Dans le nord du Togo, l’exil a un visage, celui d’Ibrahim, 47 ans, agriculteur burkinabè devenu réfugié après les violences armées qui frappent le Sahel depuis près de quinze ans. Comme des milliers d’autres civils, il a fui son pays natal pour échapper aux attaques de groupes armés et tenter de préserver sa famille.
Originaire d’un village de l’ouest du Burkina Faso, Ibrahim menait jusqu’en 2024 une vie paisible avec sa femme et leurs huit enfants. « J’ai 47 ans et je viens d’un village à l’ouest du Burkina Faso. Jusqu’en 2024, j’y vivais avec ma femme et nos huit enfants. Là-bas, nous avions vingt hectares de terre sur lesquelles je cultivais du mil, du maïs, des haricots, des arachides… », raconte-t-il. Ces cultures assuraient l’autosuffisance alimentaire de la famille et permettaient parfois de générer un petit revenu.
Cette stabilité bascule brutalement avec l’arrivée de la violence. « Cette vie heureuse a pris fin le jour où un groupe de personnes armées jusqu’aux dents est arrivé dans notre village ; elles étaient très nombreuses et avaient le visage masqué, on ne voyait que leurs yeux. » Les habitants sont rassemblés de force et chassés de leur localité.
Commence alors un épisode traumatisant. « Pendant vingt jours, nous sommes restés leurs otages dans la brousse. Elles ont tué certains villageois, d’autres sont morts de faim et de soif, de peur, ou encore égarés dans la brousse. Nous dormions sous les arbres, sans nattes, à même la terre. » La survie devient une épreuve quotidienne, jusqu’à une fuite risquée. « Heureusement, un jour, profitant d’un moment où leur surveillance s’était relâchée, ma famille et moi avons réussi à nous enfuir dans la nuit. »
La famille prend alors la route de l’exil. « Nous sommes partis vers l’est du Burkina Faso et avons ensuite obliqué au sud, vers le Togo. Nous étions nombreux à nous enfuir ensemble. Ma famille a cheminé pendant vingt jours, avant de finalement se réinstaller dans une ville à la frontière nord du Togo. »
Si la sécurité est retrouvée, la précarité s’impose. « Ici, nous sommes en sécurité mais la vie n’est pas facile. J’ai perdu mes champs et je ne peux rien cultiver, ma femme n’a pas d’emploi et les enfants ne vont pas à l’école. » Pour survivre, Ibrahim multiplie les petits travaux agricoles ou mendie occasionnellement au marché.
Dans ce contexte, l’aide humanitaire joue un rôle déterminant. « C’est pourquoi le soutien de HI nous a été précieux. Avec leur aide, nous avons pu acheter ce qu’il nous manquait : des sacs de riz, du sel, de l’huile et toutes les nattes que nous possédons aujourd’hui. »
Au nord du Togo et du Bénin, HI déploie une réponse d’urgence visant à soutenir à la fois les réfugiés et les communautés hôtes. L’organisation intervient notamment dans l’accompagnement psychosocial et l’assistance financière. Entre avril 2024 et septembre 2025, plus de 1 150 personnes ont bénéficié d’un soutien psychosocial, tandis que près de 13 000 personnes ont reçu une aide financière au Togo.
Pour Ibrahim, malgré les pertes et les traumatismes, l’avenir reste à reconstruire, pas à pas, loin de sa terre natale.
Source: IciLome avec HI


