C’est par un communiqué en date du jeudi 16 septembre 2021 que la Banque Mondiale officialise sa décision. Désormais, plus de publication de rapport Doing Business (DB). Une décision qui entérine la mesure provisoire prise le 27 août 2020, suite aux irrégularités constatées dans les données des éditions 2018 et 2020 dudit rapport. Un camouflet pour des gouvernements en manque d’innovations qui faisaient de ce programme de la Banque Mondiale, un trophée de guerre. Pourquoi s’agite t-on tant au Togo, à la suite de la prise définitive de cette mesure, est-on en droit de se demander.
Fini…Tout le monde descend !
«La confiance dans les travaux de recherche du Groupe de la Banque mondiale est d’une importance capitale. Ces travaux guident les actions des décideurs politiques, aident les pays à prendre des décisions mieux éclairées et permettent aux parties prenantes de mesurer les progrès économiques et sociaux avec plus de précision », a indiqué l’institution de Bretton-Woods dans son communiqué. Et d’ajouter : « Après avoir examiné toutes les informations disponibles à ce jour sur le rapport Doing Business, y compris les conclusions d’examens et audits antérieurs et le rapport rendu public aujourd’hui par la Banque au nom du Conseil des Administrateurs, la direction du Groupe de la Banque mondiale a pris la décision de mettre un terme à la publication du rapport Doing Business ».
C’est donc définitif. Il n’y aura plus de publication de rapport Doing Business. Ceci est la résultante de la fureur de l’institution de Breton Wood, à la découverte, depuis un moment, du pot-au- rose. Au cœur des magouilles et manipulations de chiffres, quatre pays, notamment la Chine, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Azerbaïdjan.
Déception mal cachée
Au Togo, cette décision de la Banque Mondiale, même si l’on semble le cacher, a fait de mécontents, tant ce rapport est brandit ces dernières années comme un véritable outil de propagande. « La suppression du rapport n’aura aucun effet sur la dynamique des réformes », a rassuré, il y a quelques jours, dans les colonnes d’un confrère Sandra Johnson, ministre et secrétaire générale de la présidence du Togo.
En effet, dans cet entretien, «Madame Climat des affaires» du pouvoir relève qu’il faut reconnaitre que le programme Doing Business a le mérite d’avoir poussé les pays à mettre en place des dispositifs ayant accéléré des réformes audacieuses. Cependant, précise t-elle, si la suppression du rapport est susceptible d’avoir des effets sur les pays tirant intérêt dudit programme, la réalité est tout autre pour ce qui concerne le Togo.
Pour Sandra Johnson, «notre pays n’envisage pas abandonner sa dynamique. L’amélioration du climat des affaires reste au cœur des ambitions du président de la République, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, en vue de toujours entretenir et affermir les relations de son pays avec ses partenaires financiers internationaux…L’assainissement du climat des affaires au Togo vient, avant tout, de la volonté et du leadership du chef de l’Etat togolais qui s’est toujours donné pour objectif de faire du Togo un endroit sûr pour les investissements, poursuit-elle, mettant en exergue, la «mise en œuvre réussie» des différentes reformes. Il s’agit notamment, énumère la Conseillère -ministre -Secrétaire de la Présidence, de l’éligibilité du Togo au programme Millenium Challenge Corporation (MCC) des Etats-Unis, l’amélioration sensible des indicateurs d’évaluation des politiques par les institutions internationales à l’instar du CPIA (Country Policy and Institutional Assessment) de la Banque Mondiale.
Et pour visiblement se consoler d’une déception qu’ils cachent mal, le membre du gouvernement déclare que «le Doing Business est un baromètre comme le rapport Mo Ibrahim, Transparency international etc…Il ne constitue donc pas une obligation mais plutôt une mesure d’incitation».
Qui se sent morveux se mouche
Qu’est-ce qui fait tant courir «Madame Doing Business», est-on en droit de se demander. Ce, au regard de ce qui s’apparente à des agitations de celle-ci, face au sujet qui semble lui donner du tournis.
En effet, on se rappelle qu’au cours d’une interview accordée, en août 2020, à Togo First, portant sur le même sujet, Sandra Ablamba Johnson tenait à préciser que «le Togo n’est en rien concerné par le sujet». Qu’à cela ne tienne. Mais est-il que le Togo fait incontestablement partie de ces pays qui ont fait de ces résultats, un trophée de guerre. Donc logique que la suspension définitive de ces publications résonne bien mal au Palais du Prince où Doing Business, tout comme d’autres projets et programmes pareils sont utilisés comme une onction internationale.
Qui plus est, il est très curieux que c’est justement au moment où le régime cinquantenaire de Lomé est en plein idylle avec le parti communiste chinois que la crédibilité des résultats du Doing business est remise en cause par la Banque mondiale.
Et comme par hasard les doutes de la banque mondiale s’étendent jusqu’aux résultats 2018, année où justement le Togo a commencé par gravir les marches.
Source : Fraternité / fraternitenews.info