« Il y a un fruit qui ne pourrit pas, et c’est l’honnêteté »(Abdoulaye Yaya). Si le nouveau président de la Cour suprême était une femme, on lui enverrait des bisous sucrés. Non pas pour sa beauté physique, mais pour le courage indien dont il a fait preuve en dénonçant les maux qui minent la justice togolaise.
Abdoulaye Yaya vient donner raison à tous ceux qui estiment qu’il faut un nouveau départ pour la justice togolaise. Et ce nouveau départ passe obligatoirement par un vaste mouvement au sein de l’appareil judiciaire.
Que de fois n’avons-nous pas dénoncé les actes de magistrats véreux, indélicats, cupides, adorant les rackets ! Le président de la Cour suprême vient d’enfoncer le clou.
Dans son rapport sur la justice togolaise, le président de la Cour suprême relève les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire dus à la lenteur, aux indélicatesses de certains magistrats, à la non rédaction du factum par les magistrats, l’insécurité judiciaire causée par des magistrats et des auxiliaires de justice. Que des thèmes tous plus vrais et vérifiés les uns que les autres.
Lorsque le président ose et assume, c’est dire que le ver est dans le fruit. « L’effroi, le doute et le discrédit sont les trois éléments qui dépeignent la justice actuellement au Togo. Le juge qui est gourmand et cupide n’a pas sa place dans la magistrature… Les juges font du business et rackettent les citoyens… S’il en est ainsi, le juge participe à l’insécurité judiciaire au Togo », déplore-t-il.
Oui, le juge participe à l’insécurité judiciaire au Togo. Et ce sont les justiciables qui en payent le tribut le plus lourd. Mais ne dit-on pas : « tous les jours pour le voleur, mais un jour pour le propriétaire » ? Il semble venu l’heure du GRAND MENAGE.
Pendant trop longtemps, des juges –de siège et de parquet compris- se sont crus inamovibles. Tant et si bien qu’ils ont fini par nouer des relations incestueuses avec des justiciables de peu de moralité. En bref, l’un des facteurs ayant participé à la floraison de magistrats vicieux demeure leur longévité au poste.
Un projet de réforme a été conçu, mais des juges trouvent des arguments pour remettre en cause ce travail. Avec pour seul objectif de résister à leur affectation. Et pendant ce temps, ils s’asseyent sur des dossiers qui devraient connaître des suites, mais qui, du fait de leur immobilisme au même poste, empêchent toute suite juste.
Heureusement que les vacances sont là. Et que les assises sont terminées. Si le président Abdoulaye Yaya veut aller au bout de cette dynamique, il leur suffit, à lui et au ministre de tutelle, d’enjoindre les magistrats à vider dans un bref délai les dossiers urgents. Puis de rendre publiques les nouvelles affectations, elles seules capables de remettre la justice togolaise dans le bon chemin.
Source : Liberté N°3455