Deux réunions cruciales, tenues ce mardi 5 août à la Maison de la Santé, ont réuni les syndicats et les organisations corporatistes du secteur de la santé autour d’un objectif commun : impulser une nouvelle dynamique à la réforme sanitaire au Togo.
C’est dans un contexte de réformes inachevées et de revendications persistantes que les acteurs syndicaux, réunis autour du SYNPHOT et d’autres structures professionnelles, ont tenu deux rencontres stratégiques ce mardi. Une initiative perçue comme une tentative de reprise en main du destin collectif des soignants togolais. Le ton est clair : l’heure est à l’unité, à la cohésion et à la détermination.
« Il y a une série de problèmes qui nous ont poussés à ces rencontres », confie le Dr Gilbert Tsolenyanu, secrétaire général du SYNPHOT. « Il s’agit notamment du concours de recrutement dont les résultats se font toujours attendre, de l’absorption complète des contractuels des budgets autonomes, mais aussi de la nécessité d’opérationnaliser la Convention collective sectorielle et de finaliser les ordres paramédicaux. »


Ces deux réunions ont ainsi permis de dresser un état des lieux sans concession et d’amorcer des engagements concrets pour sortir d’une forme d’inertie institutionnelle. Pour les syndicats, il est temps de franchir un cap décisif dans la modernisation du système de santé.
Un secteur à refonder, des professionnels à réunifier
L’un des enjeux majeurs mis en exergue est la création des ordres paramédicaux, dont l’absence continue de retarder la structuration éthique et professionnelle du secteur. « C’est un sujet qui cristallise les passions, car il s’agit de définir les corporations, leurs attributions et leur champ d’action », explique Dr Tsolenyanu. « Mais cette réforme est indispensable. Notre pays ne peut plus rester à la traîne pendant que les autres avancent. »
En parallèle, les syndicats ont dénoncé la non-application de certains arrêtés ministériels, notamment celui relatif au code vestimentaire dans les structures de santé. Une mesure pourtant essentielle pour permettre une identification claire des professionnels et lutter contre les imposteurs infiltrés dans les hôpitaux.
Vers une nouvelle ère de mobilisation syndicale
Un autre fait marquant de ces échanges, c’est la volonté affichée par les syndicats de se réapproprier leur pouvoir d’action. « Nous avons décidé de prendre le pouvoir — excusez-moi l’expression », lance le Dr Tsolenyanu. « Cela signifie que désormais, tout recrutement d’agent de santé passera obligatoirement par les structures ordinales et corporatives compétentes. Nous allons aussi exiger que tous les professionnels s’inscrivent dans leurs associations et syndicats respectifs. »
Pour Dr Sébastien Plakoo, également présent à ces rencontres, les attentes sont simples mais urgentes : « Le personnel de santé togolais veut juste une chose : l’amélioration de ses conditions de travail et de vie. Cela passe par de meilleurs salaires, des primes revalorisées, mais aussi par une cohérence entre les différentes corporations. »
Un appel à l’unité pour accompagner les réformes
Alors que le gouvernement togolais a consenti à certaines avancées — recrutement de plus de 6000 agents en cinq ans, revalorisation des primes de garde, régularisation des avancements bloqués — les syndicats estiment que le processus reste insuffisant et incomplet.
Ces rencontres s’inscrivent donc dans une logique de refondation globale. À la fois sur le plan administratif, déontologique et social. « La modernisation est en marche », martèle Dr Gilbert Tsolenyanu. « Et c’est ensemble que nous allons garantir la réussite de la Couverture Santé Universelle. »
Le secteur de la santé togolais cherche désormais à sortir de l’immobilisme, avec ses propres outils et ses propres voix. Et dans cette quête, la mobilisation syndicale pourrait bien être l’arme la plus puissante.