À Dapaong, la troisième session ordinaire du conseil régional des Savanes s’est tenue du 5 au 15 août 2025 dans des conditions singulières. Faute de disposer d’une salle adéquate à son siège, l’institution a été contrainte de louer la salle Foadan de l’hôtel Dapaong, déboursant 1,2 million de F CFA pour dix jours de location, soit 120 000 F CFA par jour, sur fonds publics.
Selon L’Alternative.info, cette dépense illustre l’un des paradoxes de la décentralisation au Togo. Conformément à la loi sur la décentralisation et les libertés locales, les conseillers régionaux s’étaient réunis pour étudier et adopter le budget primitif 2025. Mais derrière le rituel institutionnel apparaît une réalité préoccupante : l’absence d’infrastructures adaptées pour accueillir les instances locales.
À Dapaong, comme dans de nombreuses localités, les structures issues de la réforme (communes, conseils régionaux, gouvernorats) sont installées dans des bâtiments loués, souvent inadaptés. Résultat : des dépenses récurrentes qui pèsent sur les finances publiques et fragilisent la crédibilité du processus de décentralisation.
Alors que celle-ci devait rapprocher l’État des citoyens et renforcer l’efficacité locale, elle se résume trop souvent à une vitrine politique : élections organisées à grand renfort de communication, mais sans planification pour doter les nouvelles institutions d’un cadre de fonctionnement durable.
À long terme, ces frais répétés de location représentent des dizaines de millions engloutis. Un investissement initial dans des sièges dédiés aurait permis d’éviter une telle saignée financière. Plus largement, ce bricolage institutionnel traduit un manque de vision et alimente un sentiment d’improvisation.
La décentralisation, censée incarner proximité et efficacité, donne pour l’instant l’image d’un chantier inachevé. Les citoyens, eux, continuent de financer une politique sans fondations solides.