Finalement, où va le Togo? Pendant que les gouvernants s’époumonent pour vanter une certaine démocratie, aucun attribut de cette forme de gouvernance n’est visible au Togo.
Depuis longtemps déjà, les élections n’ont plus aucun sens dans ce pays. Pendant que tout s’effondre au point où tout à l’air d’un ghetto à ciel ouvert, on s’entiche à faire croire que les Togolais continuent de faire confiance à un régime qui confisque leur bonheur, bien être et dignité depuis bientôt 60 ans. Même le Syndrome de Stockholm n’a pas vu jusque-là. Les restrictions de la liberté de manifestations et d’opinion s’aggravent au Togo. Le Rapport du Département d’État américain sur la situation des droits de l’homme au Togo d’avril 2024 évoque des arrestations et détentions arbitraires, Système judiciaire contrôlé et corrompu…
L’arbitraire et l’oppression font bon ménage avec le pouvoir de Gnassingbé Faure. Cascade de prisonniers politiques morts en détention, arrestations et détentions arbitraires, exil forcé au Togo constituent le quotidien. Condamné le 3 février 2025 à 10 ans de réclusion criminelle, Wawim Karrou, militant du Parti national panafricain (PNP), est décédé dimanche 9 février 2025. Un décès qui s’ajoute à la liste de 9 autres morts parmi les 92 prisonniers politiques incarcérés entre 2020 et 2023.
Aujourd’hui le cas Sokpor Sitsopé Honoré, alias Affectio ou Koffi Agbenoxevi Godwin (sur Facebook) arrêté le 12 janvier 2025 dans des circonstances controversées choque à plus d’un titre. Cet entrepreneur et père de famille, connu pour ses publications engagées sur Facebook, est accusé par les autorités de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État.
Les accusations portées contre Sitsopé Sokpor sont liées à ses publications sur Facebook, notamment un poème intitulé « Fais ta part », faisant référence au feu Monseigneur Nicodème Barrigah, qui demandait à chacun de « faire sa part ». Dans ce texte, il exprime un cri contre l’arbitraire et l’oppression, appelant ses concitoyens à agir pour fissurer «les murs de ce pouvoir austère» et briser les chaînes de l’injustice. Ce poème, empreint de revendications pacifiques, aurait été perçu comme une menace par le régime en place.
Une demande de sa mise en liberté a été rejetée mercredi, 26 février 2025 par la Cour d’Appel. Selon son avocat Me Paul Dodzi Apévon «Nous avons plaidé devant la chambre d’instruction, mais la Cour a jugé notre appel recevable en la forme, irrecevable au fond. C’est incompréhensible. Qu’a fait Affectio ? Il a partagé sur les réseaux son ressenti sur le pays avec un poème appelant les Togolais à ‘faire leur part’. Qu’y a-t-il de mal là-dedans ? Si un magistrat ne peut plus agir face à l’arbitraire parce qu’on lui ordonne d’arrêter quelqu’un, c’est un problème grave pour notre pays. »
La vague de colère et d’indignation suscitée par cette énième dérive du pouvoir de Lomé traduit le ras le bol des Togolais.
Aucun pays ne peut se développer dans une telle animosité.
Il importe de rappeler aux décideurs que le Togo demeure un patrimoine commun de huit millions d’âmes.
Honoré Adontui
Source: lecorrecteur.tg