Tout ça pour ça ? Pourrions-nous être tentés de demander. La montagne a accouché d´une souris, pourrait-on également ajouter. Mais en dehors des personnalités, masculines comme féminines, dont les noms reviennent depuis toujours dans les gouvernements de Faure Gnassingbé, et qui sont synonymes de refus du changement, de surplace, et d´immobilisme politique, la question que pourrait se poser tout observateur de la vie politique togolaise est celle de savoir si les causes du drame politique togolais, depuis surtout 2005, sont à rechercher du côté du profil des membres du gouvernement, ou de la personnalité même de Faure Gnassingbé. La question pourrait se poser autrement : n´avons-nous pas au Togo un problème de volonté politique ou de compétence au sommet de l´état ? Arrivé accidentellement au pouvoir à la mort de son père en 2005, maintenu en place à l´aide de manipulations constitutionnelles, de persécution et de répressions tous azimuts de l´opposition et des populations togolaises, avec pour conséquences les massives violations des droits de l´homme et des crimes de toutes sortes, Faure Gnassingbé est-il vraiment l´homme qu´il faut à la place qu´il faut ?
Si les analystes qui se penchent souvent sur l´énigme politique togolaise, arrivent à la conclusion que le problème togolais s´appelle Faure Gnassingbé, alors on peut former des gouvernements comme on veut, Faure Gnassingbé peut continuer à manipuler les uns contre les autres, pour espérer renforcer son pouvoir, rien ne changera sous le soleil togolais. L´avenir du Togo, à l´allure où vont les choses dans la situation de blocage total voulu par le régime d´en face, n´est pas du tout rose. Et ce sentiment de pessimisme est et doit être malheureusement partagé par les Togolais et les Togolaises jusqu´à preuve du contraire. Quand on voit comment les pays voisins du Togo se développent en termes d´infrastructures pendant que l´état de nos villes, de nos routes, et de toutes les installations, devant profiter aux populations, est dans une situation de pourrissement avancé, on n´a pas besoin d´avoir étudié à Sciences-Po pour déduire que le régime politique actuel du Togo n´est pas là pour le développement du pays. Les nombreux projets mort-nés dus aux massifs détournements de fonds qui font s´endetter inutilement le pays pour des générations et l´impunité dont jouissent les malfaiteurs, autour du pouvoir, sont là pour l´attester.
Par ailleurs, nous apprenons que la DMP (Dynamique pour la Majorité du Peuple) a publié une déclaration pour contester la légitimité du nouveau gouvernement. Nous ajoutons que c´est tout le régime Gnassingbé qui est contesté et illégitime ; et tous les attelages, pour se donner une illusion de légitimité, comme l´existence d´une assemblée nationale monocolore, l´existence d´un sénat inutilement budgétivore, l´existence de gouverneurs de régions dont personne n´a besoin et la nomination d´un gouvernement, ne sont qu´une fuite en avant qui marque encore plus la gouvernance hasardeuse de Faure Gnassingbé. Et le plus grand attelage peu réfléchi ou plutôt mal ficelé n´est autre que la fameuse 5e république qui fait de notre pays un régime parlementaire. Déjà mal en point et incompétent sur toute la ligne, Faure Gnassingbé, en voulant être plus gourmand, en croyant ainsi flouer ses concitoyens pour rester éternellement au pouvoir, a tendu un piège dans lequel il s´est fait prendre lui-même.
Oui, Faure Gnassingbé n´est pas du tout serein, car il sait qu´il est contesté par la plus grande partie de son peuple, au pays et dans la diaspora. Même Marguerite Gnakadé, une intime et ancienne très proche collaboratrice au gouvernement, le conteste, conteste son pouvoir et demande son départ ; pas pour des motifs personnels, mais pour des raisons justes et justifiées par sa façon lamentable de prétendre diriger aux destinées du Togo. Et la maintenir en détention depuis quatre semaines, croyant l´avoir mise sous éteignoir pour l´empêcher de s´exprimer, organiser une véritable chasse à l´homme en faisant arrêter à tour de bras tout Togolais et toute Togolaise, pour un oui ou pour un non, n´est pas la solution ; car le vrai problème, qui n´est autre que la mal gouvernance du pays par Faure Gnassingbé et ses collaborateurs, demeure.
C´est pourquoi nous disons que la formation d´un nouveau gouvernement n´est que la poursuite de ce jeu malsain qui consiste à se mettre ensemble, depuis des décennies, avec des gens qui ont juré la perte de leurs compatriotes, pour continuer à siphonner les ressources de tous les Togolais, alors qu´à côté dans notre voisinage immédiat, les agendas des dirigeants consistent à améliorer le quotidien de leurs concitoyens. Le régime togolais manque tout simplement de courage, de bonne volonté, d´amour pour son peuple et probablement de compétence, pour aborder les vrais problèmes du pays et les résoudre. Et c´est pourquoi Faure Gnassingbé peut attendre plus de 5 mois pour sortir de son chapeau de magicien les mêmes visages, à quelques exceptions près, pour continuer à faire vivre aux Togolais le même calvaire. Le supposé président de la République, Monsieur Savi de Tové, théoriquement inaugurateur de chrysanthèmes, est invisible. Quant au maître des lieux, Faure Gnassingbé, très discret et peu bavard, pour ne pas dire silencieux, il se fiche éperdument du sort de ses compatriotes et se délecte des délices du pouvoir ; un pouvoir désormais dans la rue. Face à ce drame socio-politique togolais, qui dure depuis plus d´un demi-siècle, une question se pose : qui sifflera quand la fin de la récréation ?
Samari Tchadjobo
Allemagne
Après la formation au forceps du gouvernement, quel sera le prochain épisode du chaos togolais ?
