Sortie surprise de l’ex-ministre Gnakadè : diversion ou souffle nouveau ?

Depuis dimanche soir, la nouvelle sortie de l’ancienne ministre des Armées du Togo, Essossimna Marguerite Gnakadè. fait grand bruit sur la toile. Dans une vidéo inédite, celle qui avait jusque-là communiqué par tribunes écrites se montre désormais à visage découvert. Si beaucoup saluent son courage et son message d’unité, d’autres s’interrogent sur l’authenticité de sa démarche, certains allant jusqu’à évoquer une « diversion ».

Des doutes persistants, mais les paroles de Gnakadè pèsent

Depuis ses premières prises de position publiques contre le régime de Faure Gnassingbé, Mme Gnakadè a été accusée par certains de manquer de sincérité. Son lien familial avec la famille présidentielle n’a cessé d’alimenter la suspicion. Pourtant, elle a rapidement fait certifier ses comptes Facebook et Twitter, renforçant ainsi la crédibilité de ses interventions.

Sa sortie vidéo était d’ailleurs attendue. De nombreux Togolais réclamaient de la voir s’exprimer directement, et non seulement par écrit. Avec cette apparition, elle balaie une partie des doutes et oblige ses détracteurs à considérer ses propos sur un autre plan.

Un message qui fragilise le pouvoir

Qualifier cette sortie de simple diversion paraît réducteur. Ses paroles, largement reprises, frappent directement au cœur du système. « Le silence, dans ce contexte, est une faute morale », a-t-elle lancé, avant d’appeler à la démission du président togolais pour une transition « apaisée, inclusive et nationale ».

Dans un pays où la parole publique est souvent muselée, un tel discours, porté par une ancienne figure du gouvernement et proche de la famille au pouvoir, résonne fortement. Même si ses intentions pouvaient être discutées, l’effet politique est indéniable : chaque phrase prononcée nourrit la critique contre le régime en place.

En outre, cette vidéo intervient dans un climat tendu, marqué par les répressions meurtrières de juin et l’arrestation de l’artiste Aamron, qui a provoqué une vague d’indignation. Récemment, sur TV5 Monde, ce sont déjà les propos du défenseur des droits de l’homme, Me Raphaël Kpandé Adjaré, qui avaient servi d’arguments pour mettre en difficulté le ministre togolais des Droits de l’homme, Pacôme Adjourouvi.


Dans le même registre, les déclarations de Mme Gnakadé pourraient désormais être utilisées comme levier par la diaspora et les acteurs de la société civile, notamment face à la communauté internationale. Elles alimentent un corpus de critiques venant d’anciens proches du régime, ce qui accentue l’isolement politique du pouvoir de Lomé.

Au-delà de l’effet immédiat, la portée symbolique de cette vidéo est forte. Plusieurs activistes y voient une brèche ouverte et appellent d’autres figures, jusque-là silencieuses, à sortir de l’ombre. Dans un pays où la peur reste un instrument politique puissant, chaque voix qui s’élève a un effet démultiplicateur.

Une dynamique déjà observée ailleurs en Afrique

Le cas de Mme Gnakadè n’est pas inédit. Sur le continent africain, on a vu d’anciens proches de régimes de long règne – au Burkina Faso, au Soudan ou encore au Zimbabwe, se retourner contre le régime et contribuer à accélérer le changement. Ces exemples montrent que, même si la sincérité des anciens proches peut être sujette à caution, leur parole a souvent un effet stratégique : elle affaiblit les arguments du régime et légitime davantage les revendications de l’opposition.

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