La députée de l’opposition à l’Assemblée nationale, Kafui Adjamagbo-Johnson, a sillonné plusieurs écoles primaires de sa circonscription du Golfe, à l’occasion de la rentrée scolaire 2025-2026. Son constat est sans appel : la rentrée n’a pas été une réussite, malgré les déclarations officielles du gouvernement.
Des écoles en grande difficulté
Les visites, effectuées les 15 et 16 septembre, ont concerné cinq établissements : les Écoles Primaires Publiques (EPP) Massouhoin et Camp Général Gnassingbé Eyadéma à Golfe 3, le Lycée du 2 Février à Golfe 5 – interdit à la visite pour travaux de réhabilitation –, ainsi que l’EPP Kodomé et l’EPP Nyékonakpoé Ouest à Boka, Golfe 4.
À Massouhoin, fondée en 1974 et reconnue officiellement par l’État en 2023, les élèves suivent les cours sous des appâtâmes, certaines classes dépassant 120 élèves, faute de salles et d’enseignants. Les infrastructures sont vétustes : absence d’électricité, toilettes de fortune, clôtures précaires, et cantine inexistante. Les parents contribuent eux-mêmes à la construction de nouvelles classes, et la mairie n’intervient que ponctuellement pour l’assainissement.
À l’EPP Camp Général Gnassingbé Eyadéma, l’école bénéficie d’électricité et de bâtiments anciens mais fonctionnels. Néanmoins, le manque d’infrastructures sanitaires, l’absence d’infirmerie et la proximité d’espaces ouverts exposent les enfants à des risques. La cour est souvent utilisée par des jeunes du quartier, aggravant la vulnérabilité des élèves. La sécurité et l’hygiène restent des défis majeurs.
À Kodomé, l’EPP surplombe un dépotoir et des taudis en tôle. Un bâtiment neuf financé par la mairie a rapidement subi des dégradations : portes volées, robinets arrachés, sols abîmés, forage inutilisable et terrain de jeux inexistant. Les élèves n’ont pas accès à la cantine et l’école n’est pas électrifiée. Les parents ont financé un compteur Cash Power pour pallier l’absence d’électricité, mais le quotidien reste précaire.
L’EPP Nyékonakpoé Ouest à Boka souffre également d’un manque criant d’enseignants, d’infrastructures délabrées et d’insalubrité persistante. Les toilettes sont inutilisables, les sols abîmés, et une salle de classe est même dangereusement endommagée. Les élèves subissent en plus des inondations et un environnement insalubre aggravé par l’absence de collecte régulière des déchets.
Quant au Lycée du 2 Février, fermé depuis 2023 pour travaux, sa non-disponibilité à la visite met en lumière le manque de planification et ses conséquences : rallongement des trajets pour les élèves, classes surchargées dans d’autres lycées et coûts supplémentaires pour les parents.
Une rentrée scolaire loin d’être satisfaisante
Mme Adjamagbo-Johnson dénonce un décalage profond entre les annonces gouvernementales et la réalité des écoles publiques. « Les infrastructures sont vétustes, les enseignants insuffisants, les conditions sanitaires alarmantes. Les écoles n’ont ni cantines, ni infirmeries, ni matériel informatique », souligne-t-elle. Elle constate également un manque de sécurité, avec vols récurrents de portails, bancs et équipements.
La députée attire l’attention sur le fait que certaines écoles disposent de seulement 50 000 à 60 000 francs par mois pour leur fonctionnement, alors que les besoins dépassent largement ces montants. Dans ce contexte, la gratuité de l’école primaire semble encore loin de la réalité. Les associations de parents d’élèves souhaitent intervenir, mais sont limitées par le cadre légal et la peur de sanctions pour les directeurs d’école.
Priorités et recommandations pour le budget 2026
Face à cette situation, la député de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), Mme Adjamagbo-Johnson, formule plusieurs recommandations :
- Réhabiliter et sécuriser les infrastructures scolaires existantes avant tout lancement de nouveaux projets ;
- Renforcer et stabiliser les effectifs enseignants pour réduire la surcharge des classes et améliorer la qualité de l’enseignement ;
- Intégrer la santé et l’hygiène dans la politique éducative, avec des budgets dédiés aux cantines, infirmeries et sanitaires.
Elle insiste également sur l’équipement des écoles en outils numériques et pédagogiques modernes, et sur la sécurisation des établissements pour éviter les vols et dégradations. « Les écoles doivent être des lieux sûrs, salubres et motivants pour les élèves », rappelle-t-elle.
À l’approche de la session budgétaire 2025-2026, la députée s’engage à porter ces problématiques au débat parlementaire et à assurer un suivi rigoureux pour que chaque franc investi dans l’éducation bénéficie réellement aux élèves et aux enseignants.
Les constats de terrain dressent un portrait préoccupant des écoles publiques à Lomé et l’intérieur du pays, soulignant un écart alarmant entre les annonces gouvernementales et la réalité quotidienne. Pour Mme Adjamagbo-Johnson, seule une action urgente et coordonnée de l’État et des partenaires pourra garantir une éducation digne et sécurisée aux enfants, restaurer la confiance des citoyens dans le système éducatif et construire le Togo de demain.