La Cour suprême du Togo a rendu son verdict ce jeudi 20 février 2025 dans l’affaire opposant le journal Liberté à Mme le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé. Le plateau de la balance a penché du côté de la cheffe du gouvernement. L’instance judiciaire a rejeté le pourvoi en cassation formulé par le trihebdomadaire, confirmant ainsi la décision rendue en appel.
L’affaire remonte au 21 septembre 2022, lorsque Liberté, dans son numéro 3702, publie un article intitulé : « Primature : Un homme abattu lors du passage du convoi de Victoire Tomegah-Dogbé ». Le journal y affirmait que des éléments des forces de l’ordre, assurant la sécurité du cortège de la cheffe du gouvernement, auraient tiré sur un homme dans des circonstances floues.
Cette publication n’a pas tardé à susciter la réaction de la Primature, qui a saisi la justice, dénonçant des informations jugées diffamatoires. En conséquence, Liberté a été suspendu pour trois mois et condamné à une amende de 12 millions de francs CFA. Dans sa parution N°3713, le journal a dénoncé un « règlement de compte ». Contestant cette décision, il a introduit un recours qui a finalement été rejeté par la Cour suprême ce jeudi.
Satisfaction pour l’avocat de Victoire Tomegah-Dogbé
À la sortie de l’audience, Me Jil-Benoît Afangbedji, avocat de la cheffe du gouvernement, a exprimé son soulagement et sa satisfaction. « Je remercie le Tout-Puissant qui a éclairé les juges de la Haute Cour pour qu’ils statuent et blanchissent définitivement ma cliente, Mme le Premier Ministre dont l’escorte n’était nullement impliquée dans l’accident en cause. (…) Je remercie Mme le Premier Ministre qui a, dans un calme total, laissé la Justice togolaise faire son travail du début jusqu’à la fin et donc sans aucune interférence. C’est donc une grande qualité de Femme d’Etat qu’elle est et demeure », a-t-il déclaré au micro du confrère “Togotime”.
Une réaction virulente du fondateur du journal “Liberté”
De son côté, Zeus Aziadouvo, fondateur du journal Liberté et ancien membre de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), a vivement critiqué cette issue judiciaire ainsi que l’attitude de Me Afangbedji. Il l’accuse d’avoir changé de posture en passant de défenseur des opprimés à avocat du pouvoir. « Maître, pour être poli avec vous, je dirai que vous n’avez pas dit la vérité. Faites votre griotisme avec un peu d’honnêteté. Il n’a jamais été question de blanchir le Premier ministre, car Liberté avait déjà rectifié l’information sur instruction de la HAAC. Mais comme on voulait faire taire le journal, le Premier ministre est allé devant “leur” justice », a-t-il dénoncé.
Et d’ajouter : « Et vous qui étiez pendant longtemps l’avocat de Liberté, êtes-vous mué en avocat de Dogbé. Vous avez donc décidé de nager dans les égouts au nom de la “Solidarité Vo”. Comme le dit souvent un frère, la faim n’est pas une bonne chose. Aujourd’hui, vous êtes en train de ramper, sauter, gambader, danser comme Zadig, mais sachez que la vie de ce Togolais lâchement tué est aussi importante ».
Aziadouvo déplore également l’absence d’enquête approfondie sur le décès du jeune Adakanou Yaovi, abattu lors du passage du cortège. « Dans un pays normal, cette affaire aurait dû être close après la rectification du journal et le parquet aurait dû ouvrir une enquête pour faire toute la lumière sur ce drame », a-t-il conclu.