Dans un récent post, l’écrivain togolais David Kpelly revient sur une scène bouleversante captée lors des Evalas 2025 : celle d’un homme famélique, implorant de la nourriture devant le président du Conseil, Faure Gnassingbé. Plus qu’un simple geste de détresse, l’auteur y voit un acte de courage brut, une dénonciation silencieuse mais éclatante des inégalités et de la misère chronique dans un pays pourtant en paix. Une interpellation directe au pouvoir.
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« L’homme affamé des Evalas ». Le tableau eût bien porté ce nom, sous la plume d’un grand peintre expressionniste.
Depuis quelques jours, la vidéo circule en boucle sur la toile togolaise, avec des commentaires les plus chargés de colère et de pitié les uns que les autres.
Un homme, guère âgé, mais déjà si vieux, décharné, les côtes au vent, au milieu d’une foule en liesse aux Evalas, qui se place en face de la tribune des officiels, fait signe à Faure Gnassingbé qu’il a faim, et le supplie de lui donner à manger. Il est très vite maîtrisé et balayé hors des caméras par des forces de l’ordre. Pour la honte qu’il représente.
Cet homme, sans le savoir, peut-être, a posé l’un des actes de courage et de dissidence les plus forts de l’histoire politique du Togo. Dans l’antre du souverain, où tout n’est que mensonges, affabulations, masques et hypocrisie, et où, raconte-t-on, on ne dit que du bien du et au roi, il a accepté, devant les yeux de celui qu’il juge responsable de son état, de se montrer tel qu’il est. Dans sa vérité. Celle d’un homme qui a faim, qui a toujours eu faim, qui n’a connu que la faim. Ou qui est malade. Qui veut manger. Qui veut pouvoir se soigner.
Je ne sais pas ce que le souverain et ses hommes feront de lui. Peut-être qu’il le puniront sévèrement pour avoir couvert le trône et la couronne d’une si grande honte. Peut-être qu’ils lui donneront à manger pour quelques jours et le soigneront. Peut-être qu’ils ne feront ni l’un ni l’autre, et qu’ils laisseront l’homme affamé des Evalas mourir de sa propre et belle mort. De faim et de maladie.
Ce que connaît le Togo depuis des décennies est unique dans l’histoire des nations. Un pays qui n’est pas sous le joug d’une guerre, qui n’est frappé par aucune calamité naturelle, qui ne s’est pas retrouvé sur la géographie la plus hostile de la terre, mais où l’on retrouve à foison des êtres comme l’homme affamé des Evalas.
Un jour, peut-être, ceux qui dirigent le Togo auront enfin la magnanimité d’avouer les outrages dont ils ont été victimes de la part des Togolais, et qu’ils se sont sentis obligés de rendre avec autant de cruauté.
David Kpelly
Je suis d’accord avec vous Monsieur l’écrivain… Cette apparition est une victoire éclatante de l’opposition… Contentons-nous de ces incidents puériles, et l’alternance est proche… Mais, ne soyons pas surpris que l’attente soit longue… Quelqu’un nous dirait de plutôt nous organiser plus sérieusement… A bon entendeur…