Nous vous annoncions le dimanche 28 juillet dernier plusieurs manifestations dans les paroisses de l’Église Pentecôte du Togo pour dénoncer les détournements des dîmes et offrandes des “pauvres” fidèles. Une scène horrible a vu les fidèles ramasser des chaises et s’attrouper devant les paroisses pour boycotter le culte. Nous avions également signalé l’exigence des fidèles pour la reconduction du Secrétaire général national, l’apôtre Dogbovi, considéré comme l’instigateur du mouvement, qui a été démis de son poste.
Ce dimanche 4 août 2024, alors que les fidèles s’apprêtaient à relancer la manifestation, l’église d’Apedokoè, temple du Secrétaire général, a été encerclée par la police. Un scandale qui interroge sur l’éthique du ministère pastoral et qui viole le chapitre premier de la charte de déontologie de conduite pastorale intitulé « Fuyez le mal ». Les fidèles, déterminés à aller au bout, ont engagé des discussions avec les agents de la police. Selon nos informations, ces agents ont été convaincus par les explications et ne comprennent pas pourquoi l’on tente d’étouffer les fidèles. Les manifestants, pour ne rien lâcher, sensibilisent afin d’éviter l’escalade de la violence. « Nous avons dit aux jeunes, pas de violence, pas de casse et pas de lance de cailloux », nous informe un responsable de l’église sur les lieux.
Pendant ce temps, les temples se vident par endroits dans d’autres villes. À Tabligo, le culte s’est tenu sous la présence policière. Des fidèles qui ont tenté de prendre des images ont vu leurs téléphones confisqués. Il est également annoncé la présence des membres du Bureau national de l’Église dans le temple d’Apedokoè. Comptant sur la force policière pour obliger les fidèles à regagner le temple, ils ont été déçus. Ce qui est curieux, c’est que ni le président national ni les membres du Bureau national n’ont cherché à discuter avec les fidèles afin de calmer la tension. Tout leur espoir est tourné vers les policiers. « Cela ne nous surprend pas car nous avons appris que nos pasteurs ont engagé trois jours de jeûne et de prière pour attirer la colère de Dieu sur ceux qui s’élèvent contre eux. C’est honteux », a pesté un manifestant.
Rappelons que les manifestants exigent la transparence dans la gestion de leurs dîmes et offrandes, voyant le train de vie des pasteurs et diacres pendant que les fidèles croupissent dans la misère. Ces derniers adorent Dieu parfois sous des paillottes, alors que leurs dirigeants roulent en véhicules luxueux avec leurs offrandes. L’Église Pentecôte n’est-elle pas en décadence si la Bible est abandonnée au profit de la violence et des menaces ? À qui profite ce bras de fer ?
Nos tentatives pour joindre le Bureau national sont restées vaines, et le SG, quant à lui, n’a pas décroché à nos appels ni répondu à nos messages.
Ricardo Agouzou