Depuis l’avènement de la 5e République, plusieurs dispositions de la constitution notamment l’article 95 et l’article 15 de la loi organique portant règlement intérieur de l’assemblée nationale sont violées. Même l’article 3 du décret n*2019-08/PR pour l’élection des maires et adjoints est violée dans la Kozah. Les institutions qui doivent garantir le respect des principes de gouvernement et des pratiques parlementaires elles-mêmes ne sont pas conformes.
Ce qui explique le silence coupable de la cour constitutionnelle face à ce “cas de force majeure » voulu et imposé. Ce qui nous oblige à nous interroger sur la volonté politique quant au respect de la constitution, déjà taillée sur mesure. Paradoxalement, cela donne l’impression d’un régime peu respectueux des principes démocratiques et confirme le caractère d’une République bananière que nous pouvons nous permettre de qualifier de “Médiocratie”.
Des esprits lucides l’avaient annoncé depuis un temps. On peut accorder encore 20 ans à Faure Gnassingbé, il ne pourra plus rien apporter de nouveau. Son seul projet c’est s’éterniser au pouvoir. Il n’a aucun plan, aucun projet, aucune vision pour le Togo. La preuve, le nouveau gouvernement, présenté il y a quelques jours, n’est qu’un ramassis de courtisans dépourvu de vision, sans un véritables esprit d’hommes d’état. Il s’agit d´hommes et de femmes politiquement déjà usés, avec un régime sans âme ni hauteur, marqué par la rancœur tenace et qui en réalité ne tient que grâce à la division de l’opposition.
Depuis l’avènement de la 5e République, la refondation promise n’a pas eu lieu. La constitution taillée sur mesure, non adaptée, n’est pas respectée non plus. Aucun article de cette constitution ne confère au Président du Conseil le pouvoir de nommer les ministres. La preuve, le décret de nomination de ce gouvernement fait seulement mention de la constitution, sans se référer à aucune disposition constitutionnelle.
Aujourd’hui, plus personne ne se trompe. La loi ne s’applique pas aux “plus forts” mais, à ceux qui osent les défier. Les derniers cas en date sont: le poète Affectio, la juriste Chimène Akou Apevo, plus d’une dizaine de jeunes dont Foly Satchivi, le vieux Akouété Théodore et la sage-femme Grâce Bikoni Koumayi, arrêtée pour une deuxième fois en moins de quatre mois le 3 octobre dernier et qui a affirmé avoir été victime de torture de même que son intimité violé. Il ne faut pas oublier plusieurs cas de morts en détention des militants de Tigre Révolution.
Dès lors, l’on peut affirmer sans risquer de se tromper que ce régime a atteint les limites de la chosification et de la déshumanisation de son peuple totalement meurtri et abusé.
Le nouveau gouvernement a fini par révéler son vrai visage en violation du principe sacro-saint du droit selon lequel “il n’y a pas de pouvoir sans la loi. De même, il n’y a pas de pouvoir au-delà de la loi. Ainsi, la constitution de la 5ème république n’ayant attribué à personne, la compétence de nomination des ministres, il y vice de compétence qui peut entraîner des conséquences en matière de contestation de certains actes juridiques devant des tribunaux spécialisés.
Au demeurant, on retrouve les mêmes personnes recyclées et maquillées depuis 20 ans pour un changement qu’ils ont eux-mêmes empêché. Pire, avec de nouveaux ministères aux contours flous et contenus creux et des ministres maires. Dans ces conditions, qui du préfet de la localité ou du maire représente le pouvoir central ?
Malgré l’avènement du régime parlementaire tant vanté pour ses supposés mérites, le rétrécissement de l’espace des libertés publiques reste le principe. Les manifestations pacifiques sont interdites, les syndicats surtout estudiantins neutralisés, la presse bâillonnée, les journalistes et les militants politiques de l’opposition régulièrement arrêtés et parfois torturés en violation du principe de la sacralité de la personne humaine proclamé par constitution.
Le fait notoire est que le régime se comporte comme un prédateur qui gère dans l’opacité totale et met en place, à tous les niveaux, un plafond de verre pour empêcher l’épanouissement du peuple. Cette pratique par le musellement des réseaux sociaux se fonde désormais sur une nouvelle prétendue infraction, annoncée par le procureur près du tribunal de Lomé à travers son point de presse du 3 octobre, en toute usurpation de posture. Cette nouvelle infraction qualifiée de “complicité par approbation “ n’est qu’une manière de contrôler et de surveiller l’information. Il s’agit d’une stratégie qui consiste à empêcher le réveil populaire et protéger le pouvoir. Ce qui explique la multiplication des décisions absurdes d’abord avec la sortie ubuesque d’un procureur en manque de sensation et des mensonges honteusement professés à la tribune des Nations Unies sans oublier la braderie et la gabegie financière avec la caution des institutions de Bretton Woods.
Dès lors, le peuple togolais ne devrait pas se laisser abuser. C’est le moment de structurer les mouvements et protéger les leaders, refuser la provocation et transformer le ressenti collectif en organisations citoyennes pour transformer la colère populaire en action concrète.
Aujourd’hui, après 5 mois de vide en matière d’application des principes et de pratique de la 5e République, le président du Conseil nous a offert un gouvernement pour le moins en dessous des attentes, avec l’illusion de performance.
A priori, rien n’a changé sous le soleil avec les vieilles habitudes sur fond de corruption et de copinage pour neutraliser les contre-pouvoirs et les voix dissidentes. La jeunesse et les médias sont neutralisés pour éviter toute remise en cause. Tout est mis en place pour la manipulation, la fourberie, le maquillage des échecs avec de faux chiffres qu’on brandit.
Comment explique-t-on le fait que des ministères-piliers du système se retrouvent rattachés à la Présidence du Conseil.
N’est-ce pas un échec ? Le comble du ridicule c’est le passage du Président de l’Assemblée nationale au poste de ministre de l’urbanisme, vidant le bureau de l’Assemblée Nationale de sa substance et réduite à sa portion congrue; une dévalorisation de certains ministres, devenus ministres-délégués parfois sans portefeuille clair. Ce qui les transforme en guignolets pour un jeu de chaises musicales sans aucune orientation politique.
Face à cette situation que doit faire l’opposition?
Le monde avance et la domination de la minorité sur la majorité par le maquillage et le rafistolage cosmétique de la réalité ne peuvent assurer la stabilité et l’équilibre social. Il s’agit de vieilles pratiques qui sont désormais dépassées avec l’avènement de la generation Z.
Aujourd’hui, plus rien ne rassure. C’est pour cela que ni la constitution, ni la logique politique de musellement sans aucune planification, ni les mécanismes de conservation du pouvoir, plus rien ne peut arrêter la volonté du peuple. Il faut alors une nouvelle politique de développement avec des hommes et des femmes compétents et conscients du retard à rattraper dans une Afrique en pleine mutation.
Les temps ont changé et personne ne peut plus empêcher le processus de l’éveil de la conscience patriotique et souverainist des peuples africains.
Depuis le 6 juin 2025, la jeunesse de notre pays s’est engagée pour bâtir dans la transparence et l’équilibre politique, une société pouvant garantir la souveraineté du peuple et restaurer la république.
Partout en Afrique aujourd’hui, les peuples se réorganisent et les Togolais dans leur ensemble, civils comme militaires, depuis un certain moment, montrent des signes de lassitude.
Le peuple togolais observe et il est conscient de sa capacité à se libérer.
Croire que toutes les manœuvres de capture du pouvoir marchent toujours est une illusion. La jeunesse togolaise est consciente d’une vérité universelle : “on ne peut pas arrêter le vent mais, on peut ajuster les voiles”. Le vent du changement souffle très fort partout rendant revolu, le temps des promesses creuses sans lendemain.
Le Togo a besoin d’une nouvelle élite formée et forgée dans la conscience nationale qui prime sur la conscience tribale, afin de vaincre la division qui favorise la corruption, et fragilise toute initiative devant permettre d’amorcer les perspectives du progrès et du développement partagé.
Ainsi, même au fond du gouffre, il faut organiser la résistance avec intelligence et renforcer tous les symboles de l’unité. Il faut le noter une fois pour de bon. Il y a des choses qu’on ne donne pas: la liberté et la vie. D’où la nécessité d’un mouvement charismatique de convergence à la fois vertical avec tous les acteurs de la jeunesse, des hommes et femmes, civils comme militaires, et horizontal avec la participation de tous les leaders des partis politiques de l’intérieur et de la diaspora, pour une émergence d’une nouvelle force politique. Ce qui permettra de mettre fin à un pouvoir inique qui se renouvelle et se régénère tout le temps par la la force militaire, la fraude électorale et le mépris de son peuple.
OURO-AKPO Tchagnaou, président du mouvement Lumière pour le Développement dans la Paix (LDP).