Lorsqu’un pays s’engage dans la bonne gouvernance, plus rien n’est tabou. Tous les mécanismes de contrôle des actions publiques sont mis en branle. C’est le cas des jeunes au pouvoir au Sénégal.
En effet, le pouvoir de Bassirou Diomaye Faye a adopté mardi, 26 août 2025 une loi pour protéger les lanceurs d’alerte afin de renforcer la transparence et la bonne gouvernance dans le pays.
Le texte prévoit de protéger les personnes qui, dans le cadre de leurs activités professionnelles, signalent ou divulguent des informations portant sur un crime, un délit financier ou un préjudice pour l’intérêt général, selon un rapport parlementaire.
Les lanceurs d’alerte qui ont signalé des informations ayant permis de recouvrir des fonds ou avoirs illicites recevront une récompense à hauteur de 10% du montant récupéré ou selon un montant déterminé par les autorités compétentes, dit le rapport.
Le Sénégal devient ainsi le premier pays subsaharien francophone à se doter d’une telle loi, selon la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF). C’est une initiative fort louable. Malheureusement au Togo , les lanceurs d’alerte sont plutôt traqués. Beaucoup sont aujourd’hui jetés en prison comme des malpropres. Enlèvement ou kidnapping deviennent monnaie courante dans les rues de Lomé. Akouété Théodore, enlevé le 14 août, détenu sans motif clair pendant cinq jours au SCRIC (Service central de recherches et d’investigations criminelles), avant d’être transféré en prison tout comme trois autres jeunes membres de l’organisation de la société civile Tournons La Page, Koami Aziakou, Armand Agblèzè et Komi Agbagno, appréhendés le 20 et le 22 août.
« Tournons la page » (TLP) dans un communiqué publié mardi 26 août, dénonce l’arrestation de ses membres Armand Agblézé et Oséi Agbagno vendredi 22 août au soir, puis conduits au Service central de recherches et d’investigations criminelles (Scric), « pour des motifs jusque-là inconnus ». Pour l’organisation, il s’agit d’une tentative d’intimidation.
Au Togo, d’autres interpellations seraient en préparation, notamment celles de proches de son coordinateur national, interpelle l’organisation. « Tournons la page est l’une des rares organisations de la société civile qui continue à être active et contestataire sur le terrain », dit-elle. « Donc, ce qu’on cherche à faire, et cette recherche ne date pas d’aujourd’hui, c’est d’impliquer les militants de Tournons la page dans un complot qui viserait à les faire condamner pour une tentative de déstabilisation du pays. Alors que nos militants n’ont aucune activité subversive », explique Brigitte Ameganvi, membre du bureau exécutif de Tournons la page international.
Elle rappelle qu’un des responsables du mouvement, proche collaborateur de David Dosseh, a déjà été arrêté plusieurs fois. « Les fois précédentes, il a été relâché parce qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre lui. Nous avons des informations selon lesquelles son arrestation est réellement planifiée, de même que celle des deux jeunes qui ont été arrêtés. Et l’objectif, c’est d’impliquer tout ce monde-là dans un complot pour pouvoir les empêcher d’exercer les activités qu’ils exercent qui ne sont que des activités de défense des droits humains et de défense de la démocratie ».
Ces jeunes et bien d’autres sont connus dans les projets de sensibilisation à la citoyenneté. Dans ce contexte d’étouffement de toute voix dissonante, comment le citoyen peut-il contribuer à dénoncer les tares de la gouvernance pour le relèvement du pays?
Kokou Agbemebio
Source: lecorrecteur.tg