C’est un classement qui fait tache pour un régime qui se veut promoteur de paix et de stabilité. Selon le Rule of Law Index 2025 publié par le World Justice Project (WJP), le Togo figure parmi les pays africains où l’État de droit s’effondre le plus, avec une baisse inquiétante de –2,9 %. Le pays rejoint ainsi le peloton des nations en crise institutionnelle, aux côtés du Soudan, du Niger, du Mali ou encore du Burkina Faso.
Derrière les chiffres, une réalité que vivent au quotidien les Togolais : arrestations arbitraires, justice instrumentalisée, libertés publiques bafouées, et répression des voix dissidentes. Les événements de juin 2025, marqués par une série d’interpellations musclées et de détentions prolongées sans jugement, ont aggravé une situation déjà alarmante.
Ironie du sort : pendant que Lomé accueille des forums internationaux sur la paix et la gouvernance, le pays glisse dangereusement vers le bas des classements mondiaux. Le contraste est frappant : discours apaisants à l’extérieur, muselière à l’intérieur.
L’indice du WJP, qui évalue 143 pays selon huit critères (indépendance de la justice, absence de corruption, respect des droits fondamentaux, contraintes sur le gouvernement…), révèle une érosion persistante de l’État de droit au Togo depuis trois ans. Pendant que des nations comme le Sénégal ou le Maroc progressent, le Togo s’enfonce dans un autoritarisme feutré, où la peur et la résignation remplacent la confiance et la justice.
Les baisses les plus marquées ont été enregistrées au Soudan (–4,4 %), au Mozambique (–3,9 %), au Togo (–2,9 %), en Tunisie (–2,7 %), au Niger (–2,7 %), en Éthiopie (–2,4 %), au Mali (–2,2 %) et au Burkina Faso (–2 %) avec les causes multiples : coups d’État, restrictions des libertés publiques, instrumentalisation de la justice, ou encore effondrement des institutions étatiques.
Pour le Togo, le message de ce classement est clair : le vernis diplomatique ne suffit plus à masquer les fissures d’un État où la loi ne protège plus, mais opprime. Et c’est là toute la tragédie d’un pays qui, au nom de la paix, sacrifie la liberté.


