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Togo : Transferts monétaires, « ils traitent les symptômes, pas les causes »

À peine annoncé, le Programme national de protection sociale, qui prévoit des transferts monétaires au profit de plus de 700 000 personnes vulnérables, suscite des réactions contrastées au sein de l’opinion publique togolaise. Si le gouvernement présente cette initiative comme un levier pour renforcer la résilience des ménages face aux difficultés économiques, plusieurs voix critiques dénoncent une réponse jugée insuffisante aux problèmes structurels du pays.

Porté sous la haute impulsion du Président du Conseil, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, le programme vise, selon les autorités, à consolider le filet de protection sociale, réduire la pauvreté structurelle et lutter contre l’exclusion sociale. Le lancement est annoncé pour le 18 décembre 2025, au complexe sportif de Kotokoli-Zongo, en présence des partenaires techniques et financiers, dont la Banque mondiale.

Cependant, dans un contexte marqué par des tensions sociales persistantes, des critiques sur la gouvernance et des appels à des manifestations, l’annonce ne fait pas l’unanimité. Pour certains acteurs de la société civile, ces transferts monétaires relèvent davantage d’une aide ponctuelle que d’une véritable politique de transformation économique.

Parmi les premières réactions, figure celle de Marthe Nounfoh Fare, activiste togolaise connue pour ses prises de position contre la controversée Cinquième République. Dans une réponse au gouvernement, elle estime que ces transferts, bien que pouvant apporter un soulagement temporaire, ne constituent pas une solution durable à la pauvreté.

« Les transferts monétaires présentés comme l’aumône du Roi Faure Gnassingbé à la population togolaise peuvent soulager, encore faut-il que ce soit une entrée conséquente, mais ne résolvent pas la pauvreté », affirme-t-elle.

Selon elle, le cœur du problème réside dans une confusion entre assistance immédiate et réforme de fond : « La confusion entre aide immédiate et solution structurelle est au cœur du problème. Ils traitent les symptômes, pas les causes. »

L’activiste souligne que la pauvreté au Togo découle de facteurs profonds et persistants tels que le chômage, l’informalité, les inégalités de genre, ainsi que l’accès limité à l’éducation, à la santé, à la terre et au crédit. « Un transfert monétaire améliore temporairement le pouvoir d’achat. Il ne modifie ni les rapports de pouvoir, ni l’accès aux ressources productives », ajoute-t-elle.

Ces critiques relancent le débat sur l’efficacité des politiques sociales dans un pays confronté à de multiples défis économiques et sociaux. Si le gouvernement mise sur ce programme pour apaiser les tensions et soutenir les ménages les plus fragiles, ses détracteurs appellent, eux, à des réformes structurelles plus profondes, jugées indispensables pour un développement durable et inclusif.

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