Les résultats de la session 2021 du Certificat d’études du premier degré (CEPD) et du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) sont connus depuis quelques jours. Contrairement à l’année dernière, le taux de réussite à ces deux examens a regressé. Et la cause pourrait se trouver dans les interdictions tout azimuts des cours décidées par le Ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire.
Les résultats de l’examen du CEPD ont été proclamés le 07 juillet dernier. Le taux de réussite, sur le plan national, est de 81,80 %. Ce pourcentage est inférieur de près de 5 points à celui de l’année 2020 (86,44%). Même constat pour le BEPC dont le taux de réussite est de 65,08% contre 65,76% l’année précédente.
Des élèves « désarmés »…
Début mars 2021, le ministre en charge des Enseignements Primaire et Secondaire Dodzi Kokoroko au travers d’une note circulaire a interdit les cours de répétitions dans les établissements scolaires sur tout le territoire national. Si pour le Ministre, ces cours engendrent une « rupture d’égalité devant les charges pédagogiques », les conséquences de sa décision ne sont pas si heureuses en termes de bilan de réussite à ce jour.
En effet, une chose est d’imposer plus de rigueur et de contrôle dans l’enseignement primaire et secondaire, mais le constat est que les taux de réussite au CEPD et BEPC 2021 ont baissé par rapport à 2020. Pourtant, l’année académique a été plus normale que celle passée où les élèves ont passé plusieurs mois à la maison avant les examens. L’interdiction des cours de répétitions est passée par là. « Tous les élèves n’ont pas les mêmes niveaux de réception, moins encore d’intelligence. Au-delà des mafias opportunes qui s’organisent autour de ces cours, il faut reconnaitre que ce sont tout de même des séances qui permettent à certains élèves de combler leurs lacunes, rejoindre les pelotons de tête et cela permet à beaucoup d’établissements d’agir tant soit peu sur le taux de réussite. Au lieu d’interdire de façon brute ces cours bis, il serait plus utile de les encadrer plutôt », indique un parent d’élèves. La question se pose, d’ailleurs, de savoir combien de parent d’élèves peuvent payer des cours à domicile à leur enfant ?
On en était là quand le ministre, dans sa bonne volonté déclarée, décide également de l’interdiction des cours de vacances. Il est vrai que les vacances sont faites pour se reposer, se ressourcer, s’épanouir par autre chose que les cahiers. Mais le Ministre Kokoroko semble oublier que parlant justement d’épanouissement, le pouvoir dont il est, aujourd’hui, l’un des visages a échoué carrément face au désert d’outils moins encore de cadres qu’il laisse devant des jeunes qui devraient faire autres choses encore formatrices et bâtisseuses du citoyen que le cahier. Quelles sont les portes ouvertes par la lancinante politique de promotion des jeunes claironnée depuis plus d’une décennie ? Les quelques rares cadres dédiés aux enfants sont si chers que le togolais lambda ne peut s’y aventurer surtout dans un contexte où le pouvoir d’achat des populations s’érode continuellement.
Plus vous vous éloignez de Lomé que les localités sont désertes de centre de récréation et de promotion culturelle pendant que les clubs et autres groupes créatifs d’œuvres artistiques sont tous morts dans les villages par l’excellence de la politique de promotion de la pauvreté et de la destruction de tout ce qui peut créer le sourire et la fierté identitaire chez le citoyen entretenue de main de fer par le pouvoir, bientôt bicenal, du prince.
Et les cours de vacances, qu’à cela ne tienne, permettent aux intelligences tortues de se mettre un peu dans le bain de l’année d’examen, de se mettre mieux en scelle avant le sifflet de démarrage populaire. Nul ne peut déclarer qu’ils sont totalement inutiles à tous égards surtout si on y enlève les excès et futilités auxquels s’offrent certains organisateurs de ces cours. Cela dit, l’approche la plus idoine serait plutôt de mieux gérer cette offre que de la supprimer totalement. A défaut, il faut mieux réfléchir sur la question.
En outre, dans les pays voisins où les systèmes éducatifs sont moins chargés de programmes et leçons bourratifs qu’au Togo, une telle décision n’est pas prise.
On peut donc vraiment mieux faire.
Source : Fraternité