La Conférence des évêques du Togo (CET) a condamné lundi, dans une déclaration, les violences qui ont endeuillé le pays les 26, 27 et 28 juin 2025, dénonçant un “usage disproportionné de la force” par les autorités et affirmant leur refus de rester silencieux face aux “dérives inacceptables” constatées dans la gestion des manifestations.
Réunis à Lomé à l’occasion de leur 139ᵉ session ordinaire, les évêques togolais ont exprimé leur “profonde préoccupation”, leur “affliction” et leur “tristesse” après les événements qui ont marqué ces trois journées de tensions, au cours desquelles des manifestants ont été violemment dispersés par les forces de sécurité. Selon des sources indépendantes, plusieurs personnes ont été tuées et des dizaines blessées, tandis que de nombreux cas d’arrestations arbitraires ont été signalés.
“Nous condamnons vigoureusement ces violences inacceptables et insoutenables, quels qu’en soient leurs origines, leurs auteurs ou leurs justifications”, ont écrit les évêques, appelant les responsables des répressions à “la conversion”. “Qu’ils n’oublient pas que les cris des innocents sont des lamentations qui montent vers Dieu”, ont-ils averti.
Un silence brisé dans un contexte de tensions persistantes
Face à la détérioration du climat politique et sécuritaire, l’Église catholique togolaise ne compte pas rester silencieuse. Ils dénoncent “la culture du mensonge” qui, selon eux, gangrène le débat public et affaiblit le lien social. “S’entêter à voir le vrai et à faire croire le faux est une violence morale qui brise la cohésion”, écrivent-ils. “Il faut se ressaisir par crainte de Dieu et par amour pour notre Nation.”
Appel à la responsabilité de tous les acteurs
Tout en s’inclinant devant la mémoire des victimes, les prélats adressent leurs condoléances aux familles éplorées et assurent les blessés de leur proximité spirituelle. Ils en appellent à la conscience des autorités politiques, des forces de l’ordre, mais aussi de tous les Togolais, invitant chacun à faire preuve de “retenue”, de “responsabilité” et d’un “engagement sincère pour la construction de la paix”.
“Un usage aussi disproportionné de la force pour réprimer une manifestation, fût-elle illégale, est simplement inadmissible. Nous invitons les auteurs de ces actes répréhensibles à la conversion. Qu’ils n’oublient pas que les cris des innocents sont des lamentations qui montent vers Dieu”, ont-ils écrit.
Et d’ajouter: “Nous rappelons ici le caractère sacré de toute vie et la dignité inaliénable de la personne humaine. La banalisation de ces principes fondamentaux, communs à toute religion et toute civilisation, conduit inexorablement au chaos”.
Fidèle à sa mission pastorale, la Conférence des évêques conclut sa déclaration par une exhortation à la prière et à l’unité nationale.
Cette sortie publique des évêques intervient dans un climat politique tendu, à l’approche d’échéances électorales cruciales. Les organisations de défense des droits humains ont, elles aussi, exprimé leur inquiétude face à la recrudescence de la répression et aux atteintes aux libertés fondamentales dans le pays.