“EVALA”, dernier documentaire de Matthieu Abalo, plonge les spectateurs au cœur des rituels ancestraux des luttes Evala dans la région de la Kara, au Togo. Alors que de nombreux pays africains voient leurs traditions disparaître depuis l’influence de la colonisation et de la modernisation, ce film explore la persistance de la lutte initiatique des Evala, marquant le passage à l’âge adulte des jeunes hommes.
À travers des témoignages du terrain des images travaillées, le tout bien rythmé, “EVALA” offre un regard nouveau sur l’importance culturelle et identitaire de cette tradition, tout en appelant à un renouveau des liens avec les racines africaines.
Dans les coulisses de ces luttes initiatiques
Le documentaire “EVALA” explore les rituels des Evala dans leur contexte contemporain. Car, au-delà de la lutte elle-même, qui est connue et regardée par le grand public, les Evala sont avant tout un rituel initiatique avec ses codes, ses pratiques, ses interdits, etc. Le documentaire s’intéresse donc dans ces coulisses des Evala, afin de donner un aperçu au spectateur des rites et de la tradition qui entourent les Evala. Le film s’appuie sur les récits des aînés et des entraîneurs pour contextualiser l’importance historique et culturelle de ces rituels dans la société kabyè. À travers cette œuvre cinématographique, Matthieu Abalo cherche à éveiller la jeunesse à l’importance de préserver ses traditions culturelles comme fondement du développement.
“On ne peut pas tout filmer dans un rituel”
Le film était initialement conçu comme un reportage pour une chaîne de télévision. Mais le projet a évolué vers un documentaire complet à la suite d’une immersion profonde dans la communauté des Evala. Malgré les défis rencontrés, notamment l’accès restreint à certains rituels sacrés, Abalo a su capturer l’essence même de cette tradition avec sensibilité et respect. “On ne peut pas tout filmer dans un rituel, par exemple j’ai été encadré par les entraîneurs des Evala, et je ne pouvais pas aller plus loin sur le rocher Ahoé où s’entraînent les jeunes lutteurs Evalou plusieurs jours avant le combat !” se souvient Matthieu ABALO.
Un engagement personnel pour réconcilier “tradition” et “modernité”
Avec “EVALA,” Matthieu Abalo témoigne de son engagement envers la préservation du patrimoine culturel africain. Animé par un profond désir de faire entendre les voix souvent oubliées de son pays et de son Continent, il partage son lien intime avec le sujet à travers chaque image et chaque témoignage capturé dans le documentaire. Alors qu’”EVALA” fait son chemin à travers les festivals nationaux et internationaux, les premiers retours du public sont positifs. Le film suscite des discussions animées sur l’importance de préserver les traditions tout en embrassant le changement. Il est salué pour ses explications authentiques des rituels des Evala, et il est attendu avec impatience dans de nombreux événements cinématographiques à venir.
Matthieu Abalo, et l’amour du 7ème art
Outre “EVALA”, Matthieu Abalo poursuit d’autres projets ambitieux pour promouvoir le cinéma togolais sur la scène internationale. Dans son cinéma, Matthieu Abalo souhaite mettre en avant sans complexe la tradition, dans ce qu’elle apporte à la modernité et à l’identité du Continent africain. “En Afrique, nous avons souvent renié nos traditions, nous les avons diabolisés, nous avons même renié nos ancêtres, du fait de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. Dans mes films, je cherche toujours à explorer ce côté traditionnel et spirituel. Pour moi, nous devons retrouver cette identité et cette fierté de nos traditions. Et je crois que c’est d’autant plus important pour les jeunes Africains aujourd’hui.
Mes films ont cette forme d’engagement, et Evala fait aussi passer ce message,” nous explique Matthieu Abalo. Son dernier court métrage de fiction “Zogbeto”, explore quant à lui la limite entre le spirituel et le réel, avec une interprétation moderne du rite des ancêtres. Le film tourne actuellement dans les festivals à travers le monde. Il a notamment été projeté au festival Panafricain de Cannes 2023, il a aussi gagné une mention spéciale au Festival Emergences à Lomé. Zogbeto continue son chemin et sera même projeté en mai au festival CinéGlobe Film Festival à Genève en Suisse.
Actuellement, Matthieu Abalo est en train de terminer son prochain film, plus expérimental que les autres, car “c’est un film qui sera sans paroles,” explique le réalisateur qui souhaite garder le mystère sur son contenu. En parallèle, Matthieu Abalo continue de représenter fièrement le Togo dans les festivals de cinéma à travers le monde, offrant ainsi une vitrine précieuse sur la richesse culturelle et artistique de son pays.
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