Une pseudo-5e république qui cache mal l’incompétence et le règne par la terreur de Faure Gnassingbé

«…Je ne sais pas ce que le souverain et ses hommes feront de lui. Peut-être qu’il le puniront sévèrement pour avoir couvert le trône et la couronne d’une si grande honte. Peut-être qu’ils lui donneront à manger pour quelques jours et le soigneront. Peut-être qu’ils ne feront ni l’un ni l’autre, et qu’ils laisseront l’homme affamé des Evalas mourir de sa propre et belle mort. De faim et de maladie. Ce que connaît le Togo depuis des décennies est unique dans l’histoire des nations. Un pays qui n’est pas sous le joug d’une guerre, qui n’est frappé par aucune calamité naturelle, qui ne s’est pas retrouvé sur la géographie la plus hostile de la terre, mais où l’on retrouve à foison des êtres comme l’homme affamé des Evalas. Un jour, peut-être, ceux qui dirigent le Togo auront enfin la magnanimité d’avouer les outrages dont ils ont été victimes de la part des Togolais, et qu’ils se sont sentis obligés de rendre avec autant de cruauté.» David Kpelly, enseignant et écrivain togolais, en juillet 2025.

Inutile de dire que ce qui se passe dans ce petit pays d´Afrique de l´ouest, appelé Togo, est une curiosité pour les journalistes et analystes politiques à travers le monde. Certes, la famille Gnassingbé n´a pas inventé le mot «dictature», ni moins encore sa pratique. Mais le régime de dictature togolais, de père en fils, comparativement aux autres pouvoirs dictatoriaux en Afrique et dans le monde, a ceci de particulier qu´il aime le crime, la perfidie, la méchanceté, le jusqu´au-boutisme dans le mal, et surtout la haine, le mépris, la négation du citoyen pour lequel il devrait être là. Des régimes étrangers qu´on qualifierait de dictature développent au moins leurs pays, en pensant par exemple à l´avenir de la jeunesse. Mais au Togo, le président de fait qui se fait appeler depuis mai 2025 «président du conseil», n´est là que pour la jouissance maladive du pouvoir. Et notre compatriote, enseignant et écrivain David Kpelly dont nous avons cité la déclaration, ne se trompe pas en comparant le Togo à un royaume, utilisant les mots «souverain» et «trône». Oui, ce qui se passe dans ce petit rectangle de malheurs n´a rien à voir avec une république.


Faure Gnassingbé, qui se comporte en véritable prince-héritier, n´ayant de comptes à rendre à personne, après avoir fait changer la constitution par un parlement aux ordres en fin de mandat, sans consulter le peuple, créant ainsi une prétendue 5e république pour ne jamais quitter le pouvoir, sort de son chapeau un sénat, des régions et des gouverneurs comme si c´est ça qui manquait pour que notre pays se développe. Toutes ces stupides gesticulations n´ont pour but que l´enrichissement des amis, proches et autres courtisans, ennemis du peuple togolais. Et comme pour corroborer le fait que la présence de Faure Gnassingbé au sommet de l´état au Togo n´est que pure perte de temps et un grand recul sur tous les plans du pays, l´absence d’un gouvernement depuis plus de deux mois ne gêne personne autour du prince, et des institutions de leur 5e république qui devraient être mises en place avant le 03 mai 2025 ne le sont toujours pas. Un cafouillage, un désordre, une pagaille totale pendant que des dirigeants d´autres pays de la sous-région et d´ailleurs en Afrique ne se définissent que par des réalisations au profit de leurs populations et par des coupes budgétaires salutaires pour assainir les finances publiques.


Indigné et révolté comme tout Togolais lucide par la situation catastrophique sur tous les plans de notre pays, alors que Faure Gnassingbé se dit premier responsable au sommet, entouré d´une ribambelle de grands universitaires, Bibi Pacôme Mougu écrit ces lignes dans «Liberté» N°4023 du Vendredi 18 Juillet 2025: «Nous ignorons ce que tous ces philosophes et tous ces universitaires que vous avez comme ministres ou conseillers vous disent, Monsieur Faure Gnassingbé. En écrivant ces lignes sur Isaac Tchiakpé, nous pensons aussi au ministre togolais des affaires étrangères le Prof. Robert Dussey. Nous ignorons ce que ces gens vous apportent comme plus-value en termes de valeurs humaines et de sagesse politique pour la gouvernance du Togo au bénéfice du bonheur de tous les Togolais. Mais, il se trouve que vous avez fait 20 ans à la tête du Togo sans résultat concret. On vous demande le bilan de ces deux décennies de gouvernance qui s´ajoutent à ces presque quatre décennies de règne de votre père, et tout ce qu´on voit, ce sont seulement les dettes, les peines et les cris de désolation, de détresse, avec une minorité qui accapare les richesses du pays au détriment de la majorité. Il est temps pour vous de partir, car le Togo n´est ni un royaume ni votre propriété. Vous devez partir…»


Comme on le voit, tout dirigeant de premier plan qui cherche à se maintenir au pouvoir doit au moins avoir un bilan sur lequel il pourrait s´appuyer pour justifier sa volonté de continuer à demeurer le plus haut responsable au sommet de l´état. Dans le cas de Faure Gnassingbé au Togo, aucun signe d´un début de développement après 20 ans passés à la tête du pays, aucune amélioration dans l´état des finances publiques; au contraire, la gabégie, la corruption et les massifs détournements de l´argent public, qui avaient déjà cours, mais plus ou moins maîtrisés, pendant les 38 ans du père, sont devenus le sport favori de Faure Gnassingbé et de son entourage en toute impunité. Aujourd´hui, nous pouvons affirmer sans nous tromper que le programme de gouvernement et la philosophie politique de Faure Gnassingbé pour le Togo consistent en une répression féroce de toute voix dissidente pour qu´il puisse continuer à jouir du pouvoir, sans jamais s´adresser à son peuple, et surtout sans retombées positives visibles d´un quelconque travail de sa part.

Faure Gnassingbé refuse de s´exprimer après les dernières manifestations contre son maintien au pouvoir. Il refuse surtout toute ouverture politique avec l´opposition, ouverture qui devrait commencer par la libération des plusieurs dizaines de prisonniers politiques qui croupisssent depuis plusieurs années et dont certains sont malades ou ont déjà quitté ce monde. Un comportement qui laisse présager de sa part de mauvaises intentions pour le Togo. Jusqu´où Faure Gnassingbé est-il prêt à aller dans sa soif du pouvoir pour le pouvoir, dans sa négation du Togolais et de la nation togolaise, surtout qu´il peut compter, du moins jusqu’à aujourd’hui, sur une armée trop peu républicaine?

Samari Tchadjobo
Allemagne

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