Le Togo bientôt membre de l’AES? Non, merci! Le régime de Faure Gnassingbé n’a-t-il pas d’autres chats à fouetter?

«Encore une fois le pouvoir de Faure Gnassingbé se moque des Togolais. Le régime annonce avec fracas son intention d’adhérer à l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Le pouvoir ne se donne plus aucune limite et continue de fonctionner comme si le Togo était sa propriété. Comme d’habitude, avec mépris et déconsidération, il décide pour le peuple togolais sans le consulter… Cette fausse bonne initiative vise uniquement à se maintenir au pouvoir, en tentant de cacher le désordre institutionnel créé par le changement illégal et illégitime de la Constitution. Par cette déclaration, le régime cherche à instrumentaliser le ressentiment anti-colonial pour masquer son incapacité à répondre aux besoins fondamentaux de la population. La conséquence directe d’une adhésion à l’AES est de continuer à priver les Togolais des droits fondamentaux de l’homme, des libertés publiques, de l’Etat de droit et des valeurs démocratiques, tout en maintenant une gouvernance de prédation.»  (Extrait du communiqué de presse du 17 janvier 2025 du front «Touche Pas À Ma Constitution»)

«Une fuite en avant» du pouvoir de dictature togolais, c´est bien de ça qu´il s´agit comme le souligne bien le front «Touche Pas À Ma Constitution» dans son communiqué de presse. Une déclaration du ministre des affaires étrangères du régime de fait de notre pays qui trahit l´intention de Faure Gnassingbé et de son entourage d´engager le Togo dans une aventure qui ne serait d´aucun intérêt pour les Togolais à l´heure actuelle. La seule idée de penser que notre pays pourrait rejoindre les trois pays du Sahel, Burkina-Faso, Mali, Niger, constitués en AES (Association des États du Sahel), serait une folie. Décidément, Faure Gnassingbé, qui se croit vraiment le seul maître à bord, à force d´user et d´abuser des libertés indues qui sont les siennes en tant que dictateur, a fini par croire que ses compatriotes sont des moins-que- rien qu´il n´a pas besoin de considérer, voire de consulter pour prendre des décisions qui engagent le destin de plus de 8 millions d´âmes.  

Pire, Faure Gnassingbé, son régime et surtout son ministre des affaires étrangères, Monsieur Robert Dussey, le «panafricaniste» de la dernière heure, restent sur leur lancée en prenant leurs compatriotes pour un peuple qui n´aurait pas droit à la liberté, à la démocratie et à la prospérité. Après avoir proféré toutes les insultes possibles à l´intelligence des Togolais par son comportement et par celui de son chef Faure Gnassingbé qui consiste à se présenter à l´extérieur comme des Messieurs-Propres, aimant la paix et la démocratie, pendant que les Togolais vivent l´enfer sur terre, Robert Dussey annonce «le grand scoop de l´année» qui consiste à informer sur une éventuelle adhésion de notre pays à l´AES. «Ce qui nous lie avec les pays de l’AES c’est la même idéologie, c’est l’Afrique d’abord, c’est notre pays d’abord. Nous sommes dans une vision, nous sommes africains, nous sommes africanophone…Demandez aux populations togolaises si le Togo veut entrer dans l’AES, vous allez voir leur réponse, je vous dirais qu’elles vous diront oui.» Et Monsieur Robert Dussey d´ajouter, comme pour confirmer qu´au Togo tout part de Faure Gnassingfbé et tout revient à Faure Gnassingbé, que c´est le prince-héritier togolais qui aurait le dernier mot, si oui ou non, notre pays doit intégrer la confédération des  trois pays du Sahel, avant de se rappeler qu´il existe un certain regroupement de Togolais qu´on désigne par parlement, même si c´est un parlement de pacotille arrivé là de façon non démocratique. 

Nous ne savons pas quand est-ce que Monsieur le ministre des affaires étrangères du régime de dictature togolais a organisé son référendum pour savoir que les Togolais souhaiteraient que leur pays rejoigne les pays de l´AES, bien que nous sachions qu´au Togo l´avis du peuple ne compte pas. N´ont-ils pas changé de façon unilatérale la constitution votée par la grande majorité des Togolais pour introduire leur 5e république? À voir l´attitude du prince-héritier togolais, à voir son comportement et celui de son régime qui adopte la stratégie de la voie du chaos, surtout en ce qui concerne la fameuse nouvelle constitution projetant le Togo dans une supposée 5e république, rejetée par une grande majorité des populations et de l´opposition togolaises, on a l´impression que l´environnement sous-régional et africain qui se démocratise pour donner plus de droit et de liberté  aux citoyens, n´intéresse pas Faure Gnassingbé qui ne pense qu´à son règne à vie sur le Togo, advienne que pourra. Pour quoi, pour qui alors dirige-t-on un pays, si l´avis des citoyens et de l´opposition qui les représente, ne compte pas? Non content d´insulter et d´humilier l´intelligence de ses concitoyens en se disant médiateur chez les autres, dont la situation politique est meilleure à celle de son pays, non content d´être celui qui empêche, par sa boulimie du pouvoir, l´alternance au sommet de l´état au Togo, non content d´avoir passé bientôt 20 ans au pouvoir, avec toutes les violations possibles, après les 38 années calamiteuses sur tous les plans de son père, Faure Gnassingbé semble ne pas penser aux souffrances des Togolais pour accepter revenir à la raison en mettant de l´eau dans son vin.

Revenons à cette hérésie qui consiste, pour le ministre des affaires étrangères de Faure Gnassingbé, à prendre ses rêves pour de la réalité. Tout d´abord, les trois pays du Sahel dont il est question, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger sont des pays habitués aux bruits de bottes depuis des décennies pour modeler leur destin politique. Le parcours depuis les indépendances et la situation politique actuelle du Togo n´ont rien à voir avec l´histoire des trois pays du Sahel. Les pays de l´AES en question sont actuellement dirigés par des militaires qui, justement tirent leur légitimité des coups d´état militaires. Les trois dirigeants des trois juntes, le capitaine Ibrahim Traoré pour le Burkina-Faso, le colonel Assimi Goïta pour le Mali et le général Abdourahmane Tchiani pour le Niger, sont entrain d´adopter une attitude «anti-impérialiste», surtout vis-à-vis de l´ancien colonisateur, la France, qui a dû mettre fin à sa présence militaire sous la pression des trois présidents «révolutionnaires». Les trois pays, après avoir créé l´AES, ont décidé de quitter en bloc l´organisation sous-régionale, la CEDEAO (Communauté Économique des États de l´Afrique de l´Ouest) dont les dirigeants sont traités de valets locaux de l´occident et surtout de la France. Trois gouvernances radicales dont certains aspects semblent prendre des allures populistes. 

Notre pays le Togo, quant à lui, connaît une situation politique bloquée par la faute d´un régime militaro-tribalo-familial qui fait voir de toutes les couleurs aux Togolais depuis plus d´un demi-siècle. Le père Éyadéma d´abord pendant 38 ans et aujourd´hui Faure Gnassingbé bientôt 20 ans, ont mis le pays pratiquement en coupes réglées. Le Togo a aujourd´hui l´allure d´une monarchie qui ne dit pas son nom et Faure Gnassingbé refuse de se conformer à l´air du temps en ouvrant les vannes pour permettre la démocratisation et le développement du pays, comme cela se passe autour de nous. Et c´est justement en ce moment précis où la grande majorité des Togolais et des Togolaises est en colère pour le destin peu enviable qui leur est réservé par la volonté d´un régime politique suranné, qui a montré à maintes occasions qu´il est incapable de se démocratiser et de démocratiser le pays, c´est en ce moment où les Togolais, de part le monde, devenus la risée de la sous-région et de toute l´Afrique, s´organisent pour chercher les voies et moyens pour faire partir Faure Gnassingbé et son régime que le «monarque» togolais nous sert la ènième humiliation. Oui, Faure Gnassingbé, à travers son ministre des affaires étrangères, Robert Dussey, fait savoir aux Togolais qu´il ne changera pas; qu´il se prendra toujours pour un panafricaniste, pour un médiateur, pendant qu´il est la cause du malheur de son peuple. Faure Gnassingbé, en ayant des vélléités d´engager les Togolais, sans les consulter, dans cette aventure qui consiste à rejoindre les trois pays de l´AES, ne cherche qu´à tromper les naïfs, aveuglés par des prises de position, la plupart incohérentes, sur les réseaux sociaux, pour assouvir son ambition personnelle qui n´est autre que son maintien vaille que vaille au pouvoir. Une éventuelle adhésion du Togo à l´AES n´est pas à l´ordre du jour chez la majorité des Togolais. Au lieu de continuer à rêver, au lieu de continuer à rester indifférent à ce qui se passe autour du Togo en termes d´ouverture démocratique, au lieu de continuer à insulter et à humilier son peuple, par des comportements qui n´ont rien à voir dans une république, Faure Gnassingbé devrait plutôt chercher à quitter la scène par une porte moins petite.

Samari Tchadjobo

Allemagne

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