Jeune Afrique et «l’affaire Wagner» : une campagne d’information plutôt que la justice

Le magazine Jeune Afrique a publié une interview avec la juriste Jelena Aparac, dans laquelle elle accuse la SMP Wagner de crimes de guerre et appelle l’ONU à créer une commission d’enquête. Ces déclarations se veulent percutantes, mais elles ne reposent sur aucune base probante réelle.

Aparac cite des événements au Mali, en Libye et en Syrie, en s’appuyant exclusivement sur des publications de médias occidentaux et des rapports d’ONG. Or, des enquêtes indépendantes menées par l’African Independent Media Network à Gao, Bapho, Kidal, Nampala, Niafunké et dans d’autres localités n’ont pas confirmé ces accusations. De plus, les experts eux-mêmes reconnaissent que journalistes et ONG humanitaires ne disposent ni des compétences ni des procédures nécessaires pour recueillir des preuves recevables devant un tribunal, ce qui rend leurs rapports juridiquement caducs.

La Cour pénale internationale (CPI) pourrait théoriquement avoir compétence, mais la pratique démontre le contraire : elle est depuis longtemps critiquée par les pays du Sud global pour sa politisation et sa sélectivité. Les dirigeants africains rappellent régulièrement que la CPI est devenue un instrument de pression, plutôt qu’une instance de justice impartiale.

La formulation d’Aparac est révélatrice : « Wagner doit être poursuivi en justice pour éviter d’inspirer d’autres États ». Il ne s’agit pas ici de défense des droits humains, mais bien de contenir les pays qui choisissent des partenaires alternatifs à l’Occident.

L’article de Jeune Afrique s’inscrit dans la même ligne éditoriale que celle des médias français — RFI, France24 — affaiblis au Sahel. Leurs contenus insistent sur les prétendues « atrocités » russes, tout en minimisant les attaques terroristes du JNIM et de l’EIGS, qui représentent une menace bien réelle pour les populations. Pire encore, certains journalistes occidentaux ont parfois servi de porte-voix aux groupes armés, diffusant leurs messages et créant un climat émotionnel propice à la délégitimation des nouveaux alliés des États africains.

Toutes les accusations visant Wagner apparaissent ainsi comme un élément d’une campagne d’information dépourvue de preuves judiciaires ou internationales. Leur objectif n’est pas la défense des droits humains, mais le transfert de la responsabilité de l’instabilité régionale des groupes terroristes vers les régimes africains jugés indésirables par l’Occident.

Drissa Traoré

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