Les tarifs de l’énergie électrique ont flambé d’environ 12,5% suivant les termes d’un arrêté interministériel datant du 24 mars 2025, publié dans le Journal officiel et devenu applicable le 15 mai 2025. Une augmentation dit-on qui s’inscrirait dans une réforme de la tarification de l’électricité par la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET).
Adoptée conjointement par les ministres des Mines, de l’Économie, de la Planification et du Commerce, la nouvelle grille tarifaire de l’électricité se veut plus progressive, avec un effort particulier pour préserver les ménages les plus vulnérables. Ce réajustement, qui touche aussi bien les abonnements prépayés que postpayés, vise à mieux adapter les prix à la consommation réelle tout en assurant un service plus équitable et durable, selon la société publique.
Pour les clients domestiques sous contrat postpayé avec une puissance souscrite inférieure à 2,2 kVA, les tarifs sont désormais organisés par tranches. La première, dite sociale, allant de 0 à 30 kWh, est fixée à 60 FCFA/kWh. La deuxième tranche, de 31 à 120 kWh, est tarifée à 93 FCFA/kWh, tandis que la troisième, au-delà de 120 kWh, grimpe à 130 FCFA/kWh. À cela s’ajoutent plusieurs frais fixes mensuels: une redevance de puissance de 250 FCFA, 500 FCFA pour l’entretien du branchement, et 500 FCFA pour la location du compteur.
Pour les abonnés domestiques avec une puissance égale ou supérieure à 2,2 kVA, la tarification évolue. Les 120 premiers kWh sont facturés à 93 FCFA/kWh, les 121 à 350 kWh à 130 FCFA/kWh, et au-delà, le tarif s’élève à 153 FCFA/kWh. La redevance de puissance est, dans ce cas, portée à 600 FCFA par kVA, avec des redevances fixes inchangées.
Les clients ayant opté pour les compteurs prépayés bénéficieront d’une grille unique, quel que soit leur niveau de puissance. Les 120 premiers kWh sont facturés à 88 FCFA/kWh, les 121 à 350 kWh à 123 FCFA/kWh, et la consommation excédant 350 kWh à 145 FCFA/kWh. À ces montants s’ajoutent des frais mensuels de 600 FCFA/kVA pour la puissance, et deux redevances fixes de 500 FCFA chacune.
Ainsi, une « tranche sociale » est maintenue dans le cadre des offres en basse tension, avec un tarif de 60 FCFA/kWh pour les 30 premiers kilowattheures consommés en post-paiement, et de 70 FCFA/kWh pour le prépaiement. Une campagne de sensibilisation est prévue pour informer les ménages sur les conditions d’éligibilité à ces tarifs.
En clair, Pour l’usage domestique de puissance 2,2 kVA
- Anciens Tarifs:
- Tranche sociale : 1-40kwh à 63 FCFA
- Tranche 1 : 41-200 kWh à 84 FCFA
- Tranche 2 : 201-350 kWh à 114 FCFA
- Nouveaux tarifs:
- Tranche sociale : 1-30kwh à 60 FCFA, soit une réduction de la plage et de 4% du tarif
- Tranche 1 : 31-120 kWh à 93 FCFA, soit une augmentation de 14%, avec une réduction de la plage de la tranche
- Tranche 2 : plus de 120 kWh à 130 FCFA soit une augmentation de 14% du tarif
Une défense Unijambiste
Dans un communiqué en date du 15 mai 2025, le ministère des Mines et des Ressources énergétiques avance que cette décision est motivée par le besoin urgent de stabiliser les finances de la CEET.
Pour le gouvernement , depuis plus de dix ans , la demande en électricité s’est rapidement accrue en zones urbaine et rurale en raison du développement rapide des infrastructures de production et de distribution de l’électricité, accompagné des mesures de facilitation à l’accès au service énergétique pour tous les ménages, et des réformes opérées dans le secteur telles que la création de l’Agence Togolaise d’Électrification Rurale et des Énergies Renouvelables (AT2ER) pour accélérer l’électrification rurale.
Cette évolution de la demande doit également être satisfaite par une offre en électricité équivalente qui est en partie produite par les unités de production locales à partir du gaz, du solaire et de l’hydraulique et une autre partie importée auprès des pays voisins (Ghana et Nigeria).
«Le coût moyen de production d’énergie électrique a atteint 145 F par kWh en 2024. Cette énergie produite est revendue aux consommateurs au tarif moyen de 102 F par kWh qui n’a pas évolué depuis 2011, créant des déficits dans les comptes de la Compagnie Energie Électrique du Togo (CEET).
Ces déficits ont été régulièrement absorbés par les appuis multiformes de l’État. De 2020 à 2025, pour maintenir la continuité de service, l’État a mobilisé plus de 56 milliards de FCFA pour l’approvisionnement en combustible et le règlement partiel des dettes d’importation d’énergie. La puissance publique a encore récemment apporté sa garantie facilitant l’obtention de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) d’une ligne de crédit de 40 milliards FCFA en faveur de la CEET pour apurer ses dettes auprès des fournisseurs d’énergie.
Il devient donc nécessaire et urgent de prendre des mesures appropriées pour préserver la viabilité financière de la CEET», lit-on.
Plus loin, il est fait mention que l’ajustement des tarifs fait partie intégrante de ces mesures de redressement et sera complété par d’autres mesures qui visent à optimiser le système d’approvisionnement et de distribution de l’énergie. Il s’agit de :
- L’amélioration de la gouvernance de la CEET ;
- La réduction des pertes commerciales et le renforcement de la lutte contre la fraude ;
- La réduction des pertes techniques sur le réseau ;
- L’amélioration du recouvrement des impayés ;
- L’amélioration de la qualité de service clientèle avec la digitalisation des services et processus ;
- La négociation de meilleures conditions d’approvisionnement.
Cet ajustement est modéré, avec un taux moyen de 12,5 %. Il tient compte du niveau de consommation et de la capacité contributive de chaque catégorie d’usagers :
- Des efforts collectifs pour protéger les plus fragiles : plus de 1 500 000 consommateurs à faible revenu bénéficient depuis décembre 2024 d’une baisse de 30 % sur leur tarif, maintenue après l’ajustement ;
- Les consommateurs aux revenus moyens verront un ajustement contenu ;
- Les gros consommateurs contribueront également dans un souci de préserver leur compétitivité.
Les bénéfices attendus des mesures prises pour la relance de la CEET sont :
- Réduction drastique des délestages ;
- Continuité et stabilité dans la fourniture de l’électricité de qualité ;
- Maintenance des infrastructures et réparation rapide des pannes ;
- Accélération et intensification des travaux d’extension et d’électrification dans les zones urbaines et rurales ;
- Augmentation de la part de l’électricité produite localement ;
- Fiabilisation du service public.
Le Coup d’Assommoir d’une gouvernance Hors Sol
Qui peut croire à ses avatars du gouvernement sortant ?
Pour la Ligue des Consommateurs du Togo, cette décision intervient dans un contexte où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, rendant la situation des consommateurs de plus en plus précaire. Elle déplore également que cette révision à la hausse des prix ait été effectuée sans aucune consultation préalable des parties prenantes, notamment du Ministère en charge des Mines et de l’Energie, de l’Autorité de Réglementation du Secteur de l’Électricité (ARSE), ni même de la Compagnie Energie Électrique du Togo (CEET). Cette opération semble ignorer les droits et la place des consommateurs, tels que garantis par les instruments internationaux, y compris la loi N°99 du 28 décembre 1999 portant organisation de la concurrence au Togo.
Les arguties avancées par le régime pour justifier cette énième forfaiture ne se reposent sur aucun élément plausible. On était dans ce pays, le pouvoir de Faure Gnassingbé s’est appuyé sur le cours du baril à l’international pour procéder à l’augmentation des prix du carburant. Depuis lors, ce baril est réduit de moitié mais les prix des produits pétroliers n’ont jamais connu de baisse au Togo. Il en est de même pour le gaz butane que les Togolais achètent au coût double dans la sous-région. Au même moment, les bonimenteurs de ce régime parlent encore de subventions qui ont permis de maintenir ces coûts.
Dans le cas d’espèce de l’électricité, il s’agit tout simplement d’assainir la gestion de la CEET. C’est bien la résultante de la mauvaise gouvernance notamment la fraude aux compteurs par certains industriels, des dettes impayées de l’administration publique, le refus de paiement des frais d’électricité par certains pontes fossoyeurs de l’économie nationale. La population misérable qu’on coupe juste 5000 FCFA d’impayés ne doit pas être le cobaye de la gabegie d’une gouvernance hors sol.
Kokou Agbemebio
Source: lecorrecteur.tg