La conférence du 13 décembre, organisée par RAAL Diaspora, a permis aux différents acteurs politiques, ceux de la société civile et de la diaspora, d’aborder un sujet majeur de la vie nationale togolaise : le grand pardon, l’amnistie générale et le grand compromis national, considérés par beaucoup comme des voies essentielles pour une résolution pacifique et définitive des crises politiques au Togo.
Les intervenants ont unanimement reconnu que la réconciliation nationale n’a jamais été véritablement réalisée. Selon eux, les auteurs des troubles politiques n’ont pas eu le courage d’assumer leurs responsabilités afin de mériter un pardon ou une amnistie, d’autant plus qu’aucune loi d’amnistie n’existe à ce jour actuellement pour encadrer un tel processus.
Les causes profondes des violences politiques et les difficultés persistantes liées à l’alternance démocratique, telles qu’expliquées par le Professeur Aboki à l’issue des élections présidentielles de 2020, restent encore présentes dans la mémoire collective. De nombreux Togolais estiment que l’absence d’une vraie réconciliation depuis les années 1994 rend illusoires les tentatives d’alternance politique et de cessation durable des violences.
Pour certains acteurs, l’amnistie générale constitue la clé de voûte de négociations et réformes politiques sincères, accompagnée d’un grand compromis national permettant un nouveau départ. L’objectif ultime reste de mettre fin aux souffrances des populations et d’améliorer rapidement leurs conditions de vie.
Selon le Professeur Gogue,
« On peut engager le Chef de l’État dans un grand compromis politique. Si l’on veut un bon vivre-ensemble, il faut se comprendre et s’accepter mutuellement. »
Abordant la posture du régime en place, il ajoute :
« Lorsque des dirigeants pensent avoir un boulevard devant eux et détenir tous les pouvoirs, ils estiment ne pas avoir besoin d’une amnistie. Encore faut-il reconnaître les torts causés aux populations. »
De son côté, le Professeur Dosseh se montre plus réservé :
« Je m’interroge vraiment sur la capacité d’une loi d’amnistie, à elle seule, à faire décoller le pays. Il faudrait surtout un nouveau système de gouvernance, tant sur les plans économique, politique que social. »
Le Président du CAR, M. Yao Daté, insiste sur la nécessité du dialogue :
« Le grand pardon et l’amnistie générale doivent être discutés autour d’une table. Ceux qui sont au pouvoir doivent comprendre que l’absence de pression aujourd’hui ne signifie pas que les conséquences ne viendront pas demain. Nous avons trop de problèmes pour ne pas nous asseoir et repenser les bases du pays. »
S’adressant également à l’opposition, il rappelle que
« des accords passés ont échoué mais les responsabilités sont partagées ».
Pour Dr Kate, l’ouverture au projet d’amnistie est conditionnelle :
« Tout le monde est favorable à l’amnistie si elle permet réellement d’améliorer la vie des populations. Il faut s’inspirer des expériences rwandaise et sud-africaine. Compte tenu de l’urgence pour ceux qui sont en prison ou sous le coup de poursuites judiciaires, une amnistie partielle pourrait être envisagée à court terme, avant un projet d’envergure à long terme. »
En définitive, un projet d’amnistie pourrait bénéficier aux Togolais poursuivis par la justice, visés par des mandats d’arrêt internationaux ou impliqués dans certains actes commis durant une période déterminée.
Il convient de rappeler que la conférence du 13 décembre, modérée par M. Raph Totou de la diaspora, a également abordé un autre enjeu crucial : la co-gestion du pouvoir pour résoudre la vie chère , qui continue de peser lourdement sur le quotidien des Togolais.


