Togo – Des familles à genoux implorent le «pardon» de Faure Gnassingbé pour leurs filles et fils détenus

C’est une voix collective, empreinte de douleur et d’espérance, qui s’élève depuis plusieurs semaines à Lomé. Celle de dizaines de familles togolaises — des mères, des pères, des épouses, des enfants — réunis autour d’une même prière : le pardon.

Dans une série de lettres ouvertes adressées aux plus hautes autorités du pays, notamment au Président du Conseil, Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, ces familles lancent un cri du cœur. Un appel à la clémence pour leurs proches détenus entre juin et octobre 2025.

« Nos fils, nos maris, nos frères — pour certains des pères de famille et des entrepreneurs — sont détenus à la prison civile de Lomé, parfois depuis près de six mois, sans jugement. Ils ont été arrêtés pour avoir exprimé une opinion, une idée, une parole, et non pour des actes de violence ou de criminalité », écrivent-elles.

Dans leur message, les familles ne cherchent ni confrontation ni polémique. « Nous ne venons pas vous combattre, Excellence. Nous venons vous parler avec le cœur d’une mère, la douleur d’une épouse, et les larmes d’un père. »

Elles affirment vouloir garder foi dans le dialogue et la compassion présidentielle, convaincues que « le pardon est aussi un acte de grandeur d’âme ». Leur initiative se veut strictement citoyenne et pacifique. Un rassemblement symbolique est prévu le vendredi 14 novembre 2025 à 8 heures, devant l’Assemblée nationale à Lomé.

« Ce rassemblement n’est pas une manifestation de colère, mais un appel au dialogue et à la compassion », précisent-elles.

« Nous souhaitons, à partir de là, nous rendre pacifiquement à la Présidence pour demander pardon au nom de nos enfants, maris et pères détenus. »

Leur démarche dépasse le simple plaidoyer familial : elle incarne un appel à la réconciliation nationale. Les familles ont saisi plusieurs institutions : la Gendarmerie nationale, le Ministère de la Justice, le Ministère de l’Administration territoriale, mais aussi la société civile, les médias et les sages-femmes du Togo.

Dans une lettre particulièrement émouvante adressée au Comité National des Sages-Femmes, elles évoquent le cas de Madame Grâce Koumayi, sage-femme parmi les 49 détenus, qu’elles décrivent comme « une femme dévouée, victime de traitements inhumains ».

« Cette épreuve dépasse sa seule personne : elle touche à la dignité des femmes togolaises et à l’honneur même de votre noble profession », rappellent-elles.

Les familles appellent les sages-femmes, les leaders religieux et toutes les personnes de bonne volonté à se tenir à leurs côtés, « non dans la revendication, mais dans l’humanité et la solidarité ».

« Nous croyons profondément que la voix des sages-femmes, parce qu’elle porte la vie, peut aussi porter la paix, la compassion et le pardon », soulignent-elles avec espoir.

Dans leur lettre adressée à la Gendarmerie nationale, elles insistent : « Il ne s’agit nullement d’une marche de protestation, mais d’un rassemblement pacifique et moralement symbolique. Nous comptons sur la bienveillance de la Gendarmerie pour assurer la sérénité de cette démarche. »

Enfin, aux médias togolais, elles lancent une invitation claire : « Nous vous invitons à assurer la couverture médiatique de cette rencontre de paix et de prière, afin que la nation toute entière entende le cri de compassion des familles togolaises. »

Dans un pays en quête d’apaisement, ce geste citoyen se veut porteur d’un message universel : celui du pardon, de la paix et de la réconciliation.

« Puissiez-vous, par un geste de compassion et d’unité, redonner espoir à nos familles, alléger nos douleurs, et montrer à toute la jeunesse togolaise que le dialogue et le pardon sont toujours possibles dans notre pays », concluent les signataires.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *