Il est attendu depuis six mois pour situer les Togolais sur sa politique générale. Après 20 ans à la tête du pays, il s’est taillé une nouvelle constitution pour devenir Président du Conseil, Chef du Gouvernement depuis le 3 mai 2025.En lieu et place de cette politique générale, Faure Gnassingbé a présenté le mardi 02 décembre à Lomé, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès, un discours sur l’état de la Nation.
Un discours sans relief
Après sept mois d’attente, le Président du Conseil a juste brillé par ses belles phrases
«L’adoption de la cinquième république marque un tournant historique pour notre pays. La République togolaise entre dans une nouvelle ère institutionnelle, celle d’un régime parlementaire moderne, apaisé et équilibré. Ce n’est pas un changement abstrait. C’est une transformation de notre démocratie qui va avoir des conséquences concrètes pour nos concitoyens. C’est un changement dans la manière dont nous concevons l’exercice du pouvoir, plus proche, plus équitable, plus redevable».
Pour le Président de Union pour la République (UNIR) l’action du nouvel exécutif, s’articulera autour de trois priorités majeures : protéger, rassembler, transformer.
«Protéger le Togo et les Togolais en garantissant la sécurité, la stabilité et la résilience de notre Nation; rassembler en consolidant la cohésion nationale, en approfondissant la décentralisation et en veillant à l’équité entre les territoires; transformer enfin, en accélérant le développement économique et social, en modernisant nos services publics et en faisant de l’inclusion et de la justice sociale le cœur vivant de notre contrat républicain», a détaillé Faure Gnassingbé.
Plus loin , il parle de dix chantiers concrets, incluant santé, éducation ou encore emploi, «améliorer concrètement la vie des populations, chaque axe fera l’objet d’un pilotage resserré et d’une redevabilité renforcée», avance-t-il avant d’annoncer que sa gouvernance sera axée «sur la clarté des engagements, la redevabilité et la responsabilité partagée sur fond de lutte continue contre la corruption. Il ne s’agit plus seulement d’annoncer, mais d’exécuter. Je veux que ce mandat soit jugé non sur ses intentions, mais sur ses résultats. Le Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger sera un gouvernement d’action. Notre priorité sera l’efficacité.» Il a aussi appelé à la culture «d’une discipline de gestion, d’une éthique du service public, et d’une capacité à rendre des comptes» avant de conclure «Je l’ai dit : cette nouvelle République est une République d’équilibre, une République d’avenir».
Un état de la Nation fait appel au bilan chiffré et annonce les perspectives.
Rien de tout cela ne figure dans la déclaration de celui qui gère le Togo depuis 2005.
Pendant 20 ans, c’est la même phraséologie dans un pays où rien ne marche. Qui peut croire à Faure Gnassingbé qui parle de redevabilité, discipline de gestion, efficacité, lutte contre la corruption. Pendant 20 ans c’est le gaspillage, le détournement des deniers public, la promotion des criminels économiques…
Au-delà, il ne s’agit pas d’un discours sur l’état de la Nation mais plutôt de la déclaration de politique générale comme le prévoit l’article 54 de la Constitution du 6 mai 2024 qui stipule : « Le Président du Conseil, après délibération du conseil des ministres, peut engager devant l’Assemblée Nationale la responsabilité du gouvernement sur son programme.»
Là, ce programme est soumis à l’approbation du Congrès.
Comment quelqu’un qui vient de prendre fonction peut-il faire l’état de la Nation ?
Au demeurant, il s’agit d’une fuite de responsabilité et c’est la navigation à vue qui continue pour le grand malheur des Togolais
Kokou AGBEMEBIO
Source : Lecorrecteur


