Le décret instituant le franc CFA, jadis ‘franc des colonies françaises d’Afrique’ et depuis quelques décennies ‘franc de la communauté financière africaine’, a été pris le 25 décembre 1945. Il y a donc 80 ans jour pour jour que le président du gouvernement provisoire de la République française, Charles de Gaulle, a signé le décret portant création de ce franc. Autrefois arrimée à taux fixe au franc français, cette unité monétaire est depuis 2002 liée à l’euro.
Selon l’histoire, le général français a fait appel à son ministre des finances, René Pléven et à son ministre des colonies, Jacques Soustelle, de lui préparer un décret de création du franc des Colonies françaises d’Afrique (CFA). Et quand ce décret a été apprêté, le général de Gaulle, conformément au premier article de ce décret, a créé le franc CFA. C’est donc par un simple décret qu’est né ce franc, sans aucune prise en compte des critères de convergences.
À ce jour, le franc CFA est utilisé par une quinzaine d’États indépendants africains. Il s’agit du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République centrafricaine et du Tchad dans la zone de l’Union monétaire d’Afrique centrale (UMAC) ; du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et l’Union des Comores.
Il ne s’agit pas du même franc CFA. Suivant la zone, ce franc diffère. Un Togolais qui quitte sa zone pour le Cameroun ou le Gabon pour ses affaires ou ses vacances, ne peut utiliser directement son argent (XOF) dans ces 2 pays (XAF). Il devra reconvertir son franc CFA en euro qui sera à son tour reconverti dans le franc CFA de ces pays visités.
Ces dernières années, le ton monte contre cette monnaie ‘coloniale’ utilisée par des pays indépendants. Nicolas Agbohou, auteur du livre intitulé ‘le franc CFA et l’euro contre l’Afrique’, ne cesse d’appeler les Etats africains à l’éveil et à la création d’une monnaie unique africaine. Selon lui, la création d’une monnaie par un Etat relève d’une simple décision politique triviale. On n’a pas besoin de se poser la question sur des critères de convergence.
L’économiste togolais Kako Nubukpo, l’un des contempteurs du franc CFA a, en 2017 dit clairement ce qu’il reprochait à cette monnaie. « Je reproche en particulier au franc CFA d’être, s’agissant du chômage des jeunes, un système qui réprime les crédits qui devraient permettre aux jeunes africains d’investir, d’avoir des activités, de créer eux-mêmes leurs activités », disait-il au micro d’une radio.
La plus féroce des critiques contre le franc CFA viendra de l’économiste Tchundjang Pouemi, dans son livre intitulé ‘monnaie, servitude et liberté’. Selon ce Camerounais, « la France est le seul pays au monde à avoir réussi l’extraordinaire exploit de faire circuler sa monnaie dans des pays politiquement libérés ».
Ce qui ne plaît pas à cet économiste, c’est le fait qu’on ait choisi de faire du sujet sur la monnaie, une question ‘élitiste’, alors que, soutient-il, la monnaie est une question de chaque jour, qui prend en compte la vie de tous les individus, qu’il soit agriculteur, artisan, père ou mère de famille et même les générations à venir.
Dans ce livre publié au début des années 1980, l’économiste estime que c’est faute d’accorder aux questions monétaires l’attention qu’elles méritent que l’Afrique inflige à ses enfants, et plus encore à ceux qui ne sont pas encore nés, des souffrances tout à fait gratuites.
La fin du franc CFA n’est pas pour demain
En décembre 2009, l’idée de la création de l’éco, une monnaie unique des 15 Etats membres de la Communauté économique et monétaire ouest africaine (CEDEAO), a refait surface. Sa mise en place a été prévue pour le 3è trimestre de 2020 mais elle a été repoussée à une date indéfinie. En 2023, les chefs d’Etat et de gouvernement réunis, se sont séparés à cause de l’absence du consensus sur la mise en œuvre de cette monnaie unique. Dans les coulisses, on parle de 2027 comme étant la bonne année.
En fait, l’idée de la création de l’éco, monnaie unique des 15 Etats de cet espace communautaire, y compris le Nigeria, est plus ancienne. Cette idée remonte à 1983. Seize (16) critères de convergence ont été définis. Ils ont finalement été ramenés à 8. « Lorsqu’on est souverain, on décide politiquement. Il faut que les Africains ouvrent les yeux. Il n’y a pas de critères de convergence socioéconomiques dont on parle à longueur de journée. Ces critères qu’on copie auprès de l’Union européenne, elle ne les respecte même pas », soutient l’économiste Nicolas Agbohou.
Source : Globalactu.com
