«Je me souviens encore de tes émissions: «le débat africain» que nous écoutions chaque matin avec mes camarades. C’était un rituel tous les dimanches et nous en débattions parfois jusqu’à 12h sans avoir mangé. Puis il y avait «Archives d’Afrique». Mais progressivement l’eau coula sous les ponts et tu finiras par t’embourgeoiser comme beaucoup de journalistes africains qui d’un jour à l’autre prennent de l’influence dans l’espace public. Tu changeas. Tes émissions ont pris l’allure d’un savant dosage d’équilibrisme où les acteurs les plus acerbes contre les tyrannies étaient régulièrement interrompus ou recadrés… On ne te demande pas de prendre position sur la situation au Cameroun, mais de dénoncer le génocide dans la zone anglophone, les crimes contre l’humanité, les violations des droits de l’homme, les détentions arbitraires, les tortures. Qu’est-ce qu’un journaliste si ce n’est un défenseur des libertés et la démocratie? Je n’irai pas plus loin, mais je t’inviterai à te poser cette question: qu’est-ce que les Camerounais retiendront de moi? Pour l’instant l’image d’un homme aimé par le passé, mais qui aux heures les plus sombres de son pays a choisi de protéger des gens qui tuent, torturent et emprisonnent en toute impunité. Ce n’était plus un journaliste mais un commerçant. C’est triste, hélas.» Boris Bertolt, journaliste et activiste camerounais, en août 2019.
Qui d´autre que le journaliste et activiste Boris Bertolt, compatriote d´Alain Foka, peut bien décrire l´homme à la moralité douteuse, renvoyé de «Radio France Internationale» (RFI)? Nous avons dû explorer les zones d´ombres qui entourent la personnalité controversée du journaliste camerounais qui se prend aujourd´hui pour le plus grand panafricaniste. En fouillant ici et là nous avons découvert, par exemple, les circonstances déshonorantes qui avaient précédé le départ sur la pointe des pieds d´Alain Foka de la radio internationale française RFI. En effet, après une enquête de détournements de fonds publics par Joseph Kabila et ses proches, réalisée par Médiapart, RFI et d’autres medias et confirmée, notre journaliste décide d’aller à Kinshasa faire sa propre enquête, une contre-enquête, en interviewant l’Inspecteur Général des Finances (IGF) Jules Alingete; interview qu’il publiera sur sa chaîne youtube avec les logos officiels de RFI et France 24 pour disculper le camp Kabila. Après donc cette interview ou contre-enquête, réalisée par Alain Foka le 25 novembre 2021 à Kinshasa, la CGT (Confédération Générale du Travail) avait réagi à travers un communiqué dont voici un extrait: «La CGT apporte son soutien à l’enquête «Congo Hold-up» et demande à la direction de France Médias Monde de réagir publiquement au détournement de la marque RFI et France 24 par un de ses employés… Alain Foka est-il au dessus de ses obligations légales? A-t-il le droit d’utiliser les marques RFI et France 24 pour son propre compte sur sa chaîne youtube et de salir l’image de nos confrères…?»
Après donc ce scandale qui l´obligea à quitter RFI la tête basse, Alain Foka, un journaliste désormais à la morale douteuse, crée son manchin MANSSAH et n´a trouvé aucun autre pays pour s´installer que le Togo, ce pays où la morale politique et la morale tout court ne sont pas les points forts des soi-disant dirigeants. Comme quoi, ceux qui se ressemblent s´assemblent. Et les rumeurs qui couraient sur sa présence au Togo se muèrent en une vérité révoltante le 5 février 2024 quand Alain Foka fut aperçu à Pya lors d´une cérémonie officielle, assis parmi les membres du gouvernement togolais, tout juste derrière Faure Gnassingbé. Et l´autre compatriote de notre ancien journaliste de RFI, en la personne de Paul Chouta, journaliste d´investigation et blogueur, trouve bizarre que Monsieur Foka qui considère la démocratie comme une aliénation pour les Africains, les élections trop chères, se cache derrière son supposé projet Manssah pour parler du panafricanisme. Quelle contradiction quand on sait que les curieuses théories qui sont les siennes sont également celles des dictateurs qui ne veulent pas quitter le pouvoir, comme Paul Biya ou Faure Gnassingbé. «Si c’est ça le panafricanisme, alors ça interroge. Si c’est ça le nouveau projet panafricain d´Alain FOKA pour l’Afrique, il est possible qu’il se heurte à des opinions dissidentes fortes et engagées pour la démocratisation effective de l’Afrique. Si C’est ce qui se cache derrière son projet Manssah établi au Togo où on le suspecte d’être le conseiller de l’ombre de Faure Gnassingbé; nous lui opposerons une résistance.»
Il est donc aujourd´hui un secret de Polichinelle que l´ancien journaliste à RFI soit devenu depuis longtemps le conseiller du président de fait du Togo, Faure Gnassingbé. Officieusement conseiller en communication, il serait le plus écouté du président togolais. Une proximité avec le sommet de l´état qui lui confère des privilèges extraordinaires. Véhicules avec escorte rapprochée, laissez-passer automatique à l’aéroport, accès aux marchés juteux, selon certaines indiscrétions. Le tout sur le dos du pauvre contribuable togolais. Plus grave, Alain Foka est soupçonné d´être à l´origine du changement unilatéral de la constitution togolaise par le régime de Lomé, une nouvelle constitution controversée qui projette notre pays dans une hypothétique 5e république, synonyme de régime parlementaire.
En République Démocratique du Congo (RDC) le président Félix Tshisekedi, malgré la guerre, a des velléittés de changement constituttionnel pour s´éterniser au pouvoir. Naturellement son opposition rejette déjà une telle démarche anticonstitutionnelle. Et n´oublions pas qu´après le Togo, Alain Foka et sa suite se sont rendus dans ce grand pays d´Afrique centrale, et il n´est pas exclu que des «sages» conseils du journaliste camerounais, désormais commerçant, fussent soufflés à l´oreille du président congolais.
«Le criminel revient toujours sur le lieu du crime», dit-on. Sinon comment peut-on comprendre cet acharnement d´Alain Foka sur le Togo? Au moment où les Togolais semblaient l´avoir oublié, bien qu´il ne fût pas totalement parti, le mercenaire et l´escroc de la plume projette d´organiser une conférence du 26 au 28 juin 2025 à Lomé. Bien sûr, le «grand panafricaniste» à la morale chancelante, renvoyé de RFI, ne peut que parler de l´Afrique comme il le dit dans son programme: «poser les bases d’une transformation profonde du continent sur NOS propres valeurs, NOS réalités et NOS ambitions.» Mais les intentions de Monsieur Foka ne sont pas sincères, comme le font remarquer beaucoup de journalistes et autres observateurs sur le continent africain, dont certains l´accusent d´être entrain de saboter le vrai combat de libération de l´Afrique. Et les Togolais eux, se demandent, pourquoi le choix du Togo? «En quoi la gouvernance désastreuse du Togo par Faure Gnassingbé est-elle inspirante pour conjurer le passé colonial de l’Afrique et rendre au continent sa fierté et l’éclat qu’il mérite?» Comme le journaliste camerounais, Boris Bertolt, nous l´a rappelé au début de l´article, il y a longtemps, que Alain Foka avait cessé d´être journaliste. Il n´est plus qu´un vulgaire commerçant, un grand escroc qui a décidé de s´enrichir grâce aux régimes de dictature dont il fait la promotion. Les souffrances des Africains à cause des mauvaises gouvernances, faites de corruption et de violations des droits de l´homme, ne l´intéressent pas.
Samari Tchadjobo
Allemagne