Alors que le pays peine encore à tourner la page sombre du drame de Zongo, où l’effondrement d’une passerelle a coûté la vie à plusieurs citoyens en décembre 2024, un nouvel accident vient endeuiller la nation. Cette fois, c’est à Togblé que l’irresponsabilité et le laxisme ont frappé.
Le drame de Zongo a mis en lumière les graves défaillances dans l’entretien des infrastructures publiques et la sécurité routière. En réponse, des annonces officielles ont été faites pour renforcer la sécurité et la surveillance des ouvrages. Pourtant, à peine deux mois plus tard, la négligence se manifeste à nouveau avec un accident qui aurait pu être évité.
Le 8 février 2025, à Togblé, un conteneur mal fixé s’est détaché d’un camion en pleine circulation sur la nationale N°1, écrasant un jeune homme et blessant grièvement deux autres. Le président du mouvement Martin Luther King, Pasteur Edoh Komi, également deuxième adjoint au maire de Golfe 2, a tiré la sonnette d’alarme et exigé l’ouverture d’une enquête face à cette tragédie qu’on peut qualifier de « criminelle ».
Un laxisme systémique qui tue
L’incident de Togblé relance une question cruciale : comment un conteneur peut-il tomber d’un camion en mouvement si les normes de sécurité et les dispositifs de fixation étaient rigoureusement respectés ? Un tel scénario ne peut s’expliquer que par des failles majeures dans les mécanismes de contrôle. Soit le conteneur était mal sécurisé avant le départ, soit les vibrations de la route ont mis en évidence un défaut structurel dans l’arrimage. Dans les deux cas, cela démontre une absence totale de rigueur dans l’inspection des poids lourds, laissant place à des négligences aux conséquences tragiques.
Le drame de Zongo aurait dû être une leçon. Pourtant, malgré l’indignation suscitée, les mesures de contrôle ne semblent pas avoir été renforcées, notamment dans le transport de marchandises lourdes. Le système de corruption, gangrénant l’administration, permet aux transporteurs d’échapper aux normes élémentaires de sécurité en échange de quelques billets de banque.
La mort de ce jeune homme à Togblé est une mort de trop.
Il est impératif que les autorités cessent de fermer les yeux et prennent enfin leurs responsabilités. Le ministre de la Sécurité doit non seulement sanctionner les transporteurs fautifs, mais aussi exiger des comptes aux agents chargés du contrôle des véhicules au port et sur les axes routiers.
Il est temps de passer de l’indignation à l’action. Chaque vie sacrifiée par négligence est une défaite de l’État face à son devoir premier : protéger ses citoyens.
Ricardo Agouzou