La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a dévoilé 10 janvier dernier, la liste de 91 candidatures enregistrées. Parmi ces potentiels sénateurs, des candidats de l’opposition, des indépendants et du parti au pouvoir au sein duquel des « Ministres avec Eyadema ».
Quelle configuration prendra le prochain Sénat ? Sans nul doute, le parti UNIR notoirement connu pour sa voracité sans limite, s’octroiera la quasi-totalité des sièges à repartir, et affectera, par indulgence du grand Chef, quelques menus strapontins aux opportunistes accompagnateurs, alliés du régime dont la mission est de légitimer la monarchie au Togo.
« Au RPT, nous allons prendre tout ». Cette boutade lancée, à la fin des années 1990, par le bouillant et tonitruant Fambaré Ouattara Natchaba, à la face de l’opposition, est toujours d’actualité au RPT/UNIR. Qui en a fait sa devise, sa marque de fabrique. Depuis 57 ans, le clan Gnassingbé qui a pris en otage le Togo et fait main basse sur tous les leviers du pouvoir, se donne les moyens de ne jamais perdre le pouvoir d’Etat.
C’est dans ces conditions que le régime orchestre des braquages systématiques des élections. Sur fond d’une parodie de démocratie, le RPT/UNIR se maintient à la tête du pays par des élections frauduleuses dont il se proclame systématiquement vainqueur. La preuve, lors des dernières élections législatives d’avril 2024, l’une des plus frauduleuses dans l’histoire du Togo, le parti de Faure Gnassingbé s’est octroyé 108 des 113 sièges au parlement et n’a concédé que 5 petits sièges à toute l’opposition. Même en Corée du Nord et dans les anciennes républiques soviétiques comme le Turkménistan, l’Ouzbékistan ou le Kazakhstan, on trouverait ce résultat un peu trop exagéré. Mieux, six ans plus tôt, à l’occasion des législatives du 20 décembre 2018, UNIR avait fait très fort, en s’offrant 100% des sièges à l’Assemblée nationale.
Les prochaines élections sénatoriales ne devraient pas déroger à la tradition. Surtout qu’au parti UNIR, on est conditionné à ne rien lâcher aux autres. Si un certain genre d’opposants politiques au Togo qui trouvent toujours des arguments pour accompagner l’un des régimes complètement « hors-sol » de l’Afrique de l’Ouest, se sont lancés dans la course à ces élections dont tout le monde connaît d’avance les résultats, certainement que promesse leur a été faite que leur accompagnement ne sera pas vain.
A côté de ceux-ci, on retrouve des « Ministres avec Eyadema », un résidu de vieillards ayant servi sous le père et qui continuent de le faire avec le fils. C’est donc une bande de gérontes, des débauchés et de jeunes loups qu’on retrouvera sous la bannière du parti au pouvoir.
Dans ce casting générationnel, des dinosaures qui font de la résistance. Parmi eux, Barry Moussa Barqué. Fidèle parmi les fidèles du général Eyadema, malgré le poids de l’âge, il traîne toujours sa bosse sous Faure Gnassingbé qu’il a vu grandir. En lice également, Dama Dramani, ancien président de l’Assemblée nationale. L’homme aux éternels cheveux blancs, ne semble pas donner du repos à son corps. Malgré des décennies sous les Gnassingbé. Un autre patriarche du régime, Bitokotipou Gnagninim figure sur la liste dévoilée par la CENI. L’ancien ministre des Gardes des sceaux (sous Eyadema), compte reprendre… du poil de la bête au Sénat (si les rides n’ont pas déjà abîmé ses poils). Dans ce noyau de géronte, on retrouve aussi l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor débarqué nuitamment du gouvernement.
Ces candidats UNIR, sortis au fond des âges, donnent à penser comme le dirait l’autre, au « Jurassik Park » du réalisateur Steven Spielberg. Aussi c’est un spécimen en voie de disparition. Mais qui, curieusement, retrouve une certaine jouvence lorsqu’il s’agit de porter à bout de bras un régime « précambrien ». Ces vieillards « réservistes » se refusent à raccrocher les crampons. Pourtant, l’essoufflement se lit sur leurs visages à chacune de leurs apparitions publiques. La réalité, ils ont développé la « servitude volontaire » malgré le poids de l’âge.
Aussi constituent-ils un « vivier » dans lequel puise Faure Gnassingbé uniquement pour ses intérêts politiques. Parfois, à force de traîner avec lui ces « Ministres avec Eyadema », il cède à leurs chantages. Mais il est, en évidence, le maître d’un échiquier sur lequel il déplace les pions à sa guise. C’est pourquoi dans la configuration que prendra UNIR au Sénat, on retrouvera des « Ministres avec Faure ». Des anciens membres du gouvernement, de l’Assemblée nationale, des débauchés. Komlan Mally, Sessenou Fiatuwo, Robert Galley, Dagban Djigbodi, entre autres. La CENI a également enregistré des candidatures d’un.
Ainsi au soir du 15 février 2025 des élections sénatoriales, comme l’a unilatéralement décidé Faure Gnassingbé, le Togo entrera dans la cinquième république (décriée par la majorité des Togolais), avec un parlement affichant des vieillards recyclés en sénateurs.
T.G
Source : Libertétogo.tg