffage pour cuisiner, etc.), d’atteindre un certain niveau de confort (comme posséder un lit décent) et un minimum de bien-être, soit un surplus monétaire pour s’offrir un plaisir non lié à l’alimentation au moins une fois par an. Ajusté à partir de : Perrigot, N. (2021). « C’est quoi, la « pauvreté non monétaire »? ». In leco.playbacpresse.fr. 17 septembre 2021. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://leco.playbacpresse.fr/article/cest-quoi-la-pauvrete-non-monetaire
  6. Ministère de la Santé et de l’hygiène publique (2023). Annuaire des statistiques sanitaires. Année 2023. In sante.gouv.tg. Accédé le 9 mai 2025. Voir https://sante.gouv.tg/wp-content/uploads/2025/01/Togo_Annuaire_Statistique_2023_Final_signee.pdf
  7. Ministère de la Santé et de l’hygiène publique (2023). Op. Cit., p. 20.
  8. World Bank (2025). World Development Indicators 2025: Health gaps by income: Problems accessing health care Tables 2.19.3. World Bank: Washington D.C.
  9. BBC (2025). « Qui est Jean-Lucien Savi de Tové, cet opposant togolais nommé président de la République ». In www.bbc.com. 7 mai 2025. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://www.bbc.com/afrique/articles/c62gp36p31xo
  10. Gnakadè, E. M. (2025). « vingt ans d’espoirs déçus sous Faure Gnassingbé : l’heure du bilan ». Lomé, 2 mai 2025. In www.africa-press.net. Accédé le 8 mars 2025. Voir https://www.africa-press.net/togo/politique/20-ans-de-faure-gnassingbe-par-gnakade-marguerite
  11. RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA (2023). « Résumé du Projet de transition politique et citoyenne : « Charte de la mutation du Togo » : une proposition de RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA adressée au Peuple togolais ». 15 juin 2023. In www.cvu-togo.diaspora.org. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://cvu-togo-diaspora.org/files/2023/06/rcdti-cvu-togo-diaspora-projet-de-charte-de-la-mutation-du-togo–15-06-23-resume-nouveau-diff1.pdf
  12. La conférence des Présidents de la DMP (2025). « Ve République du Togo : LA DMP appelle à une marche de protestation massive le 17 mai 2025 ». In actulome.com. 6 mai 2025. La Coalition “Dynamique de la majorité du Peuple (DMP)”. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://actulome.com/ve-republique-du-togo-lopposition-appelle-a-une-marche-de-protestation-massive-le-17-mai/
  13. Tchadjobo, S. (2025). « De la « démocrature » au repli tribal, François Boko met à nu le système Faure Gnassingbé ». In Journal Liberté Togo, no. 4006. 5 mai 2025. Accédé le 8 mai 2025.
  14. Rédaction (2024). « Togo : la version officielle de la nouvelle constitution enfin disponible ». 21 mai 2024. Extrait du Journal Officiel. Accédé le 10 mai 2025. Voir https://togoactualite.com/togo-la-version-officielle-de-la-nouvelle-constitution-enfin-disponible/#google_vignette
  15. Voir le site official de la DMP : https://www.dmptogo.org/
  16. Republicoftogo.com (2025). «Pour une dette africaine responsable. Lomé accueille du 12 au 14 mai la Conférence de l’Union africaine sur la dette ». In www.republicoftogo.com. 9 Mai 2025. Accédé le 9 mai 2025. Voir https://www.republicoftogo.com/toutes-les-rubriques/eco-finance/pour-une-dette-africaine-responsable
  17. U.N. Dept. of Economic and Social Affairs – Population Division. World Population Prospects: The 2024 Revision. In www.worldometers.info. Accessed 9 May 2025. Retrieved from https://www.worldometers.info/world-population/togo-population/
  18. IMF (2024). Togo: 2024 Article IV Consultation-Press Release; Staff Report; and Statement by the Executive Director for Togo. 23 September 23, 2024. IMF Staff Country reports. Country Report No. 2024/299. Accessed 9 May 2025. Retrieved from https://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2024/09/23/Togo-2024-Article-IV-Consultation-Press-Release-Staff-Report-and-Statement-by-the-Executive-555141
  19. IMF (2024). TOGO March 2024 Request For A 42-Month Arrangement Under The Extended Credit Facility -Press Release; Staff Report; Debt Sustainability Analysis And Statement By The Executive Director For Togo. 16 February 2024. International Monetary Fund : Washington D. C.
  20. Countryeconomy.com (2005). “Togo National Debt. Togo Public Debt Togo : Togo national debt goes up”. In countryeconomy.com. Accessed on 8. Mai 2025. Retrieved from https://countryeconomy.com/national-debt/togo?year=2005
  21. Le calcul a été fait en Franc CFA (XOF), avec un taux de change moyen de 656 XOF pour 1 EUR en 2004, et en supposant une parité stable avec l’USD.
  22. Countryeconomy.com (2005). Op. Cit.
  23. World Bank (2025). “Gini Index Togo. 2006-2021 ». In data.worldbank.org. Accessed 9 M May 2025. Retrieved from https://data.worldbank.org/indicator/SI.POV.GINI?locations=TG
  24. Atlasocio.com (2024). « Classement des Etats d’Afrique par inégalités de revenu (Coefficient de Gini) ». 28 février 2024. In atlasocio.com. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://atlasocio.com/classements/economie/inegalites/classement-etats-par-coefficient-de-gini-afrique.php
  25. World Bank (2025). “Distribution of income or consumption. Tables 1.3”. In World Development Indicators. World Bank: Washington D. C.
  26. Banque mondiale (2024). La Banque mondiale au Togo. Vue d’ensemble. In worldbank.org. Accédé le 8 mai 2025. Voir https://www.worldbank.org/en/country/togo/overview
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  28. Petersdorf, (2019). “An Analysis of Healthcare Systems in Togo”. In. In borgenproject.org. 7 septembre 2019 Accédé le 8 mai 2025 Voir https://borgenproject.org/an-analysis-of-healthcare-systems-in-togo/
  29. Petersdorf, (2019). Op. Cit. ; analyse de 2019.
  30. World Bank (2025). The World Bank in Togo. In www.worldbank.org. 31 March 2025. Accessed 8 May 2025. Retrieved from https://www.worldbank.org/en/country/togo/overview
  31. IMF (2024). Togo. Rapport des services du FMI pour la première revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit— communiqué de presse ; rapport des services du FMI; et déclaration de l’Administrateur pour le Togo. janvier 2024. Rapport du FMI No. 25/5. FMI : Washington D.C.
  32. IMF (2024). Op. cit.
  33. Countryeconomy.com (2025). “National Public Debt Togo 2005: Togo National Debt Goes Up”. In countryeconomy.com. Accessed 8 May 2025. Retrieved from https://countryeconomy.com/national-debt/togo?year=2005
  34. IMF (2025). Regional Economic Outlook. Sub-Saharan Africa, April 2025. Recovery Interrupted. IMF: Washington D.C.
  35. IMF (2025). “Togo: First Review Under the Extended Credit Facility Arrangement-Press Release; Staff Report; and Statement by the Executive Director for Togo”. In IMF Staff Country Reports. Volume 2025: Issue 005. 16 Jan 2025. International Monetary Fund. African Dept. Accessed 9 May 2025. Retrieved from DOI: https://doi.org/10.5089/9798400298240.002 and https://www.elibrary.imf.org/view/journals/002/2025/005/002.2025.issue-005-en.xml

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