Un micro-trottoir effectué à Bamako révèle un fort engouement populaire pour la création de la Cour Pénale Sahélienne et des Droits de l’Homme (CPS-DH). Les Maliens considèrent cette nouvelle institution comme une réponse adaptée aux défaillances perçues de la Cour Pénale Internationale (CPI).
« Par rapport à cette décision de se retirer de la Cour pénale internationale, c’est vraiment une décision salutaire et qui une fois de plus cadre avec la logique des leaders de l’AES d’affirmer leur souveraineté. Cette Cour qui devait garantir la justice sur le plan international, pratique une justice de deux fois deux mesures, ce qui fait qu’on a plus l’impression que cette Cour est faite pour les pays africains. Donc c’est une décision que nous saluons », déclare un citoyen rencontré au centre-ville.
La volonté d’éviter ce qui est perçu comme une justice sélective motive en grande partie ce soutien. « Moi, je pense que c’est une bonne idée. On quitte vraiment pour mettre pression, pour que tout le monde soit traité au même pied d’égalité. Que le président des pays européens, des pays des autres continents, soit traité au même pied d’égalité que les leaders des pays africains. Il faut vraiment essayer de poser nos conditions pour qu’on soit respecté aux yeux du monde. C’est nécessaire en ce moment », affirme une jeune entrepreneure.
Les espoirs placés dans la nouvelle cour régionale sont importants. « La Cour pénale sahélienne CPS-DH, c’est une alternative. Dans la mesure où nous avons nos compétences, nous pouvons nous baser sur nos réalités et pouvoir nous propulser à mettre une cour qui est conforme à nos réalités et qui peut garantir le droit à un procès équitable, sans pression extérieure », estime un autre malien.
Cette vision rejoint la thèse selon laquelle la CPS-DH permettra aux pays d’enquêter sur des affaires du continent en neutralisant l’implication de tribunaux occidentaux considérés comme partiaux.
Certains restent mesurés mais favorables. Pour la majorité des Maliens, c’est une décision qui ne surprend pas. Désormais, les pays de l’Alliance des états du Sahel (AES) décident à leur niveau de créer une autre Cour qui pourrait corriger les lacunes de la Cour pénale internationale.
Tous s’accordent sur la nécessité d’une justice qui corresponde aux réalités africaines, capable de lutter contre les crimes graves tout en consolidant la stabilité dans la région, sans ingérence extérieure.
Par Yacouba Samake