«…Le pouvoir ayant fermé toutes les voies d’expression autorisées par la constitution, les Togolais doivent trouver le moyen de se faire entendre en contournant les obstacles dressés par le régime en place. Ils doivent éviter de tomber dans le piège de la violence que souhaite le pouvoir, afin de justifier davantage sa répression épouvantable, en faisant recours aux milices. Pour exercer cette pression, il faut qu´une force se dégage sur le terrain. A ce jour, les différents pôles de pression ont des stratégies différentes et ont du mal à s´accorder. Cela dure depuis de nombreuses années… Actuellement sur le terrain, plusieurs axes se positionnent dans le combat contre les dérives du régime. Il y a le front «Touche Pas A Ma constitution», le front la «Dynamique pour la Majorité du Peuple» et le Cadre de Réflexion. Il y a aussi la «Dynamique Monseigneur Kpodzro»
et des personnalités individuelles qui ont pris des positions fortes ces derniers temps, comme l’ex-ministre des Armées, Marguérite Gnakadé, ou l´artiste Aamron.» Nathaniel Olympio, dans «Liberté» N° 4027
Qu´il nous soit permis de commencer notre article en nous appuyant sur cet extrait de la réflexion de Monsieur Nathaniel Olympio, qui évoque la dramatique situation actuelle de notre pays, le rêve des Togolais pour se libérer, la brutale répression du pouvoir de dictature d´en face, l´état délabré actuel de l´opposition togolaise et les voies et moyens pour un nouveau regroupement solide des forces du changement. Une réflexion pertinente qui rejoint, comme par hasard, notre point de vue sur le drame politique togolais et surtout sur une nouvelle organisation au sein de l´opposition traditionnelle. Car dans la situation politique actuelle de notre pays, tout peut arriver. Le statu quo d´aujourd´hui peut à tout moment virer en une situation riche en évènements, dans un sens ou dans un autre. Une coalition crédible de l´opposition devrait alors être prête pour parler au nom du peuple et exposer les principales revendications pour un Togo démocratique. C´est pourquoi nous pensons qu´avec l´expérience que les Togolais ont de ce régime inhumain et antidémocratique des Gnassingbé et alliés, quant à son caractère réfractaire à toute idée d´ouverture démocratique sincère, avec l´expérience que les leaders de l´opposition togolaise, depuis plusieurs générations, ont faite, quant au manque de volonté véritable d´Éyadéma Gnassingbé hier, et de Faure Gnassingbé aujourd´hui, pour accepter que le Togo est une république, dont les contours et les caractéristiques, du point de vue de la loi fondamentale, devraient être autres que ce qui se passe actuellement; les opposants togolais
devraient être arrivés aujourd´hui à la conclusion que, sans la mise à côté des ego des uns et des autres, pour se mettre ensemble, les nombreux compatriotes tombés ici et là, depuis le début des années ´90, assassinés d´une façon ou d´une autre, l´auront été pour rien.
Et comme pour paraphraser le premier responsable du mouvement «Touche Pas À Ma Constittution», Nathaniel Olympio, nous rappelons que la participation ou non aux différents scrutins électoraux a toujours été la principale pomme de discorde entre les leaders de l´opposition togolaise. Les partisans du boycott ont toujours accusé les participationnistes d´accompagner le régime de dictature, et argumentaient que, de toutes les façons, les élections, quelles qu´elles soient, étant détournées de leur fonction première et ne répondant pas aux règles constitutionnelles de transparence et de fiabilité, ne résoudraient pas le problème togolais. «Après le folklore électoral des municipales de jullet 2025, il n’y a plus d’élection à l’horizon avant de nombreuses années. Cela pourrait être une fenêtre d’opportunité.» Comme on le voit, les élections, bannies pour longtemps au Togo par la volonté de Faure Gnassingbé, ajouté au fait que tout le monde, côté opposition, n´a fait que de tristes et mauvaises expériences avec le comportement du régime d´en face depuis très longtemps, il n´y aurait plus de raison pour que les principaux leaders de l´opposition et de la société civile refusent de se mettre ensemble pour le combat décisif et surtout pour être prêts à parler d´une voix au nom du peuple, au cas où…
Car, malgré le succès relatif du combat que nous connaissons aujourd´hui sur les réseaux sociaux, surtout de la part des Togolais de la diaspora, nous ne pouvons pas nous permettre, aucun pays au monde ne peut se permettre, de faire fi ou d´ignorer l´importance d´une opposition traditionnelle sur le terrain.
Et nous avons le devoir de toujours rappeler, qu´ailleurs où des régimes de dictature ont sévi et sont tombés, nous savons tous, à quelques exceptions près, qui était sorti terminer le boulot commencé par l´opposition civile, et libérer les peuples. Pour le moment, pour des raions que tout le monde connaît, les Togolais n´ont pas encore cette chance; et nous pensons que cet important paramètre ne devrait pas être négligé au moment de faire le bilan d´une opposition togolaise qui a tout donné et souffert, sans rien recevoir en retour. C´est pourquoi la nécessité d´un nouveau regroupement sérieux des forces de l´opposition, en surmontant les vieux démons des ego et de l´exclusion, est aujourd´hui indiscutable. Les faux opposants s´étant aujourd´hui clairement démarqués, en allant flirter avec le régime de dictature, les forces sincères du changement, actuellement sur le terrain, se reconnaîtront. Loin de nous l´idée de donner des leçons; mais nous pensons et espérons qu´en notre qualité de citoyen togolais, bien informé et surtout révolté par ce qui se passe d´humainement inacceptable dans notre pays depuis plus d´un demi-siècle, nous avons le droit et surtout le devoir d´apporter notre modeste pierre à l´entreprise de la renaissance d´un Togo digne et respecté.
Samari Tchadjobo
Allemagne
De la nécessité de la mise sur pied d´un front crédible de l´opposition traditionnelle
