Togo- Fichier électoral: Une nouvelle interpellation de Mme Louise Mushikiwabo par les OSC

Au Togo, des organisations de la société civile (OSC) saisissent à nouveau la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Mme Louise Mushikiwabo, sur le fichier électoral. Dans une lettre ouverte, elles demandent que l’OIF se rétracte des conclusions des experts du 16 novembre 2023 sur la fiabilité du fichier électoral togolais. « Faute de quoi l’OIF seras tenue responsable pour ce qu’il adviendra au Togo en cas de coup de force électoral », menacent ces OSC. Lecture.

LETTRE OUVERTE

Madame Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF),

Objet : Les OSC réitèrent leur demande que l’OIF se rétracte des conclusions des experts du 16 novembre 2023 sur la fiabilité du fichier électoral togolais

Madame la Secrétaire générale,

À travers nos précédentes lettres ouvertes des 22 et 27 novembre 2023, vous vous êtes finalement rendue compte que les Experts de l’OIF, en faisant un rétropédalage dans leur mise au point du 24 novembre 2023, ont véhiculé et entretenu des contre-vérités graves relatives, l’une à la fiabilité et la transparence de l’opération du recensement électoral, l’autre au caractère inclusif de leur démarche, notamment en ce qui concerne la prétendue participation de la société civile.

Récemment en décembre 2023, le Conseil Permanent de la Francophonie (CPF) a suspendu, avec effet immédiat, le Niger des instances de la Francophonie, suite au coup d’État du 26 juillet 2023 par les militaires réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), motif pris de ce que ce pays a connu, par ce coup d’État, une violation de l’ordre constitutionnel et une rupture de la démocratie.

Madame la Secrétaire générale,

L’OIF sait et reste consciente qu’au Togo règne une des anciennes et féroces dictatures d’Afrique, avec toutes ses velléités de conservation à vie du pouvoir d’État et leurs répercussions néfastes sur les libertés fondamentales et le processus de démocratisation. La société civile togolaise et d’autres forces démocratiques se battent chaque jour, difficilement d’ailleurs, dans un contexte fortement liberticide et périlleux, pour le respect des droits de l’Homme, des normes et principes de l’État, de la bonne gouvernance et de la démocratie.

Cette société civile a eu, avec l’appui de votre organisation, à faire la vulgarisation de certains instruments de l’OIF, notamment la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000 sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone et celle de Saint-Boniface du 14 mai 2006 sur la Prévention des conflits et Sécurité humaine.

Il est donc très surprenant, fortement fâcheux, voire consternant, de se rendre compte après coup que par leurs conclusions sur la fiabilité des opérations de recensement et du fichier électoral fortement contestés par les acteurs politiques et de la société civile, les Experts de l’OIF mettent eux-mêmes à mal l’évolution et l’aboutissement du processus de démocratisation enclenché depuis les années 1990.

Ces conclusions, sans aucun doute, viennent à la sauvette, renforcer la dictature au Togo et la tirer d’affaires, au moment où toutes les institutions, notamment le gouvernement, la Cour constitutionnelle, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), souffrent d’une paralysie et d’un immobilisme du fait de la fin du mandat des députés de l’Assemblée nationale actuelle.

Nous vous rappelons que le fichier électoral que vos experts ont déclaré fiable en dépit des nombreuses irrégularités qui ont été relevées dans le cadre de son élaboration, constitue le levier fondamental sur lequel se base la dictature togolaise pour passer en force dans le cadre de l’organisation des élections législatives et régionales au Togo. L’OIF, votre organisation, sert donc sans ambages, de levier au maintien de la dictature au Togo. C’est sidérant !

Il est inconcevable et inadmissible que l’OIF se mette à défendre, de façon sélective et à géométrie variable, des valeurs démocratiques. Pendant qu’elle dénonce et suspend de ses instances l’État du Niger pour raison de coup d’État militaire, elle cautionne curieusement un coup d’État électoral au Togo, alors qu’il s’agit d’une même finalité au bout du compte, l’absence du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à se donner librement et dignement leurs dirigeants.

C’est pourquoi, et au regard de ce qu’elles ont abondamment développé dans leurs courriers des 22 et 27 novembre 2023, les organisations de la société civile togolaise demandent fortement à l’OIF de se rétracter purement et simplement des conclusions du 16 novembre 2023 que la Mission des experts a livrées sur l’audit du fichier électoral au Togo.

Faute de quoi l’OIF en général, le chef de la Mission des experts, Monsieur Désiré Nyaruhirira et vous-même en particulier, seront tenus responsables pour ce qu’il adviendra au Togo en cas de coup de force électoral et ses conséquences sur la situation sociopolitique du Togo et sur la vie des Togolais.

Dans l’attente que le contenu de notre lettre retienne votre bienveillante attention, nous vous prions de croire, en l’expression de notre considération distinguée.

Pour les Organisations,

M. Daguerre K. AGBEMADOKPONOU (ALCADES)

M. Monzolouwè B. E. ATCHOLI KAO (ASVITTO)

 M. Chris Yayra AGOBIA (CODITOGO)

M. Christophe Komlan TETE (GAGL)

M. Bassirou TRAORE (GCD)

M. Koffi DANTSEY (GLOB)

M. Poro EGBOHOU (FDP)

Dr Emmanuel H. SOGADJI (LCT)

Me Célestin Kokouvi G. AGBOGAN (LTDH)

Me Raphaël N. KPANDE-ADZARE (MCM)

M. Issaou SATCHIBOU (MJS)

M. Bertin BANDIANGOU (SEET)

2 thoughts on “Togo- Fichier électoral: Une nouvelle interpellation de Mme Louise Mushikiwabo par les OSC

  1. Ces bêtises sont encore devant les togolais. Pourquoi c´est maintenant ces problèmes de fichiers électoraux? J´ai honte pour soit disant opposition..

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