À Nadégré, la quiétude des habitants est mise à rude épreuve par un problème persistant : les fissures répétées des tuyaux d’eau potable au niveau des traversées de routes. La nature rocailleuse du sol ne permet pas d’enterrer les canalisations à plus de 5 cm, exposant les installations aux passages des engins lourds et aux casses fréquentes.
La ville de Dapaong vit depuis plusieurs années avec ce phénomène, notamment dans les quartiers de Nadégré et Yangbingbane, réputés pour être caillouteux. Lors de l’extension du réseau d’eau potable, ces zones périphériques, longtemps délaissées, ont fini par attirer des habitants séduits par des terrains autrefois moins chers, mais aujourd’hui devenus très convoités. Malgré les difficultés liées aux rochers, les populations s’y sont installées, construisant maisons et fosses septiques à grand renfort d’efforts.
Cependant, pour bénéficier de l’eau potable, nombre de ménages doivent tirer des canalisations sur des centaines de mètres, voire des kilomètres, faute d’être situés à proximité du gros tuyau de la TDE. Or, à chaque traversée de route caillouteuse, l’enterrement des tuyaux devient presque impossible. Les propriétaires se contentent d’une mince couche de ciment pour les protéger. Mais au passage des camions et autres bennes chargées de sable, les canalisations cèdent, laissant jaillir des jets d’eau en pleine nuit et provoquant une hausse des factures.
Pris dans ce cercle vicieux, les habitants enchaînent les réparations de fortune, à raison de trois ou quatre interventions par an. « Je suis chauffeur de profession et rarement à la maison. Souvent, on m’appelle pour m’annoncer que mon tuyau a été cassé par un engin. Chaque fois, il faut payer un plombier. Cela finit par peser lourd sur le budget », témoigne M. Titonne Yaldja, l’un des nombreux victimes de ces casses.
Même désarroi chez Mme Ouro Nassaratou : « À cause des rochers, on n’arrive pas à enterrer nos tuyaux. Au moment où tu t’y attends le moins, un camion passe et écrase la canalisation. Chaque réparation me coûte au moins 15 000 F CFA. Honnêtement, je suis dépassée. »
Au-delà de l’eau potable, ce sol rocailleux complique également la construction de fosses septiques et de latrines. De nombreuses familles, notamment les plus vulnérables, peinent à s’en doter et sont contraintes de faire leurs besoins à l’air libre. Une pratique qui pose un problème de santé publique et menace l’environnement.
Les populations appellent l’État à intervenir. D’abord en réalisant des fouilles profondes grâce à des moyens techniques sophistiqués, afin de permettre un enfouissement correct des canalisations. Ensuite, en rapprochant davantage l’extension du réseau d’eau des ménages, ce qui éviterait les longues distances à couvrir par des tuyaux précaires et mal protégés.
En attendant une réponse structurelle, les habitants de Nadégré et de Yangbingbane continuent de subir les coûts financiers et psychologiques d’un problème qui n’a que trop duré.
Marc Kobigue
Stagiaire
Source: Laabali.com