Yves Edoh Agbodjan, alias Togbevi Kpéssé précise les objectifs de la délégation du M66 à New York (Interview)

En marge de l’ouverture de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, Deutsche Welle (DW) a rencontré Yves Edoh Agbodjan, connu sous le nom de Togbevi Kpéssé. Porte-parole du Mouvement du 6 juin, le M66, il porte la voix de cette organisation citoyenne née des récentes contestations populaires au Togo.

Le mouvement entend profiter de la tribune internationale qu’offre l’Onu pour alerter sur la situation politique au Togo, exiger davantage de démocratie et réclamer la libération des prisonniers politiques. Dans cet entretien, il explique les objectifs de la délégation du M66 à New York et le message qu’elle souhaite adresser à la communauté internationale.

Interview avec Togbevi Kpéssé du M66

DW : Vous êtes présents à New York à l’occasion de la 80e Assemblée générale de l’ONU. Quel est le message central que le M66 souhaite porter devant la communauté internationale ?

Le M66 est présent à l’ONU pour présenter au reste du monde notre doléance pour la fin de la dictature au Togo. Notre pays est dominé depuis 60 ans par une famille qui nous prive de liberté et qui est corrompue. Nous voulons que cela cesse et que le pays devienne un État de droit.

DW : Vos revendications portent sur plus de démocratie au Togo, la libération des prisonniers politiques et la fin du régime de Faure Gnassingbé. Concrètement, qu’attendez-vous des Nations unies et des grandes puissances ?

Nous demandons aux Nations Unies d’envoyer une mission d’enquête pour enquêter sur les récentes répressions. Et aussi pour constater les conditions d’adoption de la nouvelle constitution qui a rompu la confiance entre le peuple et les dirigeants. Enfin nous demandons à l’ONU de nommer un Envoyé spécial au Togo.

DW : Les autorités togolaises évoquent des mandats d’arrêt visant des membres de votre mouvement. Quelle est votre réaction face à ces accusations et pensez-vous que cela menace votre action ici à New York ?

Ce sont des accusations fallacieuses et fantaisistes. Le régime de Faure n’est pas légitime pour lancer des mandats d’arrêt contre nouscitoyens qui n’avons fait que réclamer le changement. Je ne pense pas qu’un pays sérieux comme les USA prenne au sérieux un tel mandat d’arrêt.

DW : L’ex-ministre des Armées du Togo, Marguerite Gnakadè, a été arrêtée et placée sous mandat de dépôt pour ses accointances avec votre mouvement. Une réaction ?

Le M66 pense que Faure Gnassingbé utilise la justice contre Mme Gnakadè de manière injuste. C’est du harcèlement et nous dénonçons cet agissement. Nous exigeons la libération de l’ancienne ministre. Nous allons mener des actions pour que le peuple réclame sa libération immédiate.

DW : Le M66 dénonce un manque de démocratie et réclame notamment un retour à la Constitution de 1992. Concrètement, que signifierait ce retour pour le peuple togolais aujourd’hui ?

Le retour à la Constitution de 1992, c’est bien plus qu’un texte juridique : c’est la reconquête de notre souveraineté populaire. C’est rendre aux Togolaises et aux Togolais la parole qu’on leur a volée depuis trop longtemps. Concrètement, cela veut dire que plus jamais un homme ou un clan ne pourra confisquer le pouvoir à vie.

Cela veut dire des mandats limités, une véritable alternance, une justice indépendante, et une Assemblée nationale au service du peuple et non d’un régime. Cela veut dire que chaque jeune Togolais pourra enfin croire que son avenir dépend de son mérite et non de son appartenance à un système corrompu. En clair, c’est le retour de la dignité et de l’espoir.

DW : Le gouvernement togolais accuse parfois le M66 d’être manipulé depuis l’étranger. Que répondez-vous à ces accusations ?

Quand un pouvoir n’a plus d’arguments, il invente des ennemis imaginaires.

Le M66 n’est manipulé par personne. Le M66, c’est la voix des mères qui pleurent leurs enfants, c’est la voix des étudiants sans avenir, des travailleurs exploités, des prisonniers politiques oubliés. Nous n’avons besoin ni de Paris, ni de Washington, ni d’aucune capitale étrangère pour dire que nous voulons la liberté dans notre propre pays.

Ceux qui parlent de manipulation savent très bien qu’ils cherchent à masquer leur propre dépendance : dépendance à des réseaux mafieux, dépendance à la corruption internationale, dépendance à des soutiens extérieurs qui les maintiennent au pouvoir contre la volonté du peuple. Notre force ne vient pas de l’étranger : elle vient des rues de Lomé, de Sokodé, de Kara, et de chaque village togolais où la soif de changement est irréversible.

DW : Quel avenir voyez-vous pour le M66 et pour le Togo si vos revendications trouvent un écho favorable auprès de la communauté internationale ?

Si nos revendications sont entendues, ce n’est pas seulement l’avenir du M66 qui s’ouvre, c’est celui du Togo tout entier.

Nous voulons un Togo où le pouvoir change de mains sans effusion de sang, où les enfants n’ont plus à fuir le pays pour rêver, où les richesses de la nation profitent enfin au peuple et non à une minorité.

Le M66 n’est pas un parti politique, c’est un mouvement citoyen qui prépare une transition démocratique solide, une refondation des institutions et une réconciliation nationale.

 L’écho de nos luttes auprès de la communauté internationale ne fera que renforcer la pression pour que la volonté du peuple soit respectée. Mais qu’on soit clair : le destin du Togo ne s’écrira pas à l’étranger, il s’écrira dans la rue, dans nos quartiers, dans nos cœurs et dans notre unité. L’avenir que nous voyons, c’est un Togo debout, digne, libre et respecté.

DW : Enfin, quel message souhaitez-vous adresser aux Togolais restés au pays ainsi qu’à la diaspora qui vous observe dans cette démarche internationale ?

Nous sommes très touchés par les messages de soutien que nous recevons depuis l’annonce de cette mission.

Le M66 a promis de se s’engager et travailler aux côtés du peuple jusqu’à la victoire. Nous allons multiplier des initiatives, mobiliser nos compatriotes au pays et dans la diaspora et tout faire pour que Faure et son gouvernement libèrent le plancher.

Source: DW

One thought on “Yves Edoh Agbodjan, alias Togbevi Kpéssé précise les objectifs de la délégation du M66 à New York (Interview)

  1. Les leaders de l’opposition et les organisations locales de droit de l’homme ont démissionné… C’est du cinéma mais, que ces responsables, cités plus haut, soient satisfaits de ces simagrées!!! Oui, le peuple n’est pas satisfait à souhait mais nous ne méritons pas que nous soyons tous considérés comme des ignorants…

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