Au Togo, l’affaire Steeve Rouyar continue de susciter des interrogations. Ce Français de 44 ans, originaire de Guadeloupe, est détenu depuis le 6 juin à Lomé, après avoir été interpellé lors des manifestations contre le pouvoir de Faure Gnassingbé. Inculpé de complot contre la sûreté intérieure de l’État et de troubles aggravés à l’ordre public, il reste incarcéré après le rejet de sa demande de remise en liberté provisoire.
Son père, Dominique Rouyar, exprime régulièrement son impuissance face à la situation : « Les conditions de détention sont extrêmement difficiles. (…) Il était parti pour faire le rapprochement entre les Gentilés et le Togo. Là, je me trouve démuni devant un État, devant une justice togolaise que je ne connais pas. »
Une image manipulée pour illustrer son arrestation
Dans cette affaire sensible, une polémique s’ajoute. Une photo de Steeve Rouyar a été utilisée par des médias connus pour leur proximité avec le gouvernement togolais; Parmi eux, un site qui se décrit d’ailleurs comme « portail officiel d’information de la République Togolaise » pour illustrer un article annonçant son arrestation. Problème : l’image diffusée est manipulée. L’originale n’avait aucun lien avec les manifestations, mais la version publiée le montre en arrière-plan d’incendies et de scènes de violence. Et il n’y a aucune note indiquant que l’image est utilisé à titre illustratif.
Cette pratique a été dénoncée publiquement par Clément Boursin, responsable des programmes et du plaidoyer Afrique à l’ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), sur le réseau X (ancien Twitter). Dans son message, il a partagé le lien de l’article incriminé et une capture d’écran mettant en évidence la manipulation :
Deux poids, deux mesures ?
Ce cas soulève des interrogations sur la manière dont certains médias proches du pouvoir traitent l’information. Alors que les autorités dénoncent l’usage d’images générées par intelligence artificielle pour illustrer les manifestations de juin dernier, aucune réaction officielle n’a été relevée à propos de cette manipulation visuelle.
Par ailleurs, la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a récemment interpellé d’autres médias pour avoir diffusé des images jugées « inexactes » concernant les violences policières. Une différence de traitement qui alimente les critiques d’une communication à géométrie variable.