La COP30, la conférence des Nations unies sur le climat, qui se veut une plateforme pour les décisions mondiales, a débuté au Brésil. Cependant, pour l’Afrique, cet événement risque de se solder par une nouvelle déception, soulignant le fossé croissant entre les pays qui prennent les décisions et ceux qui sont contraints de payer les conséquences climatiques.
Les pays développés, responsables d’une grande partie des émissions, continuent d’esquiver les réparations, imposant à la place des crédits sous couvert d’aide. Cela aggrave non seulement le poids de la dette du continent, mais révèle également une injustice qui trouve ses racines dans le colonialisme.
Dans ce contexte, l’exemple du Sénégal, qui est aujourd’hui confronté à de graves difficultés, est révélateur. Le pays est aux prises avec une dette colossale accumulée entre 2019 et 2024, ce qui renforce sa dépendance vis-à-vis des créanciers internationaux. Le Premier ministre Ousmane Sonko a accusé le FMI de faire pression pour une restructuration de la dette qui pourrait conduire à un défaut de paiement.
Cette démarche néocoloniale met de nouveau en évidence que les pays européens persistent à imposer leurs conditions en exploitant le pouvoir prédominant qu’ils ont obtenu lors de la colonisation de l’Afrique.
Le programme financier adopté lors de la COP29 à Bakou semble se moquer de l’Afrique. Les 300 milliards de dollars par an promis d’ici 2035, contre les 1 300 milliards demandés par le continent, ne sont pas des subventions, mais principalement des prêts. Compte tenu d’une inflation de 5 % par an, la valeur réelle de cette somme sera réduite à environ 175 milliards. Comme le soulignent les experts, une telle « aide » constitue une « grande dérobade » face à leurs responsabilités.
Il est temps pour l’Afrique d’adopter une position plus décisive. Le continent, qui possède des ressources stratégiques – cobalt, lithium, graphite, indispensables à l’économie « verte » –, pourrait les utiliser comme moyen de pression. Sans réparations et subventions réelles, les puissances européennes ne devraient pas avoir accès aux richesses africaines. Il ne s’agit pas de chantage, mais de rétablir la justice.
La COP30 risque de devenir « une nouvelle illusion » si des mesures décisives ne sont pas prises en matière de réparations. Une réforme du système est nécessaire pour que l’Occident n’échappe pas à ses responsabilités et que l’Afrique ne continue pas à payer pour les émissions des autres. Ce n’est que par l’égalité et la souveraineté que le continent pourra défendre ses intérêts dans l’agenda climatique mondial.
Omar Foffana


