Togo- MPDD : Quand la mémoire de Dr Agbéyomé Kodjo est sacrifiée sur l’autel des arrangements politiques

Quelques mois après la disparition de son président fondateur, le Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement semble tourner le dos au combat qui a forgé son identité.

Août 2024. À peine quelques mois se sont écoulés depuis la disparition du Dr Agbéyomé Messan Kodjo, ancien Premier ministre et figure emblématique de l’opposition togolaise, que le Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) opère un virage qui interroge, voire scandalise ses militants les plus fidèles.

Lors d’une déclaration publique, le président par intérim du MPDD a affirmé que le parti allait « abandonner le combat du président fondateur » et « revenir à [ses] fondamentaux », après une posture jugée « trop radicale » entre 2020 et 2024. Des propos qui résonnent comme une rupture brutale avec l’héritage politique et les idéaux pour lesquels Dr Kodjo avait engagé toute sa vie publique.

Plus choquant encore, le dirigeant intérimaire à l’époque  a laissé entendre que le MPDD pourrait « travailler avec n’importe quelle formation politique », sans se limiter à l’intérêt général de la population.

Derrière ces mots, une réalité se cache. En effet, selon des indiscrétions, le MPDD serait en  tractations pour s’associer avec le parti au pouvoir, l’UNIR, afin de lui offrir un soutien dans la conquête des mairies dans certaines circonscriptions électorales, où à l’issue du scrutin du 17 juillet dernier, l’opposition a pris une petite avance.

Comment un parti se réclamant de l’opposition peut-il œuvrer à renforcer un pouvoir déjà hégémonique ? Comment justifier qu’après avoir combattu pour la démocratie, on choisisse d’aider un adversaire politique à gagner encore davantage de terrain, au détriment des électeurs qui attendaient du MPDD une alternative crédible ?

Pour de nombreux observateurs, cette stratégie s’apparente moins à un « retour aux fondamentaux » qu’à une reddition pure et simple. Loin de l’esprit combatif et visionnaire de Dr Kodjo, cette réorientation ressemble à un calcul politique visant à se ménager des places et des faveurs, plutôt qu’à défendre les valeurs démocratiques qui constituaient l’ADN du parti.

Ce virage est perçu par une partie de la base comme une véritable trahison, un coup de poignard porté à la mémoire de celui qui avait bâti le MPDD sur la résistance et l’indépendance vis-à-vis du pouvoir en place. Les militants qui ont bravé menaces, arrestations et intimidations au nom de cette cause voient aujourd’hui leur combat vidé de sens. Pire encore, cette alliance envisagée avec l’UNIR, parti qui détient déjà la quasi-totalité des leviers de pouvoir, donne l’impression que le MPDD se prépare à devenir un simple satellite docile, dépouillé de toute ambition propre.

En quelques mois, l’héritage du président fondateur semble ainsi relégué au rang de souvenir encombrant. Et dans les rangs du MPDD, la fracture entre ceux qui veulent honorer la mémoire de Dr Kodjo et ceux qui préfèrent composer avec le pouvoir ne cesse de s’élargir, laissant planer le doute sur l’avenir même de la formation. En tout cas le peuple n’est pas dupe. Il vous attend!

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