Togo : La libération d’Aamron ne freine pas la mobilisation populaire

Malgré la libération du rappeur togolais Aamron, interpellé le 26 mai pour avoir appelé à manifester contre le président Faure Gnassingbé, l’élan de contestation populaire ne faiblit pas. Des manifestations sont toujours prévues les 26, 27 et 28 juin, pour dénoncer la gouvernance actuelle, exiger la libération de tous les prisonniers politiques et réclamer la démission du chef de l’État.

« La libération d’Aamron est une très grande victoire pour nous, mais sa santé reste préoccupante. Des examens médicaux sont nécessaires après les traitements incompréhensibles et probablement mal intentionnés qu’il a subis. Ce geste est insuffisant, Faure Gnassingbé. Il faut libérer tous les prisonniers politiques avant ta démission », a déclaré l’artiste Zaga Bambo dans un direct diffusé hier soir. La séance, réunissant plusieurs figures de la société civile, dont Farida Nabourema, le commandant Olivier Amah et le journaliste Ferdinand Ayité, visait à renforcer la mobilisation citoyenne à l’approche des prochaines manifestations.

L’arrestation d’Aamron

Aamron, arrêté à son domicile dans la nuit du 26 mai par une unité de gendarmerie, avait été interné sans jugement au centre psychiatrique de Zébé, à une cinquantaine de kilomètres de Lomé. Une arrestation survenue peu après son appel à une mobilisation ironique à l’occasion de l’anniversaire du président, le 6 juin, et qui avait suscité une vague d’indignation, tant chez ses fans que parmi les défenseurs des droits humains. Des manifestations spontanées avaient alors éclaté à travers le pays, entraînant de nombreuses arrestations.

Libéré le samedi 21 juin, l’artiste reste marqué par les conditions de son internement. Son avocat, Me Célestin Kokou Agbogan, s’est voulu rassurant : « Comme aucune procédure judiciaire n’avait été engagée, nous estimons qu’il ne devrait plus être inquiété. Les circonstances de son interpellation ne permettent pas de poursuites », a-t-il déclaré.

Une semaine après son arrestation, Aamron avait été aperçu dans une vidéo où il présentait ses excuses au président et évoquait des soins reçus pour troubles psychologiques. Une déclaration qui avait nourri les interrogations sur son état de santé. Son avocat a tenu à clarifier : « Il est conscient et lucide, même s’il garde des séquelles des traitements reçus. Il doit voir un médecin dans les plus brefs délais. »

Alors que les appels à manifester se multiplient, la société civile togolaise semble déterminée à maintenir la pression. Pour de nombreux observateurs, la libération du rappeur, bien qu’accueillie favorablement, ne suffit pas à désamorcer la colère populaire. Le climat reste tendu à l’approche des dates annoncées pour les prochaines mobilisations.

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