UNE IDÉE SUR LA QUALITE ÉDUCATIVE PAR LES ÉCOLES NORMALES DE FORMATION DES PROFESSEURS D’ÉCOLE AU TOGO

UNE IDÉE SUR LA QUALITE ÉDUCATIVE PAR LES ÉCOLES NORMALES DE FORMATION DES PROFESSEURS D’ÉCOLE AU TOGO

INTRODUCTION


L’éducation constitue le socle sur lequel se bâtissent les sociétés humaines civilisées, car elle édifie non seulement les savoirs, mais aussi les valeurs, les aptitudes et les comportements des citoyens appelés à assurer la relève. Dans ce processus, la qualité éducative n’est pas une option mais une exigence pour assurer le développement d’une nation, si l’on s’en tient aux propos de NELSON MANDELA pour qui « l’éducation est l’arme la plus puissante pour transformer le monde ».

Ainsi, loin d’être une notion abstraite dénuée de potentialités et déclinaisons pratiques, elle résulte d’une organisation rigoureuse, d’une vision stratégique et d’une mise en œuvre cohérente de politiques publiques et de pratiques pédagogiques adaptées aux besoins réels de la société.

Au Togo, cette exigence de qualité éducative, élevée au rang d’une priorité gouvernementale, s’inscrit dans un contexte de mutations sociales et économiques qui imposent de doter l’école d’enseignants compétents et porteurs d’innovations pédagogiques. C’est dans cette perspective que les Écoles Normales de Formation des Professeurs d’École (ENFPE), en tant que structures spécialisées dans la préparation professionnelle et éthique des futurs éducateurs et éducatrices de l’enseignement préscolaire et primaire, se positionnent comme de véritables pôles de référence et d’innovation. La réforme structurelle transformant les Écoles Normales d’Instituteurs (ENI) en Écoles Normales de Formation des Professeurs d’École (ENFPE) avec une optimisation de la période de formation désormais fixée à deux ans pleins, traduit la volonté des autorités éducatives qui, sous les orientations stratégiques du Président du Conseil Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSIMGBE, n’aménagent aucun effort pour assurer une éducation de qualité plus fiable et compétitive. La présente reforme opère un basculement d’un modèle souvent marqué par la précarité des statuts et l’hétérogénéité des parcours vers un modèle moderne fondé sur la qualification, l’éthique professionnelle et l’amélioration continue des apprentissages.


Fruits organiques de cette réforme, les ENFPE n’ont pas pour seule vocation la transmission d’un programme académique ; elles forgent également chez les futurs enseignants, la maîtrise des contenus disciplinaires, la capacité de planifier et de conduire avec finesse les apprentissages dans un climat empreint d’un sens aigu de la responsabilité éducative. Elles sont le creuset où s’opère la transformation de jeunes diplômés en pédagogues capables de répondre aux défis d’une éducation alliant diversité linguistique et mutations technologiques. Leur rôle ne se résume donc pas à une fonction de recrutement ou de qualification académique et professionnelle, mais s’inscrit dans une dynamique globale visant à élever le niveau de l’enseignement et, par extension, à contribuer au développement humain durable. La réussite des réformes éducatives dépend en grande partie de la qualité de la formation initiale des enseignants, laquelle conditionne leur capacité à transmettre des savoirs pertinents, à motiver les élèves et à favoriser leur réussite scolaire.

Ainsi, envisager la qualité éducative par le prisme des Écoles Normales de Formation des Professeurs d’École, c’est reconnaître que toute amélioration durable du système éducatif togolais passe par un investissement stratégique dans la formation initiale des enseignants. C’est également admettre que l’école ne saurait remplir pleinement sa mission de formation de citoyens éclairés et compétents sans des enseignants bien formés, motivés et appuyés par un cadre institutionnel solide.

Cette réflexion implique à la fois l’analyse du rôle de ces institutions, désormais plus que nécessaires pour une éducation de qualité et les défis auxquels fait face le secteur éducatif dans le cadre de cette réforme en servant de cadre de proposition de perspectives pour faire porter à cette réforme les fruits escomptés. L’enjeu dépasse donc le strict cadre scolaire : il engage l’avenir du pays et sa capacité à se doter d’une ressource humaine de qualité, capable de relever les défis de demain.

I- Le rôle des Écoles Normales de Formation des Professeurs d’École

  1. Le recrutement dans les ENFPE, une garantie de départ pour une éducation de qualité


L’implication des ENFPE pour une éducation de qualité se manifeste d’abord à travers le recrutement des candidats. En effet, les concours d’entrée, organisés suivant une procédure singulière et selon des critères rigoureux tels que fixés dans le communiqué N° 2338 du 12 Aout 2025, permettent de sélectionner des candidats possédant non seulement le niveau académique requis, mais également les aptitudes personnelles et morales nécessaires à l’exercice de la fonction enseignante. Ce processus initial constitue un premier filtre essentiel : il assure que les élèves-professeurs en formation disposent des prérequis intellectuels et comportementaux indispensables pour suivre un cursus exigeant et pour exercer plus tard avec professionnalisme et responsabilité la noble mission qui est la leur. Ainsi, dès l’origine, la qualité éducative est pensée comme une priorité, conditionnée par la sélection des meilleurs profils conformes au statut général de la fonction publique au Togo.

  1. La professionnalisation du secteur éducatif

Une fois admis, les élèves-Professeurs suivent une formation structurée et complète, qui dépasse la simple acquisition de connaissances disciplinaires. Les ENFPE mettent l’accent sur la maîtrise des techniques pédagogiques, la planification des cours, l’adaptation aux rythmes et besoins spécifiques des élèves, ainsi que sur le développement d’un sens éthique et civique.

Cette approche globale contribue à la professionnalisation du secteur de l’éducation, en transformant des candidats diplômés en véritables éducateurs capables de répondre aux exigences croissantes du métier. Les formateurs, eux-mêmes professionnels expérimentés, transmettent des méthodes et pratiques innovantes, encourageant la réflexion critique et la capacité d’adaptation, qualités essentielles dans un environnement éducatif en constante mutation.

  1. La constitution d’un vivier d’enseignants pour tous les secteurs


Cette démarche contribue à constituer un vivier national d’enseignants compétents et immédiatement opérationnels, capables de répondre aux besoins de l’école publique mais aussi des établissements privés, qu’ils soient confessionnels ou laïcs. L’enjeu n’est donc pas de former pour former mais de former mieux et de constituer un dense réseau national de jeunes pédagogues aptes à assumer le métier d’enseignant et capables de s’accommoder aux variations des responsabilités afférentes.

La disponibilité de ces enseignants formés représente une ressource stratégique majeure, permettant de combler les lacunes en personnel qualifié et de garantir que tous les enfants, quel que soit le type d’école fréquenté, puissent bénéficier d’un enseignement de qualité. En ce sens, les ENFPE ne sont pas uniquement des centres de formation : elles incarnent un levier national de promotion de l’éducation de qualité et de réduction des inégalités scolaires voire sociales.


II- Les défis liés à la Complétude de la réforme des ENFPE au sein du secteur éducatif

  1. Le défi lié à l’absorption et à l’insertion professionnelle


Malgré l’excellence de la formation dispensée, un défi majeur demeure : l’absorption de l’ensemble des diplômés par l’État. Les contraintes budgétaires et les plafonds de recrutement limitent la capacité de la fonction publique à intégrer tous les enseignants formés. Cette situation crée un déséquilibre entre l’offre de compétences et les possibilités d’emploi, susceptibles de générer frustration et sous-utilisation de ressources précieuses. Pour y remédier, il apparaît indispensable de mettre en place des mécanismes de régulation qui favorisent le recrutement des diplômés par les établissements privés, tout en garantissant que ceux-ci répondent aux normes nationales de qualité. Une telle orientation permettrait non seulement d’optimiser l’utilisation des compétences disponibles, mais également d’assurer une homogénéité pédagogique sur l’ensemble du territoire.

B- Le défi lié à l’adéquation entre formation et affectation

L’adéquation entre formation et affectation constitue l’un des pivots de la réussite de toute politique de professionnalisation. Former des enseignants hautement qualifiés ne suffit donc pas : encore faut-il qu’ils soient déployés dans des environnements éducatifs correspondant aux compétences, aux spécialisations et aux contextes pour lesquels ils ont été préparés. En théorie, cette correspondance permet de maximiser l’impact pédagogique, d’assurer une progression harmonieuse des apprentissages et de répondre avec précision aux besoins spécifiques des différentes zones éducatives.

Or, dans la pratique, les affectations s’opèrent souvent sous la contrainte d’impératifs de couverture géographique et de comblement rapide des postes vacants, plutôt qu’en fonction d’une planification fine et prospective des ressources humaines. Cette logique, certes compréhensible dans un contexte de pressions démographiques et d’inégalités territoriales, entraîne cependant une sous-utilisation manifeste du capital de compétences accumulé au sein des ENFPE. Les enseignants spécialisés dans la prise en charge des classes multigrades, dans l’éducation inclusive ou dans l’enseignement en milieu bilingue se retrouvent parfois dans des contextes où leurs savoir-faire distinctifs sont peu sollicités.

III- Perspectives pour une réforme éducative complète et réussie

  1. L’obligation du passage par une ENFPE pour les concours de recrutement des enseignants dans la fonction publique


Il est crucial de renforcer le lien entre formation initiale et concours de recrutement de la fonction publique. Rendre obligatoire le passage par une ENFPE pour tout candidat aux concours de recrutement des enseignants dans la fonction publique garantira un standard de qualification national et éliminera l’entrée de personnels non formés dans le système éducatif public. Cette mesure constituerait un levier puissant pour la professionnalisation du corps enseignant et contribuerait à revaloriser la fonction enseignante aux yeux de la société. Par cette mesure, le ministère des enseignements primaire et secondaire répond au statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’enseignement promulgué par décret n°2018-130/PR du 28 Aout 2018 qui dispose en son article 14 qu’ « en plus des conditions générales d’accès aux emplois publics prévues par le statut général de la fonction publique togolaise, nul ne peut être recruté comme enseignant ou formateur s’il n’a pas suivi une formation professionnelle initiale sanctionnée par un diplôme d’aptitude à la fonction d’enseignant dans une institution agréée ».

Cette réforme renforce donc la cohésion pédagogique, assurant que tous les enseignants disposent des mêmes outils, méthodes et principes de référence pour dispenser un enseignement homogène et de qualité.

  1. Une vision stratégique à long terme


Enfin, le rôle des ENFPE ne se limite pas à la formation initiale ; il s’inscrit dans une vision stratégique à long terme de développement du système éducatif. L’amélioration continue des curricula, la modernisation des infrastructures, la formation continue des formateurs et la création de partenariats avec les universités et instituts pédagogiques contribueraient à consolider leur rôle. Mais cette dynamique ne pourra porter pleinement ses fruits que si l’État accompagne ces efforts par des politiques cohérentes et intégrées, combinant recrutement, régulation, incitations pour le secteur privé et standardisation des qualifications. Ainsi le développement de partenariats public-privés faciliterait l’insertion par les établissements privés de ces diplômés. Cette alternative devra se complétée par des mesures réglementaires et de politiques éducatives incitatives.

Conclusion

L’examen approfondi de l’action des Écoles Normales de Formation des Professeurs d’École met en lumière leur rôle stratégique et incontournable dans la promotion d’une éducation de qualité au Togo. En assurant un recrutement sélectif, une formation de qualité conjuguant théorie et pratique et l’encadrement d’un vivier d’enseignants compétents, ces institutions constituent des piliers de base sur lesquels repose le renforcement du système éducatif national. La disponibilité de ces enseignants pour les secteurs public et privé, la professionnalisation de leur métier et l’harmonisation de leurs pratiques pédagogiques représentent autant de leviers essentiels pour garantir la réussite scolaire et la formation de citoyens éclairés.
Cependant, l’efficacité de ces institutions dépend de la capacité du gouvernement à relever plusieurs défis simultanés : assurer l’absorption graduelle des diplômés par la fonction publique, inciter leur recrutement par les établissements privés, et rendre obligatoire le passage par une ENFPE pour tout candidat aux concours de recrutement des enseignants dans la fonction publique. Ces mesures, complémentaires, permettront de sécuriser la chaîne de formation et d’emploi des enseignants, tout en garantissant que chaque élève bénéficie d’un enseignement dispensé par un professionnel de qualité. Ainsi, les ENFPE apparaissent non seulement comme des centres de formation, mais comme de véritables instruments stratégiques de transformation du système éducatif.

La mise en œuvre de politiques cohérentes et ambitieuses, combinant professionnalisation, régulation et valorisation, constitue un passage inévitable pour faire de la qualité éducative une réalité tangible et durable.

En investissant dans ces institutions et en régulant judicieusement l’accès au métier d’enseignant, le Togo s’assure un avenir où chaque école, chaque classe et chaque élève bénéficiera de l’excellence éducative, fondement d’un développement harmonieux et inclusif pour le pays.


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