Au Togo, la journée du samedi 30 août 2025 s’annonce sous haute tension. Tandis que plusieurs organisations citoyennes appellent à une manifestation sur les trottoirs pour réclamer des réformes politiques profondes, le ministère des Sports et des Loisirs vient d’annoncer, à travers un communiqué officiel, la tenue de la 34ᵉ édition des « Journées nationales du sport » à la même date.
Dans son communiqué daté du 27 août, signé par la ministre Dr. Lidi Bessi Kama, le gouvernement de transition invite toute la population togolaise à participer massivement à cette activité prévue de 7h à 10h sur toute l’étendue du territoire national.
« À cet effet, il invite tous les concitoyens et concitoyennes, vêtus chacun de sa tenue de sport, à sortir massivement et se diriger vers les aires de jeux préalablement définies par leurs mairies de résidence, afin de participer à cette activité qui contribue au bien-être et à la santé de tous », peut-on lire dans le communiqué.
Le ministère précise que, tout comme les éditions précédentes, la journée sera également marquée par des séances de sensibilisation sur les maladies non transmissibles, le vivre-ensemble, la salubrité publique et la cohésion sociale.
Un contexte politique explosif
Cet appel gouvernemental intervient alors que, dans le même temps, plusieurs organisations de la société civile appellent la population à occuper pacifiquement les trottoirs, le 30 août, pour exiger notamment le retour à la Constitution de 1992, le départ du président Faure Gnassingbé et la libération des prisonniers politiques.
Or, ces dernières années, la quasi-totalité des demandes de manifestations déposées par les mouvements citoyens ont été rejetées par les autorités, au nom du maintien de l’ordre public. Plusieurs marches réprimées se sont soldées par des arrestations, des blessés et parfois des morts.
Dès lors, la concomitance entre les « Journées nationales du sport » et la manifestation citoyenne annoncée ne manque pas d’interroger. Pour certains observateurs, cette coïncidence pourrait être perçue comme une tentative du pouvoir de diluer ou contrer la mobilisation populaire prévue le même jour.
Le 30 août, les Togolais se retrouveront donc face à deux appels : celui du gouvernement, invitant à chausser les baskets pour « éviter la sédentarité », et celui des organisations citoyennes, appelant à marcher contre la peur, l’injustice et l’impunité.
La rue dira laquelle des deux mobilisations portera le plus fort écho.