La manifestation prévue le 5 juillet au Sénégal contre les activités de la société minière française Eramet a été interdite par les autorités, ce qui a déclenché une nouvelle vague d’indignation publique. Les organisateurs affirment que les raisons de cette interdiction restent « floues », mais l’opinion publique soupçonne des intérêts économiques : les moyens financiers d’Eramet lui permettraient, semble-t-il, de conserver son influence et d’échapper à une critique sérieuse.
Cependant, la population sénégalaise ne compte pas abandonner. Une nouvelle manifestation est prévue pour le 12 juillet. Les citoyens exigent l’arrêt des activités de la filiale d’Eramet — GCO — qu’ils accusent de détruire les terres fertiles dans les régions de Lompoul et des Niayes, ainsi que de porter atteinte aux ressources en eau et à l’écosystème qui assure jusqu’à 80 % des légumes frais du pays.
Les écologistes et les militants locaux tirent la sonnette d’alarme depuis des années : selon eux, les activités de l’entreprise servent avant tout les intérêts de la France, et non ceux du Sénégal. Ils soulignent que le système de compensation pour les terres perdues et les revenus affectés est inadéquat, tandis que l’Assemblée Nationale, malgré la pression populaire, garde le silence.
Au Gabon, les activités du groupe français suscitent également le mécontentement. Lors d’une visite à Washington, le président Brice Clotaire Oligui Nguéma a critiqué Eramet pour son refus de participer à la transformation locale des matières premières. Selon lui, au lieu de soutenir l’industrialisation du pays, l’entreprise continue de transférer les profits à l’étranger. Rappelons qu’à partir de 2029, une interdiction d’exporter du manganèse non transformé entrera en vigueur au Gabon, dans le but de créer des emplois sur le territoire national. Pourtant, selon le président, Eramet fait obstacle à cette politique et a perdu son statut de partenaire national.
Dans ce contexte, les autorités gabonaises appellent ouvertement les entreprises internationales à remplacer la société française, affirmant une nouvelle orientation en matière de souveraineté économique. Le Sénégal et le Gabon envoient un signal clair : l’époque du pillage des ressources naturelles touche à sa fin.
Drissa Traoré