Des centaines de millions pour acheter un silence précaire dans un Togo à genoux ?

Alors que le Togo est secoué depuis le 6 juin 2025 par une vague de contestation populaire sans précédent, de nouvelles allégations émergent sur les moyens colossaux que le régime aurait mobilisés pour étouffer la mobilisation. Le Mouvement du 6 Juin (M66), à l’origine des récentes manifestations contre le pouvoir en place, affirme que des centaines de millions de francs CFA auraient été distribués dans le but de démobiliser la population et neutraliser les voix critiques. De récentes révélations faites par l’artiste Aamron, récemment interné de force, choquent autant qu’elles interrogent.

Des sommes inimaginables pour éteindre le feu populaire


La déclaration la plus marquante vient de l’artiste Aamron, arrêté, interné de force dans un hôpital psychiatrique, et torturé, selon ses propres témoignages. Dans un direct très suivi sur les réseaux sociaux le samedi dernier, il affirme avoir reçu une offre de 25 millions de francs CFA en échange de son silence. Une somme qu’il dit avoir catégoriquement refusée.

« La dignité n’a pas de prix. La liberté non plus. On ne peut pas vendre notre honneur pour des intérêts personnels », a déclaré le rappeur.

Selon les membres du M66, d’autres activistes, blogueurs ou influenceurs auraient également été approchés, parfois avec des montants bien plus élevés. Objectif : dissuader, démobiliser, et empêcher le soulèvement pacifique de prendre de l’ampleur.
Ces allégations, bien que non encore vérifiées de manière indépendante, trouvent un écho dans une réalité difficile à nier : les miliciens en civil qui interviennent violemment lors des manifestations ne risquent clairement pas leur vie gratuitement.

Le coût de la répression dans un Togo en détresse


Ces révélations soulèvent de sérieuses interrogations sur les priorités budgétaires dans un pays où des femmes accouchent à même le sol, où les élèves manquent de bancs et de salles de classe, et où les enseignants vivent dans la précarité.

Dans un Togo lourdement endetté, chaque franc public devrait faire sens. Si des centaines de millions sont réellement dépensés pour acheter le silence et la peur, plutôt que pour construire des écoles, des hôpitaux, ou créer de l’emploi, alors la crise togolaise n’est pas seulement politique, elle est profondément morale.

Quel retour sur “investissement” pour l’État ?

Une question dérange : qu’attendent les autorités de ces “investissements” dans la répression ? De la stabilité ? De la loyauté ? La survie d’un régime ?
Pourtant, malgré les intimidations, les appels à manifester se poursuivent, portés par une jeunesse qui réclame la démocratie qu’elle voit s’installer chez ses voisins.

À force d’investir dans la peur, le régime togolais prend le risque de creuser un fossé irréversible avec sa population. Car pendant que des enveloppes circulent pour faire taire, les véritables urgences – santé, éducation, emploi – continuent de tuer en silence. Et ce silence précaire risque un jour de se transformer en une colère plus radicale.

Le Togo n’a pas seulement besoin de calme. Il a besoin de justice sociale, d’investissements publics utiles, et d’un leadership courageux, capable d’écouter son peuple. L’argent du peuple doit servir le peuple, pas l’écraser.

Témoignage complet de l’artiste Aamron :

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