Alors que le Togo attendait l’annonce d’un nouveau gouvernement sous la Ve République, le Président du Conseil Faure Gnassingbé choisit de nommer d’abord un nouveau conseiller. Un de plus, un de trop ? Le choix s’est encore porté sur un étranger, prolongeant une tradition désormais bien installée : confier l’oreille du pouvoir à des conseillers venus d’ailleurs, parfois au mépris des compétences nationales.
Un Pakistano-Suédois à Lomé II
De nationalité pakistano-suédoise, Mansoor Hamayun a été nommé, avec effet immédiat, Conseiller auprès du Président du Conseil. Fondateur et président de MINEXX, il est également PDG de BBOXX, une entreprise spécialisée dans la transformation et l’accès à l’énergie renouvelable. C’est donc un acteur du secteur énergétique international qui rejoint le cercle rapproché de Faure Gnassingbé.
Deux décennies d’expertise importée
En deux décennies passées à la tête de l’État, de nombreux conseillers étrangers ont franchi le portail du palais présidentiel de Lomé II. Dans cette brochette de stratèges internationaux qui murmurent à l’oreille du numéro un du pays, on peut citer l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, à travers son Tony Blair Institute for Global Change (TBI) ; le socialiste français Dominique Strauss-Kahn (DSK), qui, alors directeur général du FMI, déclarait déjà que le Togo était « cher à son cœur » ; l’homme d’affaires ghanéen Samuel Esson Jonah, ex-patron d’AngloGold Ashanti et actuel président exécutif de Jonah Capital, un fonds d’investissement basé à Johannesburg, ainsi que l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Il faut également mentionner Lionel Zinsou, banquier d’affaires et ancien Premier ministre béninois.
Des projets phares… aux résultats invisibles
Élevés au rang de ministres et grassement rémunérés sur fonds publics, ces conseillers ont été les architectes de plusieurs projets dits structurants. Des projets portés à bout de bras par le régime, mais qui, une fois mis en œuvre, n’accouchent que d’une souris. Le dernier exemple en date est le Plan National de Développement (PND), transformé en feuille de route gouvernementale, dont les résultats restent invisibles à l’œil nu.
S’il y a un président en Afrique qui affectionne particulièrement les services de conseillers étrangers, souvent au détriment des compétences nationales, c’est bien Faure Gnassingbé. Des experts, le Togo n’en manque pourtant pas. Le pays regorge de compétences locales de haut niveau, souvent formées dans les meilleures universités du monde. Mais ces voix sont rarement sollicitées, encore moins écoutées. L’exemple du professeur Kako Nubukpo est révélateur : nommé ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques entre 2013 et 2015, il sera rapidement écarté du gouvernement. Trop libre, trop franc, ou simplement trop attaché à une vision souveraine du développement ? Son éviction illustre ce paradoxe togolais : préférer les conseils venus d’ailleurs à l’expertise d’ici.
Mais dans un pays où la corruption et l’impunité sont érigées en mode de gouvernance, même si Dieu en personne était nommé conseiller, cela ne changerait rien.
Le Professeur Nubukpo serait plus effective, s’il ne s’encombrait pas avec des idées biaisées d’anti France Afrique.
Ne prenez pas le nom de Dieu en vain, c’est un grave péché, repentez vous, Mr le journaliste