À la veille de la Semaine mondiale du bon usage des antimicrobiens (WAAW 2025), le Laboratoire de biologie moléculaire et d’immunologie (BIOLIM) de l’Université de Lomé, avec l’appui de l’OMS, de la FAO, de l’OMSA, du PNUE et de la Fondation Afrique Développement International (FADI), a sensibilisé ce mardi les journalistes togolais sur l’un des défis sanitaires les plus critiques du XXIᵉ siècle : la résistance aux antimicrobiens (RAM).
Décrite comme une « pandémie silencieuse », la RAM survient lorsque des micro-organismes — bactéries, virus ou parasites — cessent de répondre aux médicaments destinés à les éliminer, rendant ainsi les antibiotiques, antiviraux et antiparasitaires inefficaces. Ce phénomène entraîne des infections plus graves, des hospitalisations prolongées et une hausse des coûts de traitement. Les estimations internationales sont alarmantes : si rien n’est fait, la RAM pourrait provoquer jusqu’à 10 millions de décès par an d’ici 2050, dont plus de 4 millions en Afrique.
Selon le Professeur Mounerou Salou, point focal RAM, ses causes sont multiples : automédication, surprescription, traitements interrompus, insuffisance d’hygiène, manque de personnel qualifié et usage massif des antibiotiques en élevage — secteur qui absorbe près de 70 % de la consommation mondiale. Cette accumulation de facteurs favorise l’apparition de souches résistantes qui circulent entre humains, animaux et environnement, d’où la nécessité d’une approche « One Health ».
Face à cette menace, le Togo a élaboré un Plan national de lutte contre la RAM et renforcé ses programmes de prévention et de contrôle des infections. Mais les experts rappellent que la lutte nécessite une mobilisation collective. Les médias jouent, à cet égard, un rôle déterminant. « L’antibiotique n’est pas automatique », a insisté le journaliste Roger Amémavo, soulignant la responsabilité des communicateurs dans la diffusion des bonnes pratiques.
La Semaine mondiale du bon usage des antimicrobiens se poursuit au Togo avec une montée en puissance de la mobilisation. Après les journalistes, place ce mardi aux professionnels de santé, organisations agricoles, associations et étudiants, réunis au ministère de la Santé pour panels, ateliers et échanges techniques. En parallèle, des actions communautaires sont en préparation dans les marchés et quartiers, afin d’amener le message au plus près des populations.
Face à cette pandémie silencieuse, le pays s’active pour agir avant qu’il ne soit trop tard.


