« L’ignorance des peuples mène à la peur et renforce l’oppression des gouvernants autoritaires et despotiques », Mokhtar Reguieg. A son avènement au pouvoir, à la suite de la parenthèse de sang de 2005, Faure Gnassingbé avait fait croire aux Togolais qu’il est différent de son père.
Il a tenté de se défaire de l’étiquette dynastique en s’affublant des titres ou slogans du genre : « Leader nouveau, esprit nouveau », « Lui, c’est lui, moi c’est moi », etc., histoire de tracer une ligne de démarcation entre le règne de son père et ce qui devrait se faire sous son magistère. Mais le bon démocrate se voit à l’épreuve du pouvoir. Justement, à l’aune du pouvoir, le fils ne fait guère preuve qu’il a de meilleures intentions que son géniteur. Aujourd’hui, les Togolais peinent à reconnaître ce fils qui se targuait d’être un leader nouveau avec un esprit nouveau et dont on avait dit tant de bien. Il est en train d’écrire malheureusement une page sombre de l’histoire du Togo. Le désenchantement, évidemment, est grand.
Nommée à la Primature il y a dix mois, Victoire Tomegah-Dogbé qui avait encore la tête dans les nuages, a tenté d’imiter à son tour son patron en prenant un contre-pied radical de ses prédécesseurs et en annonçant vouloir « gouverner autrement ». Dans la foulée, elle sert une soupe de promesses surréalistes aux Togolais : la construction de 25.000 salles de classes en 2025 et de 20.000 logements sociaux, la création de 500.000 emplois en 2022, la construction de l’Autoroute de l’Unité qui devra relier Lomé à Cinkasse, etc.
Ces promesses quoique chimériques, témoignent qu’en 16 ans de règne du fils et 38 années du père, rien n’a été réalisé dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et de la santé. Les systèmes sanitaire et scolaire sont à l’abandon. Pourtant, en 2005, Faure Gnassingbé avait promis de doubler en cinq ans le budget de la santé et de créer 5000 salles de classe avec des équipements appropriés. Plus de 16 ans après, les élèves continuent d’étudier sous des abris de fortune. Quant aux structures sanitaires, elles sont malades et manquent de tout.
En lieu et place des biens médicaux et éducatifs pour les Togolais, Faure Gnassingbé et Victoire Tomegah-Dogbé préfèrent s’équiper à tour de bras au travers de la loi de programmation militaire pour plus de 700 milliards FCFA pour l’augmentation des effectifs de l’armée et à l’acquisition de matériel militaire. Un plan que le duo poursuit à un rythme soutenu au moment où les populations sont dans une situation de détresse sociale aggravée par les augmentations de taxes de toutes sortes et des prix des denrées alimentaires de base.
Le Togo est aujourd’hui l’un des Etats les plus militarisés d’Afrique. Symbole d’un système verouillé, Faure Gnassingbé dépense des sommes faramineuses pour espionner les Togolais à travers le logiciel espion israélien Pegasus au moment où les indicateurs sociaux économiques sont au rouge. Selon le journal « Le Monde », plus de 300 Togolais, notamment des dignitaires catholiques, des leaders politiques, des journalistes, activistes et militants de la société civile engagés dans la lutte pour la démocratie au Togo ont été objet d’espionnage massif par le régime de Faure Gnassingbé, hostile à l’évolution et au changement. Alors que cette arme numérique développée la société israélienne NSO est vendue aux Etats pour, officiellement, lutter contre le terrorisme et la grande criminalité. De là à conclure que l’opposition est criminalisée dans notre pays, il n’y a qu’un pas.
Comment Madame le Premier ministre compte-t-elle réaliser ses promesses quand son gouvernement détourne les ressources du pays pour l’achat des équipements militaires et des armes numériques sophistiquées pour espionner les populations ? Les Togolais voudraient bien savoir.
Source : Liberté Togo