Advertisements

Togo- Il risque 20 ans de prison pour avoir été dans un groupe WhatsApp

Arrêté depuis 3 mois, Abel Yawo Atitso, secrétaire général de la Synergie des Élèves et Étudiants du Togo (SEET), croupit actuellement à la prison civile de Lomé. Dans une lettre adressée à la jeunesse togolaise depuis sa cellule, l’étudiant dénonce une « injustice ». Il risque 20 ans de prison pour avoir appelé à plus de démocratie et à de meilleures conditions de vie. Bonne lecture.

Jeunesse consciente du Togo,

Chers Étudiantes et Étudiants,

Chers Élèves,

Je m’appelle Abel Yawo Atitso, Secrétaire général de la Synergie des Élèves et Étudiants du Togo (SEET).

C’est avec un cœur lourd et rempli d’affliction que je m’adresse à vous. Cela fait trois mois que j’ai été privé de ma liberté. Le 03 septembre 2025, J’ai été arrêté à mon lieu de stage et détenu au Service Central de Recherche et d’Investigation Criminel (SCRIC) puis déféré à la prison civile de Lomé le 08 septembre 2025.Depuis, je ne comprends plus rien de ce qui se passe. On cherche à me faire condamner pour un minimum 20 ans. Pourtant, je n’ai fait que clamer tout haut ce que vous tous vous pensiez tout bas dans une interview accordée à la chaîne française TV5 MONDE.

Ce que j’ai vu et subi à l’université d’abord en ma qualité d’étudiant puis celle de responsable de structure estudiantine, m’a fait prendre conscience de la nécessité de réformes profondes dans notre système éducatif car le développement d’un pays est lié à ce dernier; comme le dit la maxime : “Tant vaut l’école, Tant vaut la nation”. Un système éducatif performant, produit des grands ingénieurs, des bons scientifiques, des grands médecins, des gestionnaires compétents, des bons agronomes, des grands docteurs, des grands littéraires, des bons enseignants….etc.

En ma qualité de secrétaire général, j’ai toujours veillé à ce que la cause des élèves et étudiants soit entendu . J’ai toujours fait de l’amélioration des conditions de vie et d’études mon cheval de bataille.

Nous avons décidé avec l’ensemble du bureau exécutif de ne pas accepter des compromissions. Nous avons interpellé l’administration universitaire et gouvernementale sur la plupart des décisions qui ne sont pas à l’avantage des élèves et étudiants. On a eu à faire des actions et à rencontrer les autorités sur plusieurs problèmes tels que celui de l’application de cours en ligne, des devoirs et rattrapages, des coûts des prestations de services , de restauration, de sonorisation dans les amphi, de coût du transport, de la revalorisation des bourses et allocations, conformément à la cherté de la vie actuelle.

Nos interpellations sont souvent restés lettre morte. Il ne faut en exemple pas que les étudiants en sciences entendent parler seulement de la Liqueur de felling sans le voir ni le toucher en réalité.

Dans la foulée. J’ai reçu des menaces et des intimidations venant des personnes anonymes ,certains mêmes ont promis de me faire vivre l’enfer si je continue dans cette lancée en défendant les droits et intérêts des élèves et étudiants. Je réalise donc soudain que ces menaces semblent être désormais mis en exécution.

Pour en venir à mon arrestation, dans la nuit du 22 Août 2025,un groupe d’amis s’est rencontré dans un bar à Lomé pour un moment de détente, rencontre à laquelle je n’y étais Point. Dans la même nuit, deux parmi ces derniers, ont été arrêtés. Mon arrestation et détention jusqu’à ce jour, se justifie auprès des autorités judiciaires par le fait que j’étais membre d’un groupe WhatsApp avec eux.

Mais au fond, la question du groupe WhatsApp n’est qu’un alibi. Qui veut noyer son chien l’accuse de rage dit-on. Aujourd’hui, je suis en prison, juste parce que j’ai fait acte de mon droit à la liberté d’expression.

Mes conditions de détention sont dramatiques. Tout est mis en place pour me faire vivre exactement l’enfer promis.

Chers camarades, à quoi servent la liberté, l’état de droit et la démocratie que chante le gouvernement si nous ne pouvons pas exprimer nos pensées sans craintes d’être arrêtés?

Chers élèves, camarades étudiants, l’avenir radieux auquel nous rêvons tous ne saurait se réaliser, si nous continuons par répondre aux dérives graves par le silence. Nos rêves que nous voyons s’effriter, peuvent encore être sauvés, mais à condition que nous y impliquons tous corps et âme contre l’injustice et les détentions arbitraires comme dans mon cas. Allez-vous continuer par détourner votre attention de ma situation comme si rien n’était ? Aujourd’hui c’est moi qui subi de plein fouet l’injustice. A qui le tour demain? Face à l’injustice, le silence n’ est que complicité.

Pour clore, l’or de l’humanité rêvé par les pères fondateurs, ne saurait se réaliser en créant de la division et en entretenant sciemment les frustrations d’une partie de la jeunesse. j’en appelle donc à la responsabilité des dirigeants Togolais, afin que ceux-ci prennent des justes mesures pour apaiser le pays et créer un climat de confiance entre les Togolais.

Que l’Eternel bénisse le Togo!

Abel yawo Atitso, Secrétaire général de la SEET.

Fait à la prison civile de Lomé le 03 Décembre 2025.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *